E-psychiatrie : test application smartphone

Publié le 26 May 2022 à 15:20


KALM

Lors du congrès de l'Encéphale 2017, nous avions été interpellés par un poster intitulé "Application smartphone pour la préventon du syndrome d'épuisement professionel".
Nous avons alors interrogé

Matthieu Brancher

En quoi consiste cette application ? Comment vous est venue cette idée ?
C’est une application de prévention du stress au travail, scientifique, anonyme, simple et ludique, qui s’adresse au salarié et qui permet à la fois de détecter les facteurs à risque psychosociaux et de burnout, et aussi de renforcer durablement sa motivation et son efficacité dans le travail grâce à 3 grandes fonctionnalités :

• L’auto-évaluation, sous forme de scores, via des questionnaires pour mesurer son niveau de stress et le sensibiliser sur ses risques potentiels de santé psychique, sur 5 axes élémentaires de vigilance (fatigue, humeur, addiction, nervosité, isolement social).
• L’accompagnement dans le renforcement de ses compétences individuelles en proposant des programmes d’amélioration personnelle adaptée, et basée sur les pratiques des TCC (jeux de rôle, restructuration cognitive, relaxation).
• La redirection vers une prise en charge directe par téléconsultation auprès d’un médecin conseil ou d’un psychiatre.

Ce projet émane de la R&D d’une startup e-santé, Ad Scientiam, spécialisée dans la collecte de données en environnement vie réelle des patients et incubée à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière.

Depuis 2013, nous avons lancé plusieurs études académiques dans les domaines neuropsychiatriques, notamment dans la dépression, avec cette idée de mieux comprendre la causalité et l’évolution des pathologies, en proposant à l’utilisateur d’un smartphone, des questionnaires de qualité de vie complétés d’échelles d’évaluation scientifique standard.

Le burnout est un terme en vogue dont la définition clinique est encore discutée. Il existe néanmoins une réalité du syndrome d’épuisement professionnel en termes de symptômes cliniques comme la dépression, les conduites addictives, troubles du sommeil, phobie sociale et conduites suicidaires. Des programmes de prévention et de sensibilisation existent et présentent un intérêt réel. Cependant, le coût de ces programmes va augmenter avec la taille de la population cible. Les nouvelles technologies d’information et de communication pourraient permettre une approche de prévention, à la fois personnalisée et adaptée à des grandes populations.

Qui a participé à ce projet ?
En 2016, l’équipe constituante était 2 co-fondateurs d’Ad Scientiam, Dr Benjamin Pitrat, psychiatre-addictologue et Térence Brochu, ergonome designer, complétée de Matthieu Brancher pour la direction de projet et les relations partenaires.
Les partenariats scientifiques sont :
> La fondation DENIKER, de l’Hôpital St Anne ;
> La Commission de Vie Hospitalière de la Pitié-Salpêtrière, présidée par le Dr Choquet ;
> L’Institut de Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) ;
> Le Dr Willard et son équipe de psychiatres TCC.

En 2016 le projet a eu le soutien de la Région Ile-de-France dans le cadre du programme « AixPé ».

Quelles ont été les différentes phases de l’élaboration de cette application mobile ?
• Phase de conception (janvier-Juin 2016)
> Recueil des besoins utilisateurs (entretiens) / RH (commission de vie hospitalière) ;
> Modélisation de la pratique clinique avec notre board scientifique ;
> Digitalisation de la pratique clinique (création des exercices) ;
> Développement et intégration (plateforme iOS).

• Etude de faisabilité à la Pitié / commission de vie hospitalière (Juillet-Décembre 2016)
> Recrutement des volontaires, personnel soignant de la Pitié ;
> Entretiens utilisateurs (20 Béta testeurs – médecins).

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
En évoquant le Burnout, on rentre tout de suite dans le conflit « syndicat / patronat » car on cherche la cause (les causes organisationnelle et managériale sont souvent mis en avant, alors qu’ils représenteraient 60 % vs 40 % causes individuelles).

Aussi, pour un prescripteur (entreprise, DRH, assureur) il est encore difficile de montrer un retour sur investissement, faute d’expérience et de data précises sur des indicateurs RH de type réduction du taux d’absentéisme ou des délais des arrêts de travail.

Puisqu’il s’agit d’une application adressée aux professionnels de santé et à but médical, y a-t-il eu une législation particulière ? Des critères à respecter ? Des modalités auxquelles se soumettre ?

Toutes les données sont anonymes donc peu de contraintes, néanmoins :

• Déclaration CNIL ;
• Recueil de consentement (présentation du programme de recherche et acceptation des conditions).

Quand sortira officiellement l’application ?
L’application béta est en ligne depuis juillet 2016 uniquement sur l’App Store.
L’ensemble du programme est en phase de reprise avec une structure et une équipe dédiée afin de pouvoir masteriser les fonctions actuelles et répondre à un besoin plus large pour les entreprises. Le plan projet prévoit la mise en ligne d’une version finalisée dans le courant du 4ème trimestre.

Quels sont les premiers retours de l’application (version beta) ?
• Différentes échelles d’auto-évaluation peuvent être proposées dans le cadre d’une application mobile ;
• Evaluation de la dépression est bien l’évaluation la plus utilisée (vs isolement, assertivité) ;
• Les exercices de relaxation sont les exercices qui correspondent le plus aux attentes des participants ;
• Anonymat important dans la redirection psy.

Quel est votre business model ?
Un business model porté vers les entreprises (dirigeants, DRH, représentants du personnel) qui souhaitent mettre en place une stratégie de qualité de vie pour leurs salariés.

C’est une offre outil et services qui propose un programme complet 360° de prévention et d’accompagnement pour l’entreprise avec au coeur du dispositif, l’application digitale, collecteur de données permettant de :

• Diagnostiquer en « live » par une cartographie représentant le niveau global de stress et de risque santé des populations de personnel ;
• Piloter avec de l’aide à la décision dans la mise en place d’une politique de QVT efficace et pérenne ;
• Disposer des moyens nécessaires pour la mise en place des plans d’actions correctif, préventif et curatif.

Avez-vous d’autres projets dans cette même continuité ?
Au sein d’Ad Scientiam, sur les maladies mentales, des travaux de recherche sont en cours avec des projets de dépression et de schizophrénie.

Sur d’autres pathologies, des solutions digitales et innovantes ont déjà dépassé le stade du prototypage, notamment dans les domaines de la SEP, Parkinson et la polyarthrite rhumatoïde (intégrant des capteurs de données cliniques objectifs, associés à des questionnaires qualité de vie et ressenti du patient).

Thomas BARBARIN
et Mélanie TRICHANH
Dijon

Test application Smartphone : E-mémo générique

Nous avons testé pour vous cette application développée pour l’ANSM qui fournit une aide à la prescription des médicaments génériques.

Pour rappel, la loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé oblige tous les prescripteurs à réaliser leur prescription en DCI. Cette loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2015 suite au décret d’application paru le 15 novembre 2014. L’ajout de la dénomination commerciale à la prescription est possible.

Cette application a donc pour but de vous aider à réaliser vos prescriptions en DCI, vous permettant de connaître l’équivalence à partir des princeps ainsi que de savoir quelles molécules sont inscrites au répertoire des médicaments génériques.

Dans un premier temps, vous devez choisir entre deux types de profil : un profil pour les médecins libéraux et un profil pour les médecins hospitaliers. Chacun des profils vous donne un accès rapide aux prescriptions les plus courantes en fonction de votre lieu d’exercice.

L’appli propose deux façons de trouver l’équivalence :
• Vous pouvez soit taper dans la barre de recherche le médicament dont vous voulez avoir l’équivalence en DCI ;
• Soit afficher une liste de médicaments classés par la catégorie ATC. Parmi celles qui seraient le plus intéressantes dans notre pratique, on trouve les antidépresseurs et les antipsychotiques. Mais il y a également des antiépileptiques, des antihypertenseurs, des IPPs...

Notre avis
Cette application propose une aide rapide pour trouver une équivalence générique. Cependant, son utilité reste très limitée.
On est assez atterrés lorsque l’on remarque que des médicaments d’usage quasi quotidiens ne sont pas référencés.
On n’y trouve par exemple ni SPASFON®, ni HALDOL®.
De nos jours, tous les hôpitaux proposent des bases de données (Thériaque, Thésorimed, Vidal Hoptimal, etc.) qui proposent le même service, mais de manière plus exhaustive. Et surtout depuis la mise en ligne de la base de donnée publique du médicament (http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/) accessible gratuitement, sans inscription, avec une base de données mise à jour par l’ANSM.
Finalement, le point positif est seulement le classement par code ATC afin de retrouver un médicament.

ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament
DCI : Dénomination Commune Internationale
ATC : Anatomique Thérapeutique et Chimique

Thomas BARBARIN et
Mélanie TRICHANH
Dijon

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°21

Publié le 1653571221000