1) Pourquoi/comment vous est venue l’idée de cette enquête ?
Si je me souviens bien, c’était lors d’une réunion du bureau l’AFFEP. Nous évoquions alors la future Journée de l’interne organisée avec l’association Pierre Deniker. Le thème retenu pour cette journée était la formation à la recherche. L’AFFEP, pourtant partenaire de l’événement, ne s’était pas investi (ou n’avait pas été sollicité selon les perspectives de chacun) dans la préparation de cette journée et n’avait pas du tout participé au choix de ce thème.
Nous avons alors souhaité trouver un moyen d’une part de nous réapproprier cette question et d’autre part de faire en sorte que la voix des internes en psychiatrie en général, et ses représentants associatifs en particulier, soit entendue et participe au dialogue et à la réflexion sur l’amélioration de notre formation.
La méthode la plus naturelle nous a semblé être de concevoir une enquête pour questionner directement le plus grand nombre d’internes sur leurs souhaits et leurs expériences autour de la formation à la recherche. Nous avons donc, avec Aude Van Effenterre, rédigé un questionnaire que nous avons diffusé en grande partie lors du CNIPSY de cette même année, puis nous avons présenté les résultats de notre enquête lors de la Journée de l’interne.
2) Quelles en ont été les conséquences après les résultats ?
Sur le plan associatif, je pense que cette enquête, la 1ère depuis plusieurs années, a permis de gagner en sérieux et en légitimité aux yeux des instances de la psychiatrie et des sociétés savantes. Nous avons par la suite pu renouer le dialogue avec nos aînés et jouer pleinement notre rôle de représentant des internes.
Au niveau de l’enquête elle-même, c’est difficile de répondre. Pour le coup, ce qui serait très intéressant, serait de refaire la même enquête en 2016 et de comparer les résultats. Je parie que les internes sont mieux initiés à la recherche et mieux informés sur les formations à la recherche et notamment sur comment accéder à un master de recherche. Mais je parie aussi que la question du financement continue hélas d’influencer et de décourager les internes en psychiatrie dans le projet de formation à la recherche.
Dr Jordan SIBEONI
Psychiatre à Argenteuil
Les internes et la recherche
En 2010, l’enquête annuelle de l’AFFEP s’est portée sur la recherche en psychiatrie pendant l’internat. Dans le contexte de l’ouverture de la CNIPI (Commission Nationale de l’Internat et du Post Internat) et du début de projet de réforme du 3ème cycle des études médicales, l’objectif était de dresser un état des lieux sur la formation à la recherche durant l’internat.
Matériel et méthodes
Un sondage national à l’intention des internes a donc été mis en place par l’AFFEP, et diffusé via notre mailing list nationale, afin d’évaluer le niveau d’information des internes et leurs souhaits vis-à-vis de la recherche. 603 réponses ont été recueillies, soit un taux de participation de 45 %.
Résultats
25 % des internes de 4ème année ayant répondu au questionnaire avaient fait un Master 2 de recherche, dans deux domaines de prédilections : les neurosciences (48 %), et les sciences humaines (12 %). Les autres domaines, tels que la neuropsychologie (9 %), la psychopathologie (8 %), la psychanalyse (5 %), la pharmacologie et les statistiques (3 %), la génétique et la philosophie (2 %), l’ethnopsychiatrie (1 %), recrutaient beaucoup moins.
Parmi ceux ayant fait un master Recherche, 39 % ont pris une disponibilité.
40 % doivent s’autofinancer avec les remplacements et les gardes. 32 % reçoivent une bourse des fondations et sociétés savantes. Seulement 24 % reçoivent l’année recherche.
Il ressort également que le financement influence le choix du domaine de recherche dans 25 % des cas
33 % des internes changent de ville pour réaliser leur Master 2 de Recherche (M2R), le respect de leur domaine de prédilection étant la principale raison évoquée. On note également que parmi les 67 % restant, 10 % auraient souhaité travailler dans un autre domaine, mais celui-ci ne figurait pas dans la liste des M2R proposées par leur faculté.
En ce qui concerne les internes n’ayant pas fait de M2R, 49 % d’entre eux seraient intéressés par un M2R. Parmi eux, on compte 65 % des 1ères années, 45 % des 2ème année, 37 % des 3ème année, et 36 % des 4ème années.
Les domaines de recherche qui attireraient ces internes sont : les neurosciences pour 50 %, l’ethnopsychiatrie pour 46 %, la psychopathologie (40 %), la psychanalyse (30 %), les sciences humaines (28 %), la pharmacologie (22 %), la génétique (11 %), les statistiques (11 %), la philosophie (2 %)
Graphe : Domaines de recherche qui attireraient les internes n’ayant pas fait de M2R
En se focalisant plus spécifiquement sur les raisons qui empêchent ces internes de se lancer dans un M2R, on retrouve : un manque d’intérêt, une durée d’internat trop longue, un manque de subvention, et un manque de choix
Enfin, 88 % des internes interrogés considèrent qu’il y a un manque d’information dans ce domaine.