Évaluation des pratiques écologiquement responsables des médecins généralistes

Publié le 23 Nov 2023 à 16:27


Introduction

Le changement climatique pourrait faire perdre l'avancée des 50 dernières années dans le domaine de la santé publique. En effet, la « santé » de la Terre est indissociable de la nôtre et les conséquences du changement climatique sur la santé humaine sont donc nombreuses et préoccupantes. C'est pourquoi, il est nécessaire de prendre conscience de l'impact de chacune de nos actions sur l'environnement et d'intégrer à notre quotidien la notion de développement durable et d'éco-responsabilité.

Le changement climatique est défini comme l'ensemble des changements de climat attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et s'ajoutant à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables.

Le développement durable correspond à un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Ce terme a été employé pour la première fois dans le rapport Brundtland en 1987 au cours de la Commission Mondiale pour l'Environnement et le Développement.

Être éco-responsable est défini dans le dictionnaire Larousse comme le fait de chercher à intégrer des mesures de protection de l'environnement dans ses activités. Dans ce terme, le préfixe « éco- » signifie écologiquement.

L'effet de serre est un phénomène naturel qui nous est indispensable car il provoque une élévation de la température à la surface de la Terre. Certaines activités humaines relarguent dans l'atmosphère des gaz à effet de serre, créant ainsi un effet de serre additionnel, responsable en grande partie du changement climatique actuel. Le dioxyde de carbone (CO2 ) est le gaz principalement impliqué dans l'effet de serre additionnel.

Le changement climatique est à l'origine d'une augmentation du nombre de ces liens :

  • À la chaleur ;
  • À l'alimentation (sous-alimentation et pathologies liées à l'eau et aux aliments) ;
  • À des cancers ; K À des événements climatiques violents ;
  • À des conflits découlant de migrations de masse ou de la diminution des ressources disponibles ;
  • À une augmentation des maladies vectorielles découlant d'une modification de répartition des vecteurs.

La pollution atmosphérique découlant des activités humaines est appelée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) « le tueur silencieux » : chaque année, 3 millions de décès prématurés sont attribuables à la pollution de l'air. De plus, l'appauvrissement de la couche d'ozone stratosphérique est responsable d'une augmentation d'exposition aux rayons ultra-violets responsables d'une majoration des cancers de la peau et des cataractes. Enfin, le changement climatique creuse le fossé des inégalités sociales, en effet, les personnes les plus vulnérables en sont les premières victimes mais l'ensemble de la population mondiale sera impactée.

La protection de l'environnement est donc indissociable de la protection de la santé humaine et la grande majorité des mesures envisagées pour atténuer le changement climatique auront des retombées positives sur la santé humaine.

Au cours de l'année 2013, le secteur de la santé, aux États-Unis a émis, 655 mégatonnes de CO2 , soit plus que l'ensemble des émissions de CO2 du Royaume-Uni la même année. Il n'existe pas de données chiffrées accessibles à propos des émissions de gaz à effet de serre du secteur de la santé en France.

CleanMed a été le premier congrès ayant pour thème le développement durable en santé, il s'est tenu pour la première fois en 2001 aux États-Unis et y est organisé, depuis, chaque année. Ce congrès est aussi organisé annuellement en Europe depuis 2004.

En France, des professionnels de santé se sont regroupés et ont créé en 2006 le Comité pour le Développement Durable en Santé (C2DS). Cette association a pour principale mission la diffusion d'outils et de bonnes pratiques de développement durable auprès des professionnels de santé. Un programme similaire a été créé aux États-Unis en 2017, il s'agit de MyGreenDoctor, qui aide actuellement des professionnels de santé de 58 pays à intégrer le développement durable à leur pratique quotidienne. Le C2DS a notamment participé à la rédaction du « Guide à l'usage des établissements de santé » qui a pour objectif de faciliter l'application de la norme de l'Organisation Internationale de Normalisation (ISO) 26000. La norme ISO 26000 est une norme internationale s'attachant à définir les lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale des organisations vis-à-vis des impacts de leurs décisions et de leurs activités sur la société et sur l'environnement. Il s'agit notamment d'intégrer le développement durable comme ligne directrice au sein des sociétés.

La notion de développement durable est d'ailleurs intégrée au processus de certification des hôpitaux français depuis 2010. Les domaines concernés sont :

Les achats La gestion des énergies La dimension sociale La gestion de l'air
La gestion de l'eau La gestion des déchets
L'hygiène  


Plusieurs hôpitaux ont ainsi édité et diffusé auprès de leurs employés des guides de l'hospitalier éco-responsable reprenant les thèmes abordés dans la certification.

En 2018, Julie Legrand a mené une thèse qualitative sur la prise en compte du développement durable en médecine générale. Il y est apparu que les médecins généralistes étaient conscients des bénéfices à intégrer le développement durable dans leur pratique quotidienne. Mais malgré cet intérêt, un décalage persistait entre la démarche souhaitée et les pratiques mises en place. Le détail des pratiques mises ou non en place n'a pas été étudié. Les principaux freins exprimés par les médecins généralistes étaient un manque de connaissances et des difficultés à trouver les informations nécessaires C'est pourquoi, suite à cette étude, Julie Legrand a créé le site internet « Santé Durable » qui regroupe les pratiques possibles pour allier développement durable et médecine générale. Un autre site internet traitant du même sujet existe, « Doc'durable », fruit du travail de thèse de Adeline Marquet. Le lien entre éco-responsabilité et médecine générale commence à faire partie des sujets abordés dans les revues médicales telles que le Lancet, What's Up Doc, Prescrire, Antidote, Le Généraliste et Jeunes Médecins.

Très peu d'études concernant l'éco-responsabilité en médecine générale ont été retrouvées lors des recherches effectuées dans la littérature médicale, notamment grâce aux moteurs de recherche de Google Scholar, du CisMef et de PubMed. Des petits gestes et des changements de comportement peuvent réduire jusqu'à 45 % l'empreinte carbone d'un français. C'est pourquoi il semble pertinent d'explorer les pratiques éco-responsables que les médecins généralistes mettent en place dans leurs cabinets.

L'objectif principal de cette étude est de décrire les pratiques écologiquement responsables appliquées par les médecins généralistes au sein de leurs structures de travail.

L'objectif secondaire est d'explorer les éventuelles pistes pouvant améliorer l'impact environnemental de la médecine générale.

Résultats

Les caractéristiques socio-démographiques des participant·e·s

Sexe

140 médecins généralistes ont complété entièrement le questionnaire, 58 % (n=81) sont des femmes.

Âge

Sur les 140 médecins généralistes ayant répondu, les âges déclarés s'étalent de 26 ans à 77 ans avec une moyenne d’âge à 47 ans. L'écart-type est de 14 ans [33 ans - 61 ans] et l'âge médian est de 49 ans.

Figure 1 : Effectifs par tranche d'âge

Dans la population des femmes ayant répondu au questionnaire, les âges s'étalent de 26 ans à 67 ans, la moyenne d'âge est de 44 ans avec un écart-type de 13 ans [31 ans - 57 ans] et un âge médian de 38 ans.

Dans la population des hommes ayant répondu au questionnaire, les âges s'étalent de 27 ans à 77 ans, la moyenne d'âge est de 52 ans avec un écart-type de 13 ans [39 ans - 65 ans] et un âge médian de 55 ans.

Figure 2 : Effectifs de femmes et d'hommes par tranche d'âge

Localisation

Les 140 médecins généralistes ayant répondu au questionnaire sont réparti·e·s sur 14 des 18 régions de France. Les régions ultra-marines ont été regroupées sous l'appellation Outre-Mer afin de simplifier l'analyse des résultats. L'Occitanie est la région la plus représentée avec 50 % (n=70) de l'effectif total.


Figure 3 : Effectifs par région

La répartition des participants par département est présentée dans l'Annexe 6.

Enfants

Sur l'ensemble des médecins généralistes ayant répondu au questionnaire, 76 % (n=105) ont des enfants, la moyenne du nombre d'enfants est de 2 avec un écart-type à 1 [1- 3] et une médiane à 2 enfants. Le minimum est de 0 enfant et le maximum est de 5 enfants. Une donnée considérée comme aberrante a été exclue de l'analyse (réponse au nombre d'enfants : 200).

Mode d'exercice

L'exercice à plusieurs médecins généralistes associé·e·s en cabinet de groupe est le mode d'exercice le plus représenté avec 49 % (n=68) des participants au questionnaire.


Figure 4 : Effectifs par mode d'exercice

Pratique de la médecine générale

Dans l'effectif étudié, les pratiques semi-rurale et urbaine sont les pratiques majoritaires avec 44 % (n=62) pour la pratique semi-rurale et 41 % (n=57) pour la pratique urbaine.


Figure 5 : Effectifs par type de pratique de la médecine générale

Participation à la formation universitaire

Au sein de l'effectif étudié, 41 % (n=58) des médecins généralistes sont Maître·esse·s de Stage Universitaire (MSU).

Engagement en faveur de l'environnement

Parmi les participant·e·s au questionnaire, 14 % (n=20) sont engagé·e·s dans un mouvement en faveur de l'environnement.

Le papier

À propos de l'origine des papiers utilisés, 33 % (n=46) des participant·e·s achètent du papier d'impression recyclé, 31 % (n=43) emploient des draps d'examen en papier recyclé et 38 % (n=53) utilisent du papier toilette recyclé.

En ce qui concerne l'utilisation du papier, l'impression recto-verso est effectuée dès que cela est possible par 75 % (n=105) des répondant·e·s, 50 % (n=70) mettent systématiquement les courriers rédigés dans une enveloppe et 89 % (n=124) réutilisent les papiers non confidentiels comme brouillons.

Concernant la dématérialisation dans l'effectif étudié, 71 % (n=99) sont abonné·e·s à une revue médicale, dont 76 % (n=75) en version papier et 24 % (n=24) en version dématérialisée. Enfin, 89 % des participant·e·s (n=124) utilisent la dématérialisation pour les données telles que les résultats de biologie et les courriers de spécialistes de second recours.


Figure 6 : Répartition des effectifs pour la gestion du papier

Le matériel consommable

À propos du matériel médical, 99 % (n=138) des répondant·e·s se servent de spéculums auriculaires, 67 % (n=93) d'entre eux utilisent des spéculums auriculaires à usage unique. Pour les spéculums vaginaux, 93 % (n=130) des participant·e·s en utilisent, dont 71 % (n=93) se servent de spéculums vaginaux à usage unique. Les électrodes pour ÉlectroCardioGramme (ECG) sont utilisées par 57 % (n=80) des participant·e·s à l'étude, parmi lesquel·le·s 56 % (n=45) emploient des électrodes pour ECG réutilisables.

En ce qui concerne la stérilisation du matériel médical, 58 % (n=81) de l'effectif étudié stérilisent leur matériel.

Concernant le matériel non médical utilisé sur leurs lieux de travail, 78 % (n=110) des participant·e·s se servent de matériel d'écriture (stylos, crayon.) jetable et 79 % (n=110) emploient de la vaisselle réutilisable.

Enfin, à propos du séchage des mains, les participant·e·s pouvaient valider plusieurs réponses à cette question, ainsi 41 % (n=58) se sèchent les mains avec du papier non recyclé à usage unique et 37 % (n=52) se servent de torchons.


Figure 7 : Répartition des effectifs pour le matériel consommable

Les déchets

À propos du traitement des déchets sur leurs lieux de travail, 80 % (n=112) des répondant·e·s pratiquent le tri sélectif et 93 % (n=130) ne réalisent pas de compost.

En ce qui concerne les déchets plus spécifiques à l'activité médicale, 76 % (n=106) des participant·e·s encouragent les patients à ramener les médicaments non utilisés à la pharmacie et 58 % (n=80) des participant·e·s s’effectuant des vaccinations mettent un pansement après une vaccination selon le contexte, 39 % (n=54) en mettent systématiquement.

Figure 8 : Répartition des effectifs pour la gestion des déchets

La consommation énergétique

À propos de la régulation de la consommation en énergie durant les absences, 89 % (n=124) des participant·e·s éteignent l'ensemble des appareils électriques avant de partir.

77 % (n=108) des répondant·e·s mettent leur ordinateur en veille lors des pauses et 84 % (n=118) éteignent ou adaptent le chauffage et la climatisation durant la nuit.

En ce qui concerne le matériel utilisé pour l'éclairage, les participant·e·s pouvaient valider plusieurs réponses, ainsi, 51 % (n=72) utilisent des Diodes Électroluminescentes (LED) et 33 % (n=46) se servent d'ampoules basse consommation.

À propos des piles, 44 % (n=61) des répondant·e·s utilisent des piles rechargeables pour les petits appareils.

Enfin, concernant leurs bâtiments de travail, 65 % (n=92) des participant·e·s n'en ont pas étudié l'impact environnemental.

Figure 9 : Répartition des effectifs pour la gestion des énergies

Les transports

À propos des trajets entre les domiciles et les lieux de travail des participant·e·s, les distances rapportées s'étalent entre 0 kilomètre et 250 kilomètres. La moyenne est de 12 kilomètres avec une distance médiane à 4 kilomètres et un écart-type non interprétable à +/- 26 kilomètres.

Cette distance est entre 1 kilomètre et 10 kilomètres pour 56 % (n=78) des participants.

Pour les moyens de transports utilisés, les répondant·e·s pouvaient valider plusieurs réponses, ainsi 70 % (n=98) utilisent leur voiture sans covoiturage et 23 % (n=32) se déplacent à pied.

En ce qui concerne les trajets effectués lors d'une journée type avec des visites à domicile (VAD), 88 % (n=115) des participant·e·s effectuent des VAD, les distances rapportées s'étalent entre 0,5 kilomètre et 80 kilomètres, la moyenne est de 19 kilomètres avec une distance médiane à 10 kilomètres et un écart-type de 19 kilomètres [0 kilomètre -38 kilomètres]. 63 % (n=72) des médecins généralistes faisant des VAD parcourent plus de 50 kilomètres lors d'une journée type comportant des VAD.

Pour les moyens de transport utilisés, les répondant·e·s pouvaient valider plusieurs réponses à cette question, ainsi 93 % (n=107) effectuent des VAD en voiture.


Figure 10 : Répartition des effectifs pour les modes de transport et les distances

L'entretien des locaux

À propos de l'entretien de leurs locaux professionnels, 47 % (n=66) des participant·e·s utilisent des produits éco-labellisés et 33 % (n=46) utilisent des lavettes réutilisables.

Les sources d'information

À propos des sources d'information relatives aux pratiques écologiquement responsables applicables au sein d'un cabinet de médecine générale, 91 % (n=128) des participant·e·s déclarent ne pas en connaître.

Les 12 médecins généralistes qui ont indiqué en connaître ont cité le site internet « Santé durable », le site internet « Doc'durable », le « Comité pour le Développement Durable en Santé », une thèse non précisée et un site internet non précisé.

Concernant l'éco-prescription, 90 % (n=126) des participant·e·s rapportent ne pas connaître ce terme.

Discussion

Forces et faiblesses de l’étude

La méthode utilisée pour cette étude, bien qu'étant la plus adaptée pour répondre à la question énoncée, ne peut fournir qu'un faible niveau de preuve scientifique. Malgré ce faible niveau de preuve, il s'agit de la seule étude en France visant à dresser un état des lieux des pratiques respectueuses de l'environnement mises en place par les médecins généralistes sur leurs lieux de travail. De plus, la quasi-totalité des régions de France est représentée, y compris l'Outre-Mer, ce qui en fait une force.

Le mode de recueil par questionnaire informatisé auto-administré présente de nombreux avantages tels que la facilité d'accès, une diffusion large sur l'ensemble du territoire, une commodité de partage et une simplicité d'utilisation. Le taux de participation au questionnaire a pourtant été moyen. Une distribution du questionnaire via l'union régionale des professionnels de santé en aurait probablement amélioré la diffusion et aurait pu augmenter le nombre de réponses. Un inconvénient du questionnaire auto-administré est le biais d'auto-sélections, qui est inévitable car les participants décident seuls de compléter le questionnaire. Les personnes répondant aux questionnaires sont le plus souvent des personnes se sentant concernées par le sujet, 14 % (n=20) des participants de cette étude sont, par exemple, engagé·e·s dans un mouvement en faveur de l'environnement. De plus, la diffusion du questionnaire s'étant faite par internet, les personnes utilisant ce média régulièrement sont probablement plus représentées dans les répondant·e·s.

Un certain biais peut aussi exister quant aux intentions des médecins généralistes par rapport à la mise en place de certaines pratiques éco-responsables déclarées. Certaines pratiques, telles que la diminution de consommation du papier ou encore la diminution de la consommation énergétique, présentent un intérêt financier, c'est pourquoi elles peuvent parfois avoir été mises en place dans un but économique et non écologique. Enfin, un biais de désirabilité sociale a pu également s'ajouter a notre étude.

Pour finir, il existe un biais d'investigation car l'auteure de cette recherche n'avait jusqu'alors réalisé aucune étude. Ce biais a été atténué par une participation active à différents ateliers traitant de la réalisation d'une étude de ce type.

Résultats généraux

Les caractéristiques socio-démographiques des participant·e·s

Les médecins généralistes ayant répondu au questionnaire sont majoritairement des femmes entre 30 et 44 ans. Or, les médecins généralistes en France sont majoritairement des hommes avec une répartition d'âges bien différente, 47 % des médecins généralistes ont plus de 50 ans et 30 % ont même plus de 60 ans. Ces différences peuvent s'expliquer par les biais de sélection suscité, les personnes ayant répondu au questionnaire sont majoritairement celles se sentant plus concernées par le sujet de l'éco-responsabilité. Il s'avère que les femmes sont en moyenne plus éco-responsables que les hommes, et que les personnes jeunes se sentent généralement plus concernées par l'environnement. De plus, les jeunes médecins généralistes participent plus souvent aux études qui leurs sont proposées. Tout cela pourrait expliquer la différence de répartition de sexes et d'âges entre la population observée et la population cible. Aucune comparaison statistique n'a pu être établie entre ces deux populations faute de données disponibles.

La quasi-totalité des régions de France est représentée dans les répondant·e·s du questionnaire mais l'Occitanie est la région la plus représentée avec 50 % (n=70) de l'effectif total. Il s'agit d'un biais de diffusion probablement attribuable au fait que plusieurs médecins de l'Occitanie étaient connu·e·s personnellement par l'auteure et ont donc été directement contacté·e·s par messagerie électronique, ce qui a pu accroître leur participation.

La grande majorité des participant·e·s au questionnaire sont parents d'au moins un enfant. Dans sa thèse, Julie Legrand fait ressortir que les médecins généralistes intègreraient plus volontiers le développement durable dans leur pratique pour leurs enfants. On peut donc se poser la question de l'existence d'un lien entre la parentalité et la sensibilité à l'éco-responsabilité. Aucune source à ce sujet n'a pu être retrouvée dans la littérature.

La moitié des participant·e·s de l'étude exercent en cabinet à plusieurs médecins, un lien pourrait exister entre le mode de pratique et la mise en œuvre de pratiques éco-responsables. En effet dans sa thèse, Julie Legrand fait ressortir qu'il est plus facile pour les médecins généralistes installées a plusieurs d'intégrer le développement durable à leur pratique.

41 % (n=58) des répondant·e·s sont MSU et cette caractéristique est un critère favorisant la participation aux études en médecine générale. Aucune donnée à propos du pourcentage de MSU parmi les médecins généralistes en France n'a été retrouvée dans la littérature, c'est pourquoi aucune comparaison statistique n'a pu être établie.

Le papier

Le mode de fabrication du papier

Dans notre étude, le papier d'impression, le papier toilette et les draps d'examen sont plus fréquemment d'origine non recyclée.

Choisir des papiers d'origine non recyclée n'est pas une pratique éco-responsable, ceux-ci contribuent à la destruction des forêts qui recouvrent 31 % de la planète et sont indispensables à la vie sur Terre. Pour exemple, les forêts mondiales régressent tous les 6 mois d'une surface équivalente à celle de la Suisse. De plus, le papier recyclé consomme 3 fois moins d'eau et d’énergie à la production que le papier non recyclé. Il est donc plus écologiquement responsable de choisir du papier d'impression, du papier toilette et des draps d'examen d'origine recyclée et présentant au moins un écolabel parmi ceux existant dans le domaine de l'industrie du papier. Les draps d'examen sont faits à partir de ouate de cellulose (pouvant provenir du recyclage du papier) et ne sont donc pas recyclables mais sont compostables, les rouleaux des draps d'examen sont, eux, la plupart du temps en carton et sont donc recyclables.

Les draps d'examen sont indispensables car la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande l'utilisation d'un support non tissé, changé entre chaque patient. Une étude menée en Midi-Pyrénées sur l'hygiène montre, d'ailleurs, que 90 % des médecins généralistes appliquent cette recommandation en changeant le drap d'examen entre chaque patient.

L'utilisation du papier

L'impression recto-verso et la réutilisation des papiers non confidentiels en brouillons sont pratiqués par la majorité des participant·e·s.

En moyenne, un·e· Français·e· produit 120 à 140 kilogrammes de déchets, en un an, sur son lieu de travail, dont 70 à 85 kilogrammes, soit les trois quarts, sont du papier. L'impression recto-verso et la réutilisation des papiers en brouillons sont donc clairement des pratiques éco-responsables.

Pour aller plus loin dans le domaine de l'impression, il existe des polices d'écriture qui sont économes en encre et qui permettent donc de faciliter le recyclage du papier qui est moins encré. Ces polices présentent ainsi un avantage économique et écologique. Ces polices d'écriture sont téléchargeables gratuitement. Cependant, l'utilisation d'une police d'écriture particulière est dépendante, en médecine générale, de sa compatibilité avec le logiciel médical utilisé. Il est aussi nécessaire de porter une attention à l'encre utilisée : les cartouches d'encre et les toners rechargeables présentent un intérêt écologique indéniable, du fait de leur réduction des déchets. Les cartouches d'encres végétales semblent plus éco-responsables au premier abord, que les cartouches d'encres issues d'hydrocarbures, mais les huiles utilisées peuvent provenir de cultures intensives altérant les sols et ayant recours à l'utilisation de produits chimiques. Leur bénéfice environnemental est donc à mesurer. Comme pour le papier, il existe des écolabels s'appliquant aux encres d'impression pouvant orienter les choix d'achat. Pour finir, dans les cas où les toners et les cartouches d'encre sont jetables, il est nécessaire de les recycler de façon adaptée car ils nécessitent une dépollution avant d'être éliminés.

La moitié des participant·e·s de l'étude mettent systématiquement les courriers rédigés dans des enveloppes. Comme nous l'avons vu précédemment, les pratiques majorant la consommation de papier ne sont pas écologiquement responsables, il est donc nécessaire de s'interroger sur la nécessité de l'enveloppe à chaque courrier. Lorsqu'une enveloppe est nécessaire, choisir des enveloppes d'origine recyclée et présentant au moins un écolabel est un acte plus éco-responsable.

La dématérialisation

La dématérialisation est pratiquée par la majorité des répondant·e·s, notamment pour les résultats de biologie et les courriers de spécialistes de second recours.

L'avantage écologique de la dématérialisation n'est pas évident. En effet, le secteur du numérique représente 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre dont 47 % proviennent de l'utilisation des consommateurs, le reste étant généré par les data centers et les infrastructures. Pour exemple, en une heure, 8 à 10 milliards de mails sont échangés dans le Monde et 180 millions de recherches Google sont effectuées. Une donnée telle qu'un mail ou une requête web parcourt 150 000 kilomètres en moyenne. Il est à noter que le développement du numérique n'a pas fait diminuer la consommation de papier, nous pouvons le constater en médecine générale avec certains résultats de laboratoire ou courriers de spécialistes de second recours reçus en version numérique et en version papier. Pour autant, le numérique fait partie intégrante de notre quotidien, il est donc nécessaire d'encourager une dématérialisation réfléchie.

Une utilisation du numérique réfléchie concerne, notamment, l'utilisation des moteurs de recherche. Il est possible de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre en allant directement sur le site concerné plutôt qu'en faisant une recherche, d'où l'intérêt de créer une liste de favoris personnalisée, garnie et organisée des sites utilisés fréquemment. En médecine générale, cela peut s'appliquer, par exemple, aux sites d'aide au diagnostic, d'aide à la prescription ou encore au site Ameli Pro. Lorsque des recherches sont tout de même nécessaires, il existe des moteurs de recherche reversant leurs bénéfices à des actions en faveur du développement durable, mais leurs référencements dans le domaine médical semblent moins fournis que les moteurs de recherche habituels.

Concernant les navigateurs web, certains sont plus énergivores que d'autres, Google Chrome étant plus énergivore qu'Internet Explorer ou Mozilla Firefox, par exemple.

Les médecins généralistes reçoivent de nombreux mails, il est donc important d'y porter une attention particulière. Les trier régulièrement (y compris les spams) et éliminer ceux inutiles permet de diminuer le stockage et donc l'impact environnemental des messageries électroniques. L'impact écologique de l'envoi d'un mail dépend du nombre de destinataires et de la taille des pièces jointes, il est donc judicieux de limiter le nombre de destinataires au strict nécessaire, notamment en évitant de « répondre à tous » lorsque cela n'est pas utile, et de n'envoyer que les pièces jointes essentielles. De plus, se désabonner des newsletters qu'on ne lit pas permet de diminuer les échanges de données inutiles et énergivores.

Pour ce qui est du stockage des données, il est écologiquement utile de vider régulièrement le cache, l'historique, les cookies et le dossier téléchargement de son navigateur et de trier périodiquement ses dossiers (corbeille, images, vidéos,…) que ce soit sur son ordinateur ou sur le cloud. À noter que le stockage sur un système physique extérieur tel qu'un disque dur est plus éco-responsable que le stockage sur le cloud, en raison des aller-retours de données entre l'utilisateur·trice· et les serveurs qui sont très énergivores. Les médecins généralistes accumulent une grande quantité de données sur leurs postes de travail, il est donc intéressant de trier régulièrement l'ensemble afin de le rendre plus accessible et plus respectueux de l'environnement.

Le matériel informatique est central en médecine générale, son utilisation est quotidienne

et indispensable, il est donc nécessaire d'y porter une attention particulière et de penser sobriété et longévité. En effet, la phase de fabrication est plus énergivore que la phase d'utilisation : la fabrication d'un ordinateur nécessite 240 kilogrammes de combustibles fossiles, 22 kilogrammes de produits chimiques et une tonne et demie d'eau. Pour orienter ses choix, il peut être intéressant de se référer aux différents labels environnementaux existant dans le domaine de l'informatique. Il est aussi possible de faire réparer ses appareils ou d'acheter des appareils reconditionnés. Le recyclage des appareils électroniques non utilisés ou en panne est indispensable, car jusqu'a 80 % de leurs composants se recyclent, dont des matériaux rares pour lesquels l'extraction, souvent réalisée dans des conditions humaines déplorables, est nocive pour l'environnement. Il peut aussi être utile de se poser la question de l'utilisation voulue et de choisir du matériel adapté. Pour exemple, l'utilisation d'une tablette consomme 50 à 80 % moins d’énergie que l'utilisation d'un ordinateur fixe. Effectuer une recherche d'une minute sur internet consomme 100 Watts sur un ordinateur fixe, 20 Watts sur un ordinateur portable, quelques Watts sur une tablette et encore moins sur un téléphone portable. Concernant les autres appareils électroniques nécessaires à un cabinet de médecine générale, un appareil faisant office de scanner, de fax et d'imprimante consomme moins que trois appareils séparés.

L'utilisation d'internet en médecine générale est permanente, il vaut mieux privilégier une connexion filaire qui est moins énergivore qu'une connexion wifi.

L'effectif observé est en majorité abonné à des revues médicales et le plus grand nombre l'est en version papier. Comme vu précédemment, la dématérialisation peut être plus éco-responsable si elle est menée de manière réfléchie.

Le matériel consommable

Le matériel médical

La majorité des participant·e·s utilisent des spéculums vaginaux et auriculaires à usage unique. Quant aux électrodes pour ECG, quand elles sont utilisées, elles sont majoritairement réutilisables.

Les spéculums vaginaux sont considérés comme semi-critiques et nécessitent donc une désinfection de niveau moyen avec de l'acide peracétique ou une stérilisation par vapeur d'eau saturée, lorsque le dispositif le supporte. Le bénéfice écologique des spéculums vaginaux réutilisables n'est pas évident, en effet la stérilisation demande beaucoup d'eau et d’énergie et nécessite une organisation et un coût non négligeables. Dans notre étude, plus de la moitié des participant·e·s stérilisent leur matériel et un peu plus de la moitié d'entre eux le fait avec du matériel partagé, ce qui permet de mutualiser l'organisation et les coûts. La HAS recommande de privilégier l'usage unique pour les spéculums vaginaux. De plus, il est nécessaire de prendre en compte le confort des patientes qui paraît amélioré par les spéculums en plastique, qui provoquent moins d'inconfort thermique que les spéculums métalliques, ainsi que le bénéfice apporté par les parois transparentes qui permettent une visualisation de l'ensemble de la paroi vaginale. L'éco-responsabilité dans l'utilisation des speculums vaginaux n'est donc pas évidente.

Concernant les spéculums auriculaires, une étude menée en 2004 par la HAS montrait que 80 % des médecins généralistes interrogé·e·s réutilisaient les spéculums auriculaires à usage unique après désinfection. Selon la HAS, il existe dans ces situations des risques de contamination croisée par Staphylococcus aureus, par Aspergillus species plurimae et, possiblement, par prions. De plus, une altération non quantifiable du matériel composant les spéculums auriculaires, associée à un potentiel risque pour les patient·e·s, pourrait se produire lorsqu'ils sont exposés à des produits de désinfection pour lesquels ils ne sont pas conçus. Une étude menée en 1995 retrouvait une contamination bactérienne de 84 % des spéculums auriculaires après examen d'un Conduit Auditif Externe (CAE) sain et de 100 % lorsque le CAE était pathologique. Après les diverses méthodes de désinfection appliquées par les médecins généralistes qui réutilisaient les spéculums auriculaires à usage unique, 35,6 % des spéculums auriculaires restaient contaminés. La HAS recommande de privilégier l'usage unique pour les spéculums auriculaires, mais il est a noter qu'il existe des spéculums auriculaires réutilisables et donc spécifiquement conçus à cet effet ou encore des spéculums auriculaires recyclables. Il n'existe pas de recommandations de la HAS quant à la désinfection des spéculums auriculaires réutilisables.

Il n'existe pas de recommandations de la HAS à propos de l'utilisation des électrodes pour ECG, il en existe des jetables et des réutilisables.

Pour aller plus loin à propos du matériel consommable en médecine générale, la HAS recommande l'usage unique pour les embouts de peak-flow et les abaisse-langues. Néanmoins, il en existe des réutilisables après désinfection adaptée. Les abaisse-langues en bois ne sont pas recyclables, ils peuvent cependant être utilisés dans les cheminées ou poêles à bois comme petit bois. Pour finir, il existe des thermomètres frontaux sans embout et donc sans déchet, mais la prise de température frontale n'est pas la méthode la plus fiable. La mesure auriculaire est plus fiable mais nécessite des embouts jetables, il en existe des recyclables.

Le matériel non médical

Une grande majorité des participant·e·s utilisent du matériel d'écriture jetable, or il existe des méthodes d'écriture plus respectueuses de l'environnement. En effet, les crayons et stylos rechargeables permettent de diminuer les déchets et peuvent même être fabriqués à partir de matières recyclées. Des stylos compostables existent aussi ou encore des surligneurs rechargeables sans plastique. Un label environnemental spécifique existe pour aider lors des achats de fournitures de bureau.

La vaisselle utilisée par les répondant·e·s sur leurs lieux de travail est majoritairement réutilisable, ce qui est la solution la plus éco-responsable. En médecine générale, il semble courant que la consommation de café soit quotidienne, il est donc judicieux de porter attention à la méthode utilisée pour faire du café, notamment en utilisant une cafetière moyenne ou grande capacité ou des dosettes réutilisables. De même, il est plus écologiquement responsable d'utiliser du sucre conditionné en grande quantité plutôt qu'en dosettes .

Pour aller plus loin dans le domaine de l'alimentation, dans le cadre d'un exercice à plusieurs professionnels, il est possible d'organiser des dépôts de produits locaux sur les lieux de travail, notamment de paniers de fruits et légumes. Consommer de saison et local c'est aussi être plus respectueux de l'environnement. De la même façon, passer à un régime végétarien est un changement de comportement ayant un fort impact positif sur l'environnement, cela peut permettre jusqu’à 10 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'un individu. Pour finir, afin de diminuer la consommation d'essuietout, il est possible que chaque personne du cabinet amène une serviette en tissu pour ses repas. Si l'essuie-tout est tout de même nécessaire, il est préférable de choisir un essuie-tout d'origine recyclée ayant au moins un écolabel parmi ceux existant dans le domaine du papier.

Le lavage des mains est une étape indispensable en médecine générale : il s'agit, en effet, du premier facteur associé aux infections liées aux soins et l'OMS en a fait un de ses principaux axes de lutte depuis 2005. Le lavage des mains a clairement démontré son efficacité dans la prévention de la transmission de la gastro-entérite aiguë aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés. Cette efficacité est aussi valable pour la transmission de tous les virus, y compris celui impliqué dans la Covid-19 (Corona virus disease). La HAS recommande un lavage des mains au moins à l'arrivée et au départ du cabinet, après chaque patient présentant un risque infectieux, en cas de souillure des mains et avant et après le port de gants. Concernant l'essuyage, la HAS préconise l'usage d'un essuiemain à usage unique en papier non tissé. L'utilisation d'un tissu réutilisé de type torchon avec label environnemental textile n'est donc pas une solution envisageable en médecine générale, bien qu'elle soit la plus éco-responsable. De plus, l'Institut Pasteur de Lille rappelle que l'action mécanique du séchage des mains participe à l'hygiène des mains, ce qui rend les séchoirs à air non adaptés au séchage des mains en médecine. Dans notre étude, il ressort que le séchage des mains s'effectue le plus souvent avec du papier non recyclé à usage unique, on retrouve ensuite l'utilisation de papier recyclé à usage unique. Cette solution apparaît comme celle répondant à la fois aux exigences d'hygiène et aux exigences environnementales. Les essuie-mains à usage unique sont faits de ouate de cellulose (comme les draps d'examen) et ne sont donc pas recyclables mais compostables.

Le savon est un autre aspect du lavage des mains à prendre en compte. Pour les soins premiers, la HAS recommande l'utilisation d'un savon doux liquide, les distributeurs de savon rechargeables ne sont pas recommandés en raison d'un risque de contamination lors du remplissage. De même, les savons solides sont à proscrire en raison d'un risque évident de contamination. Enfin, un·e· Français·e· utilise en moyenne 10 à 30 litres d'eau par jour au bureau, cette consommation est sûrement supérieure pour un médecin généraliste, au vu du nombre de lavages de mains nécessaires. Installer des mousseurs à tous les robinets pour diminuer le débit d'eau et des commandes aux genoux permettant de couper l'eau durant le lavage des mains permettrait d'être plus éco-responsable en effectuant des économies d'eau.

Les déchets

Le tri sélectif

L'étude rapporte que le tri sélectif, qui est une mesure phare de l'éco-responsabilité, est pratiqué par une majorité des médecins généralistes.

Le tri sélectif est essentiel, y compris sur les lieux de travail car, comme expliqué précédemment, un·e· Français·e· produit en moyenne 120 à 140 kilogrammes de déchets par an sur son lieu de travail dont les trois quarts sont du papier. Le recyclage du papier évite l'émission de 3 900 000 tonnes de CO2 par an soit l'équivalent des émissions d'un an de 200 000 voitures. La production de papier recyclé demande 3 fois moins d'eau et d’énergie que celle du papier non recyclé. Le recyclage du papier permet donc une préservation des forêts, une économie d'eau et une diminution des émissions de gaz à effet de serre. De plus, le recyclage est souvent mené à une échelle plus locale que la production de papier, cette pratique est donc aussi bénéfique pour l'emploi local. La très grande majorité des papiers se recyclent (sauf les mouchoirs, l'essuie-tout, le papier photo, le papier peint, les essuie-mains et les draps d'examen) et cela jusqu'à 7 fois. Il n'est pas nécessaire de retirer les agrafes et les spirales des papiers à recycler, il faut cependant retirer les films plastiques car les procédés de recyclage n'en sont pas capables. Le papier recyclé peut servir à refaire du papier ou encore à fabriquer des boites à refus, des serviettes en papier, des draps d'examen ou de l'isolation. En moyenne, à l'échelle planétaire, seul un papier sur deux est recyclé. En France, seulement 20 % du papier est recyclé au travail contre 41 % au domicile. En effet, il apparaît, dans la thèse de Julie Legrand, que le développement durable est plus facile à intégrer dans sa vie personnelle que sur son lieu de travail. Installer une poubelle à 2 compartiments à la place de la poubelle habituelle peut être une façon simple de faciliter le recyclage du papier au travail.

Les papiers confidentiels se recyclent aussi, mais ils doivent au préalable être broyés. Le recyclage du papier broyé est variable selon les communes, il faut donc se renseigner au niveau local.

Le carton se recycle, lui, jusqu'à 10 fois, il faut donc y penser pour les rouleaux de draps d'examen et les boites de vaccins. À propos des vaccins, en janvier 2017, le laboratoire Sanofi-Pasteur a été récompensé pour le développement d'un emballage de vaccin mono-matériau avec calage 100 % carton. Cet emballage sans blister plastique a permis de diminuer de 50 % le volume de l'emballage et l'empreinte carbone du produit.

Le compost

L'étude montre que le compost est rarement pratiqué par les médecins généralistes, ce qui ne permet pas une optimisation des déchets. Ceci peut s'expliquer par un manque de praticité et de connaissances. Le compost peut se révéler utile dans les cabinets de médecine générale, notamment car certains draps d'examen et essuie-mains sont compostables. Ces matériaux entraînant de grands volumes de compost, il peut être intéressant de s'organiser avec les communes pour en élaborer le compostage. Tous les déchets organiques sont compostables à différents degrés, cela permet de limiter la quantité d'ordures ménagères. Si cela est impossible sur le lieu de travail, il est possible de ramener les déchets organiques, dont les draps d'examen et les essuie-mains, au domicile ou de les déposer dans des points de collecte de déchets compostables présents dans de nombreuses communes.

Les médicaments

Une majorité des participant·e·s encouragent les patient·e·s à ramener les médicaments non utilisés à la pharmacie, ce qui est une pratique éco-responsable. En effet, cela permet de limiter l'automédication et ses conséquences et de donner lieu à une destruction adaptée des médicaments rapportés. Un·e· Français·e· gaspille, en moyenne, 1,5 kilogramme de médicaments par an, c'est environ 1 médicament sur 2. Ces médicaments non consommés sont souvent éliminés de façon inadaptée et une mauvaise élimination des médicaments entraîne un impact écologique au niveau des eaux et des sols et accroît l'antibiorésistance. Une expérience a été menée en 2017 par l'institut national de la santé et de la recherche médicale sur la vente de médicaments à l'unité et notamment d'antibiotiques. Cette étude révèle une bonne acceptation des patients avec une augmentation de l'observance et une diminution de l'automédication. Cette hypothèse semble plus écologiquement responsable que la délivrance en nombre d'unités fixe car elle limite les déchets et notamment les médicaments non utilisés et potentiellement éliminés de façon inadéquate. Limiter l'automédication et sensibiliser au bon usage des antibiotiques est d'ailleurs un des enjeux majeurs de l'OMS. Une réflexion est aussi à mener au moment de la prescription, en ne prescrivant que les médicaments (et les examens complémentaires) nécessaires.

En Suède, un indice prenant en compte l'impact environnemental d'un médicament de sa fabrication à son élimination dans l'environnement a été créé, l'indice PBT (Persistance - Bio-accumulation - Toxicité). Il permet de classer les molécules en fonction de leur impact environnemental. La prise en compte de cet indice lors de la prescription d'un médicament s'appelle l'écoprescription. Cet indice n'est pour le moment pas valide en France, mais une expérience menée dans les Vosges entre 2016 et 2019 confirme l'utilité d'établir une base de données claire et pratique sur l'écotoxicité des médicaments .

Une grande partie des participant·e·s de l'étude ont déjà des pratiques éco-responsables à propos des médicaments non utilisés, les pistes pour l'avenir pourraient être l'éco-prescription et la délivrance des médicaments à l'unité.

Les pansements

Dans l'étude, les pansements sont majoritairement appliqués après une vaccination selon le contexte, ce qui paraît être une pratique écoresponsable. Il n'existe pas de recommandations de la HAS à ce sujet mais le bon sens voudrait que l'on applique un pansement seulement s'il existe un écoulement après la vaccination.

Résumé des déchets dans un cabinet de médecine générale

Les déchets ménagers ou assimilés doivent être jetés aux ordures ménagères, les déchets organiques dont les draps d'examen et les essuiemains sont à composter, les déchets en verre (exceptés les flacons ayant contenus un médicament) sont à recycler dans les containers spécifiques, les déchets en carton et en papier (même confidentiels, s'ils sont broyés) sont aussi à recycler dans les containers spécifiques, les toners,

cartouches d'encre, piles et ampoules sont à déposer dans les points de collecte adaptés. Finalement, les objets coupants, piquants, ayant été en contact avec un médicament ou avec un produit biologique (les fèces, la salive et les urines ne sont pas considérés comme des produits biologiques hormis risque infectieux particulier) ou pouvant avoir un impact psycho-émotionnel sont considérés Déchets d'Activité de Soins a Risque Infectieux (DASRI) et sont donc à mettre dans les containers dédiés. Il est important de respecter la filière d'élimination des DASRI car 1 tonne de DASRI coûte 3 à 5 fois plus cher à traiter qu'une tonne de déchets ménagers et une mauvaise gestion des DASRI entraîne un risque pour l'environnement et pour le personnel chargé de leur traitement.

La consommation énergétique

Une majorité des participant·e·s· éteignent leurs appareils électriques en partant, adaptent le chauffage et la climatisation durant la nuit et mettent en veille leur ordinateur durant les pauses. Ces pratiques éco-responsables sont indispensables car un·e· Français·e· passe en moyenne 200 jours par an sur son lieu de travail où 50 % de la consommation électrique est due au chauffage et 21% aux appareils électriques, dont deux tiers en période d'inactivité. Il est à noter, qu'en France, les énergies renouvelables représentent seulement 16,5 % de la consommation intérieure avec un objectif de 32 % en 2030. Le bois énergie et l'hydraulique représentent plus de 60 % des énergies renouvelables suivis par l'éolien et le solaire qui sont en plein essor.

Les appareils électriques

Mettre son ordinateur en veille de son absence et l'éteindre dès que l'absence est de plus d'une heure, pendant les visites ou le déjeuner par exemple, permet d'économiser jusqu'à 11 % d'électricité. Pour cela, il faut que la veille soit à écran noir, car les économiseurs d'écran animés ou 3D peuvent consommer plus que l'ordinateur allumé. Pour éviter les oublis, il est possible d'installer un système coupe-veille qui éteindra l'ordinateur des une heure de veille. La luminosité de l'écran est également un facteur important de la consommation électrique, c'est pourquoi trouver un compromis entre confort de travail et économie d’énergie est judicieux. Il est même possible d'adapter la luminosité de l'écran en fonction de celle de la pièce au cours de la journée. La consommation électrique d'un ordinateur dépend aussi du nombre d'onglets et d'applications ouvertes, ainsi, fermer les onglets et les applications dont on ne se sert plus permet d'économiser de l’énergie.


Enfin, pour être économe en énergies et éco-responsable, il est nécessaire d'éteindre l'ensemble des appareils électriques, dont la box Internet, les imprimantes et les photocopieurs, lors des moments de non-utilisation (nuits et week-ends par exemple), voire de les débrancher car ils consomment même arrêtés.

Le chauffage et la climatisation

À propos du chauffage, des gestes simples permettent d'en optimiser la consommation énergétique. On peut ainsi fermer les volets la nuit, fermer les espaces non chauffés, éteindre le chauffage lors de l'aération quotidienne nécessaire en médecine générale, adapter l'emplacement du bureau pour qu'il ne soit pas trop proche d'un mur extérieur ou d'une fenêtre ou encore adapter la température du chauffage durant la nuit et les week-ends.

De la même façon, pour la climatisation, mettre des protections solaires aux fenêtres et arrêter la climatisation durant la nuit et les weekends, permet d'en réduire la consommation énergétique. Enfin, il faut noter qu'un ventilateur est beaucoup moins énergivore, à l'utilisation comme à la fabrication, qu'une climatisation, lorsque cela est possible, il vaut donc mieux privilégier le ventilateur à la climatisation.

L'éclairage

Les moyens d'éclairage majoritairement rapportés dans l'étude sont les LED et les ampoules basse consommation. Ces 2 pratiques sont éco-responsables, car peu énergivores et optimiser l'éclairage de son bureau permet de faire jusqu'à 70 % de dépenses en moins. L'éclairage en France représente actuellement 10 % de la consommation énergétique totale. L'optimisation de l'éclairage passe par le fait d'éteindre l'ensemble des lumières dès son absence ou dès que la luminosité extérieure est suffisante. Il est également bénéfique pour la consommation énergétique d'installer des détecteurs de mouvement et/ou des programmateurs d'extinction pour les nuits et les week-ends en cas d'oubli.

Un des aspects essentiels de l'optimisation de l'éclairage est le choix des sources lumineuses. Les éclairages LED sont plus éco-responsables car ils consomment moins d’énergie et leur durée de vie est plus longue, 50 fois plus que celle des lampes à incandescence et 3 à 5 fois plus que celle des lampes fluorescentes compactes. Il est à noter que les LED connectées perdent leur avantage environnemental car elles consomment aussi à l'arrêt. Cependant, les LED ne sont pas dépourvues d'effets sur les humains, en effet, en décembre 2007 il est signalé à l'institut de veille sanitaire un possible risque d'aggravation de la dégénérescence maculaire liée à l'âge dû à l'utilisation de LED.

D'autres risques ont ensuite été relevés, tel qu'un stress oxydatif majore au niveau de la rétine lié à la lumière bleue ; ce risque est surtout présent chez les personnes sensibles telles que les enfants, les personnes aphakes ou pseudosphères, les personnes prenant des substances photo sensibilisantes ou encore les populations très exposées (installateurs, métiers du spectacle. Des risques de perturbation du rythme circadien et d'éblouissement existent aussi, surtout lors d'une utilisation en intérieur. L'éclairage par LED peut en effet avoir une intensité jusqu'a 1000 fois plus élevée que les éclairages classiques. Pour finir, il y aurait également des risques liés à un effet stroboscopique imperceptible visuellement. C'est pourquoi, des recommandations ont été émises en 2015 par l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail ; les LED doivent être utilisées en éclairage indirect blanc chaud à faible intensité et il faut éviter les systèmes d'éclairage ou une vision directe du faisceau émis est possible.

Les éclairages LED apparaissent comme une solution éco-responsable pouvant convenir a un cabinet de médecine générale si l'utilisation est faite dans des conditions adaptées. Si ces conditions ne peuvent être réunies, les ampoules basse consommation sont une bonne alternative. Enfin, il est nécessaire de déposer les ampoules dans des points de collecte adaptés, car elles sont recyclables en quasi-totalité, que ce soit des LED, des ampoules à incandescence ou des tubes fluorescents.

Les piles

Notre étude montre que les piles rechargeables sont minoritairement utilisées pour les petits appareils électriques. Cette pratique n'est pas la plus respectueuse de l'environnement, en effet, pour une production d’énergie équivalente, les piles rechargeables peuvent avoir jusqu'à 32 fois moins d'impact sur l'environnement. Elles permettent aussi de réduire les déchets produits car moins d'emballages sont nécessaires et moins de piles usagées sont à recycler. Si l'ensemble des piles jetables en Europe étaient remplacées par des piles rechargeables, cela éviterait la production de 99 000 tonnes de déchets. Cependant, il faut rappeler que les piles, rechargeables ou jetables, restent hautement toxiques pour l'environnement car elles contiennent des métaux lourds et cette toxicité est d'autant plus importante que le taux de collecte adaptée pour les piles est faible et qu'une quantité non négligeable de piles finit dans les ordures ménagères ou dans l'environnement. Il est donc indispensable de veiller à l'utilisation la moins importante possible des piles et à leur recyclage optimal, y compris dans un cabinet de médecine générale. Les petits appareils électriques rechargeables par branchement peuvent être une alternative, pour l'otoscope ou l'oxymètre de pouls, par exemple.

Les bâtiments

À propos des bâtiments de travail, moins d'un tiers des repondant·e·s en a étudié l'impact environnemental, parmi celles et ceux ne l'ayant pas fait, un tiers en sont propriétaires. Pourtant, investir dans la rénovation des bâtiments peut faire baisser de 2 tonnes par an les émissions de CO2 , notamment en optimisant l'isolation et en installant une chaudière à énergie bascarbone. Pour favoriser ces rénovations, l'État a mis en place des aides financières. Pour aller plus loin, il est possible de choisir un fournisseur d’énergie utilisant des sources renouvelables ou encore d'opter pour des bâtiments passifs.

Les transports

La distance moyenne quotidienne parcourue par les participant·e·s pour se rendre sur leur lieu de travail est de 12 kilomètres et une grande majorité s'y rend en voiture sans covoiturage (70 %), le second mode de transport le plus représenté est la marche suivi du vélo. Ces données sont cohérentes avec celles retrouvées dans la littérature, en effet, la distance moyenne parcourue en France métropolitaine pour se rendre au travail est de 11 kilomètres et trois quarts des Français·e· font ce trajet en voiture sans covoiturage. Les trajets domicile-travail et les déplacements professionnels représentent la plus importante part des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités professionnelles : 12 millions de tonnes par an en France. Ces déplacements représentent 30 % du trafic routier total et coûtent en moyenne deux mille euros par an à chaque travailleur·euse·. Il est à noter que les trajets en milieu urbain de moins de cinq kilomètres sont aussi rapides à effectuer à vélo qu'en voiture mais l'usager·ère· est deux à trois fois moins exposé·e· aux polluants de l'air à vélo. Favoriser les déplacements à vélo, lorsque cela est possible, est aussi un moyen d'intégrer à son quotidien l'activité physique régulière recommandée par l'OMS. Le covoiturage est un autre moyen de diminuer l'impact environnemental de ses déplacements, notamment pour les déplacements réguliers domicile-travail.

Une grande majorité des répondant·e·s effectuent des VAD. Pour les moyens de transport utilisés lors des VAD, le même ordre que pour les déplacements du domicile au lieu de travail est retrouvé, avec majoritairement la voiture, puis la marche, et enfin le vélo. La distance moyenne parcourue lors d'une journée avec des VAD est majoritairement de plus de 50 kilomètres. C'est pourquoi, la réflexion sur le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail en médecine générale doit prendre en compte le moyen de transport utilisé pour les VAD. Il peut être judicieux de regrouper les VAD par zone géographique et d'effectuer celles situées à moins de cinq kilomètres du lieu de travail à vélo et celles à moins d'un kilomètre à pied. Dans les zones où cela est possible, l'utilisation des transports en commun est un mode de transport plus éco-responsable que la voiture. Il est aussi possible de regrouper les VAD sur certains jours de la semaine et d'emprunter sa voiture pour se rendre au travail seulement ces jours-là. Dans notre étude, plus de la moitié des participants habitent à moins de 10 kilomètres de leur lieu de travail, une distance pouvant être parcourue autrement qu'en voiture. Enfin, pour aller plus loin, dans le cadre d'une structure regroupant plusieurs médecins, l'autopartage d'une voiture respectueuse de l'environnement dédiée aux VAD peut être envisagé. Cette pratique nécessite une organisation conséquente et une motivation importante et partagée par l'ensemble des praticiens.

Lorsque la voiture est nécessaire, une réflexion peut être menée sur les caractéristiques de celle-ci (électrique, hybride,...) et sur la façon de conduire, en adoptant notamment l’éco-conduite. Cette pratique consiste à adapter son comportement au volant afin de diminuer sa consommation de carburant, ce qui est économe et respectueux de l'environnement .

L'entretien des locaux

La majorité des participant·e·s n'utilisent ni produits éco-labellisés ni lavettes, or les lavettes réutilisables sont en accord avec les recommandations de la HAS en matière d'entretien des locaux. Leur lavage doit s'effectuer a une température d'au moins 60° avec une javellisation lors du dernier rinçage, il en est de même pour les semelles de serpillère réutilisables employées pour l'entretien des sols. Les lavettes et les semelles réutilisables permettent de limiter les déchets et sont donc plus éco-responsables que les matériaux jetables. Concernant les produits de nettoyage, la HAS recommande l'utilisation d'un produit détergent simple polyvalent pour l'entretien des sols, l'utilisation d'un produit détergent-désinfectant pour l'entretien des surfaces et l'utilisation d'un produit spécifique simple pour l'entretien des vitres. Il en existe des éco-labellisés, il est donc plus éco-responsable de choisir des produits présentant au moins un écolabel du domaine de l'entretien.

Les sources d'information

Une grande majorité des répondant·e·s ne connaissent pas de source d'information dans le domaine de l'éco-responsabilité en médecine générale. « Santé Durable » et « Doc'Durable » sont les sources les plus souvent citées par les participant·e·s ayant connaissance de sources d'information dans ce domaine. En effet, les sites internet « Santé Durable » et « Doc'Durable » ont été réalisés par des médecins généralistes pour les médecins généralistes et présentent de nombreuses informations utiles pour être plus écoresponsable au quotidien en médecine générale. Cependant, comme le montre notre étude, ces sites internet restent méconnus. Il en est de même pour le C2DS qui existe depuis 14 ans et n'a, malgré cela, été cité que par 2 participant·e·s de notre étude. Une thèse portant sur le développement durable en cabinet de médecine générale a été menée en 2007, ce qui montre que cette préoccupation n'est pas nouvelle, elle n'est pourtant pas intégrée de façon diffuse dans la gestion des cabinets de médecine générale. Une des pistes à explorer pour l'avenir serait donc d'accroître la diffusion des plateformes déjà existantes autour du sujet de l'éco-responsabilité en médecine générale.

Ouverture et perspectives

Notre étude montre que l'éco-responsabilité n'est pas inhérente à la gestion d'un cabinet de médecine générale. Les pratiques éco-responsables doivent être intégrées de façon progressive au quotidien des médecins généralistes afin de ne pas ajouter de contraintes supplémentaires trop importantes. Pour améliorer ce point, il serait intéressant d'intégrer cette notion dans la formation des médecins généralistes qu'elle soit initiale ou continue. Ceci permettrait de diffuser plus largement les sources d'information déjà existantes à ce sujet. Cela permettrait aussi de partager autour de la notion d’éco-prescription, très peu connue par les participant·e·s de l'étude. L'indice PBT créé en Suède n'est pas encore validé en France mais le sera peut-être un jour.

D'autres études pourraient être menées à ce sujet, notamment dans le but de créer un enseignement portant sur l'éco-responsabilité en médecine générale qui pourrait être intégré à la formation initiale ou continue. Il serait aussi intéressant d'étudier quel serait le niveau d'adhésion des médecins généralistes à de nouvelles pratiques éco-responsables. Cette dernière étude pourrait être menée avant et après la participation à un enseignement tel que celui décrit précédemment.

La médecine préventive et le développement durable sont étroitement liés, majorer la part de la médecine consacrée à la prévention serait bénéfique sur le plan de la santé humaine comme de l'environnement, et pourtant, actuellement, seulement 6 % des dépenses de la Sécurité sociale y sont consacrés. Les autorités pourraient aussi diffuser des recommandations claires et simples d'application comme l'a fait le Ministère charge des sports pour les gestes du sportif éco-responsable.

L'éco-responsabilité est de plus en plus reconnue, comme le montre le prix G d'or décerné par la revue « Le généraliste » en 2017 à deux médecins généralistes s'étant installés dans un cabinet entièrement écologique dans l'Eure. La presse grand public publie régulièrement un classement des établissements de soins les plus éco-responsables en France, ce qui montre que e grand public, et donc les patient·e·s, y sont sensibles. L'enjeu environnemental fait d'ailleurs partie des premières préoccupations du public.

D'autres mesures, dépassant la médecine générale, permettraient de diminuer l'impact de la médecine sur l'environnement. Par exemple, déployer l'offre de soins de second recours dans les structures de soins premiers, comme les maisons de santé pluridisciplinaires, plus proches géographiquement des patient·e·s permettrait de diminuer les très nombreux déplacements des patient·e·s vers les hôpitaux.

L'empreinte carbone moyenne d'un·e· Français·e· est de 10,8 tonnes de CO2 par an. Des changements de comportement et la réalisation de petits gestes au quotidien, à l'échelle individuelle, peuvent en permettre une diminution allant jusqu'à 45 %, ce qui est considérable.

Conclusion

Le réchauffement climatique ne cesse de s'aggraver et a de nombreuses conséquences sur la santé humaine, mais des gestes du quotidien peuvent inverser cette tendance s'ils sont pratiqués par le plus grand nombre. L'éco-responsabilité est donc primordiale au domicile comme sur son lieu de travail.

Notre étude montre que le développement durable ne va pas de soi dans la pratique de la médecine générale, même si quelques actes tels que le tri sélectif, l'économie du papier ou encore l'optimisation de la consommation énergétique sont mis en place par une majorité. II reste de nombreuses améliorations réalisables pour intégrer l'éco-responsabilité de façon plus profonde et plus diffuse dans les cabinets de médecine générale.

Pour développer l'éco-responsabilité des médecins généralistes, cette notion devrait faire partie de la formation initiale et de la formation continue, notamment pour diffuser les plateformes déjà existantes à ce sujet.

D'autres pratiques plus ambitieuses pourraient être mises en place par les autorités, telles que l'éco-prescription ou encore la vente de médicaments à l'unité.

La médecine est l'art qui a pour but de rétablir et de préserver la santé humaine, n'est-ce donc pas prendre soin de nos patients que d'être éco-responsable au quotidien ?

Par Lénaïc AYZAC

Article paru dans la revue « Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes » / SNJMG N°37

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Publié le 1700753239000