Dossier special : stratégie au financement de nos formations

Publié le 10 May 2022 à 23:39

Bretagne

Salut ! Je suis Salomé, K2 à l’IFMK de Brest et VP Représentation du KUBE. Avec 6000 € de frais d’inscription par an, nous sommes l’institut public le plus cher de France ! « Payer 6000 € dans le public c’est possible ?! » Eh oui malheureusement, le statut des IFMK ne préjuge pas du montant que les étudiants auront à payer pour se former.

Lorsque l’institut de Brest a été ouvert il y a 4 ans, la Bretagne comptait déjà un institut privé à Rennes, dont les frais s’élevaient à 6.000 € par an. La Région a alors décidé, avançant un argument d’équité pour les étudiants bretons, d’aligner le prix de Brest sur Rennes. Le financement des instituts relève clairement de choix politiques, puisqu’en Bretagne par exemple les instituts en soins infirmiers publics sont financés entièrement et les privés partiellement. Hormis les indemnités de stage, la Région ne finance pas du tout notre scolarité !

Face à cette situation révoltante, nous sommes un petit groupe à avoir décidé de nous bouger. Notre IFMK étant en partie rattaché à l’UFR santé, notre objectif est de passer à des frais universitaires. Nous avons créé, avec des étudiants rennais, un groupe de travail afin de réfléchir ensemble à des solutions. En novembre j’ai rencontré, avec l’ECP de ma classe, notre directrice, afin de l’informer des démarches que nous entreprenons. Bien que comprenant nos motifs, elle ne nous soutient pas pour autant.

Nous avons, en parallèle, envoyé plusieurs mails ces deux derniers mois à la Région afin d’obtenir un rendez-vous. Ces tentatives de dialogue sont restées sans réponse, mais c’est insuffisant pour nous décourager ! Un micro-trottoir est prévu d’ici ­n 2016 afin de sensibiliser l’opinion publique, et nous allons contacter les médias.

C’est un gros travail que nous entamons mais nous ne sommes pas seuls : Nathan du Bureau National de la FNEK nous guide régulièrement, et nous avons le soutien de la FédéB, notre fédération territoriale. Je suis convaincue qu’ensemble, il est possible d’agir, afin d’améliorer nos conditions d’études !

Salomé Le Gal

Normandie

Nous sommes 3 étudiants en seconde année M-K à l’IFRES d’Alençon, et le Projet Région a démarré à l’initiative de Nathan Bourges en septembre 2015, visant à diminuer le coût des études dans notre institut. Nous avons donc repris le flambeau dès le début de notre mandat, fin janvier 2016 (Marion Coroyer, Alice Mangot et Pierre Bagnol). Ce qui a permis de mettre ce projet en œuvre était de circonstance propre à l’année 2015-2016 :
• La réunification des Régions (et donc de la Normandie) au 1er janvier 2016
• La réforme des études de Kiné, par arrêté du 2 septembre 2015.

Nous avons enfin obtenu ce que nous désirions : une diminution du prix de nos études. Cette décision sera appliquée dès la rentrée scolaire 2017.

La Région nous accorde une égalisation avec La Musse mais pas avec Rouen. Nous ne connaissons pas encore les modalités qui définissent cette baisse car plusieurs scénarios sont possibles, mais nous travaillons à obtenir un rendez-vous à la fin du mois de janvier avec les élus pour cela.

Mettre en place un projet comme celui-ci, c’est s’engager à aller jusqu’au bout, à gérer les imprévus, et comme tout poste, ne pas compter les heures que l’on fait.
Avant toute chose, il est très important de monter un argumentaire solide, qui permet de désigner l’inégalité et ne pas hésiter à s’entraîner, peser le pour et le contre de chaque argument que vous emploierez !
L’argumentaire prenant forme, il y aura plusieurs aspects à gérer :
• Communication avec les élus régionaux
• Communication avec les étudiants
• Utilisation des médias

Ces items vont ensemble, il faut donc prioriser toutes les tâches à accomplir pour être le plus efficace possible et ne pas perdre de temps bêtement. À deux, nous nous répartissons les tâches : l’un fait la comm’ auprès des étudiants ; l’autre interpelle les élus, etc.
Pour gérer ces 3 items, il est important de savoir quelle stratégie adopter pour répondre à un objectif précis : obtenir un rendez-vous. C’est la priorité.

Les élus ne répondant pas toujours (voire pas du tout) aux mails, il est souvent très utile de faire appel aux médias. C’est une bonne manière de faire bouger les choses, mais attention il faut les utiliser avec parcimonie et être sûr que ce qui leur sera annoncé ne portera préjudice à personne, et que les informations fournies soient justes sinon vous perdrez en crédibilité ! Nous avons utilisé la TV, la presse écrite, mais évidemment la radio reste une excellente chose, à voir comment elle est visible, mais généralement tout est bon à prendre.

Ensuite d’autres aspects sont très importants :
• Rechercher en permanence ce qui pourrait étoffer l’argumentaire, avoir des chiffres, des documents, se renseigner sur les élus et leur bord politique.
• Se faire des contacts : lorsqu’un élu est disponible, ne pas hésiter à lui demander vers qui d’autre vous pourriez vous tourner pour répondre à votre problématique, et au fur et à mesure que vous vous ferez des contacts, il vous sera plus facile d’obtenir des réponses.

Une fois un rendez-vous obtenu, il faut s’armer de courage et échanger avec un politique qui ne demande qu’une chose : être convaincu, donc foncez ! Après les rendez-vous, n’hésitez pas à leur envoyer un petit mail récapitulatif de ce qui a été dit pendant l’entrevue, cela vous permettra d’avoir une traçabilité !

Sur ce, à vos Projets Région moussaillons !

Marion Coroyer et Pierre Bagnol, VP FNEK dans la TAEEKA et
Alice Mangot, présidente de la TAEEKA

Nord

Un jour, alors que j’étais en K1, des étudiants de 2ème année sont venus nous présenter un projet qui leur tenait à cœur : un groupe de travail pour faire baisser le coût des études. Une conversation Facebook plus tard, nous nous lançons avec 8 autres étudiants des deux instituts lillois sur le chemin escarpé menant à l’égalité des frais d’inscription.

Dans un premier temps, nous tombons d’accord pour nous renseigner sur les différentes modalités de notre formation et les instances concernées. Étant dans un contexte d’élection à la présidence de notre nouvelle Grande Région, qui réunit les 3 onéreux instituts de l’ancien Nord-Pas-De-Calais (4000 à 5200 €) au plus abordable Institut Picard (150 €), nous décidons de contacter les trois principaux candidats a­n de les interroger sur les différentes situations de frais d’inscription et connaître leur point de vue sur le sujet. Deux réponses plus tard, nous ne sommes pas plus avancés, mais plus motivés que jamais, et nous nous réunissons à nouveau a­n de déterminer les moyens à mettre en place pour arriver à nos fins.

Nous commençons alors à intégrer Berck et Amiens, à questionner nos directeurs d’Instituts, etc. Les week-ends de la FNEK s’enchaînant, nous prenons contact avec les autres instituts poursuivant le même objectif, avec Nathan, VP S2F, qui nous guide dans nos recherches. Puis, au sortir du Congrès de Limoges (vous avez connu l’ELECK ?), Nathan m’annonce que la Région nous invite à participer à la Consultation concernant le Schéma Régional des Formations Sanitaires et Sociales à Amiens ! C’est l’occasion de rencontrer les responsables de nos formations et ouvrir une discussion sur le sujet. Madame RYO, Vice-Présidente de la Région en charge de la Santé nous propose de la recontacter pour approfondir le sujet !

Aujourd’hui, nous avons pour objectifs principaux de préparer la réunion avec Mme RYO et, également, de motiver nos K1 afin de pérenniser notre travail !

Blandine Cuvillier

Île-de-France

L’Île-de-France est une région où la réflexion pour un financement du fonctionnement la formation de masso-kinésithérapie prend tout son sens. En effet c’est dans cette Région que nous retrouvons le plus de différences tant dans les statuts des instituts que dans les frais de scolarité.

Sur les onze instituts, deux sont des pour étudiants Déficients Visuels. Trois autres sont publics, mais l’un d’eux doit cependant faire l’objet de notre attention : Meulan-les-Mureaux, financé en partie par la région, mais demandant 1700 euros par an aux étudiants. Deux d’entre eux sont privés à but non lucratif, c’est à dire qu’ils font partie d’une association ne devant pas tirer de bénéfices. Ces instituts peuvent faire l’objet d’un financement de la formation par la Région ce qui n’est aujourd’hui pas le cas. Pour finir quatre instituts sont privés à but lucratif c’est à dire qu’une part de la somme versée par les étudiants est destinée à des actionnaires

Il est difficile de penser qu’en l’état actuel la Région puisse penser à un financement mais ça n’est pas pour autant qu’il n’existe pas de solution ! En effet, depuis la ré-ingénérie des études, la sélection de tous les instituts de France se fera par sélection universitaire y compris pour ces 4 IFMK qui seront conventionnés avec des universités. Il sera alors difficile pour un étudiant de comprendre pourquoi il payera 9.000€ son année quand son camarade financera son année d’étude à frais universitaire. La discussion est engagée avec les élus de la Région pour trouver une solution sur cette problématique.

Toute la réflexion autour du financement de la formation de kinésithérapie en Ile-De-France est à faire avec l’ensemble des étudiants franciliens. Tout le processus de diminution des frais d’inscriptions pour les étudiants n’a de sens que si la qualité de la formation est maintenue, cela, est pour nous une priorité, et cela impose un financement conséquent de la région, et la période n’est pas propice aux augmentations de dépenses, mais c’est notre droit, et notre devoir de réclamer une justice pour nos étudiants !

Les statuts des instituts seront peut être un frein, mais il est possible de discuter avec les différents acteurs de la formation et de son financement a­n de restaurer l’égalité pour les étudiants ! Il faut aussi être clair, le financement par la région, impose une transparence financière qui n’est pas forcément affichée en Île-de-France, et ainsi pourrait imposer cette transparence aux instituts.

Mais tant que le financement sera utilisé à des fins de qualité de formation de notre belle profession, nous serons au côté de nos directeurs pour défendre ce bilan financier. Quand on sait que 39% des étudiants kinés franciliens contractent un emprunt d’en moyenne 31.000€, c’est qu’il est grand temps d’agir.

Simon Lacombe

Nouvelle-Aquitaine

Je suis François THIBAUD (ou Fanch), VP Représentation de l’AEMKL (BDE Limoges IRFSS) et président de l’ELEKC (vous avez connu l’ELEKC ?). Je vais vous parler de l’initiative qui est en cours en Nouvelle Aquitaine pour l’harmonisation des frais d’inscription de tous les étudiants en kinésithérapie.

La Nouvelle Aquitaine, c’est 7 IFMK, dont un pour déficients visuels : l’IRFSS Aquitaine à Bègles, Bordeaux, Dax, l’APSAH (institut DV de Limoges), l’ILFOMER (Limoges), l’IRFSS Limousin à Limoges et Poitiers. Les étudiants de ces instituts sont représentés par 6 bureaux des étudiants : l’AEMKL, la BAKE (Bordeaux), la BARAK (Bègles), BRAKIAL (Limoges/APSAH et ILFOMER), la DAKE (Dax) et l’EKIP (Poitiers).

Cela fait beaucoup d’étudiants et beaucoup d’organisations représentant les étudiants kinés de la Nouvelle Aquitaine (NA). De plus, les frais d’inscription varient énormément d’un institut à l’autre avec par exemple Poitiers où l’année est à 184 € par an et l’IRFSS de Bègles qui est à 6.800 € par an (IFMK le plus cher, hors Ile-de-France).
Ces inégalités poussent aujourd’hui les étudiants de NA à s’unir pour dénoncer ces inégalités. Nous souhaitons des frais d’inscription égaux pour les IFMK n’étant pas à frais universitaires, et empêcher toute hausse pour les autres.

Ce combat va de pair avec l’assurance que les indemnités de stage soient bien versées à tous les étudiants de NA. Pour que la baisse des frais d’inscription pour certains ne pèse pas sur les budgets des autres

L’objectif immédiat est d’unir tous les étudiants kinés de NA dans une même association qui aura pour seul but la représentation des étudiants auprès de la Région. Cette représentation permettra de faire passer des revendications communes et particulières, telles que le versement des indemnités des stages et la réduction des frais d’inscription. Cette association rassemblerait les différents BDE kinés de NA pour avoir un poids plus important auprès de la Région, ainsi que pour avoir une communication unique et plus claire auprès des différents acteurs pouvant nous venir en aide (presse, directeurs d’IFMK, ordres départementaux, ordre régional…).

En travaillant ensemble, les étudiants kinés de NA auront plus de chance d’obtenir des aides de la Région. Je finirai par ce proverbe : Seul on va plus vite, ENSEMBLE on va plus loin.

François Thibault

Région TOUR à Bègles

Le mercredi 16 novembre 2016 s’est tenu un Région Tour pour les étudiants de l’institut de formation en Masso-Kinésithérapie de Bègles. Nathan Bourges (VP S2F), Alexandre Parès (CM Publication) et Romain Jennequin (étudiant béglais et ancien secrétaire général) ont exposé un état des lieux du coût des études en Masso-Kinésithérapie.

En premier lieu, il y a eu une présentation de la situation du coût des études en Masso-Kinésithérapie à Bègles par rapport aux autres instituts. En eet, la situation est assez alarmante puisque les frais de scolarité se chiffrant à 6.800 € par an, cela en fait l’institut de formation français le plus cher, hors Ile-De-France !

Puis Nathan nous a expliqué le fonctionnement régional des aides pour les formations sanitaires et sociales. Il a également pris un temps de questions-réponses avec les étudiants dont les nombreuses interrogations ont rendu cette réunion très dynamique et interactive.

Conclusion de cette journée : les explications lors de ce Région Tour ont amplifié la motivation des étudiants à mener un projet d’actions visant à réduire les frais de scolarité et engager un élan national afin d’équilibrer les frais de scolarité de tous les étudiants en Masso-Kinésithérapie de France.

Mickael de Almeida

Nos frais d’inscription ne sont pas une fatalité. Ces quelques exemples nous montrent qu’il est possible de créer des actions chez soi pour lutter contre les inégalités entre les IFMK !

N’hésitez pas à contacter Nathan, VP S2F de la FNEK, pour vous épauler dans vos démarches : ­[email protected]

Article paru dans la revue “Le Journal des Étudiants Kinés” / BDK n°43

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Publié le 1652218778000