Dossier 180 secondes pour innover

Publié le 25 May 2022 à 17:09


Présentation du projet & interview des organisateurs

La 9ème édition du congrès français de psychiatrie s’est déroulée à Montpellier du 23 au 26 novembre 2016, sur le thème «  innover  : pourquoi, comment  ? ». A cette occasion, les jeunes psychiatres se sont une fois de plus illustrés, et ont démontré leur dynamisme et leur hardiesse au travers du projet 180 secondes pour innover. Cette initiative originale lancée par un groupe de jeunes du Comité Local d’Organisation, Yann QUINTILLA, Ismaël CONOJERO, Charly CRESPE, & Chloé GIROD, a enthousiasmé les internes de toute la France, et électrisé le public lors de la finale nationale du 25 novembre. L’équipe du psy déchaîné a donc naturellement souhaité vous re-transcrire l’événement en interviewant les porteurs du projet, et en proposant aux participants d’écrire quelques mots sur leurs interventions.

Interview de Yann QUINTILLA (YQ), propos recueillis par Audrey FONTAINE (AF)

AF : Comment vous est venue l’idée de mettre en place ce projet ?
YQ : Le Pr COURTET ainsi que le comité d’organisation du CFP nous ont demandé d’organiser une session à destination des internes et des jeunes psychiatres. A l’initiative d’Ismaël CONOJERO, Charly CRESPE, Chloé GIROD et moi-même, nous nous sommes réunis pour penser ce nouveau projet. Nous nous connaissons depuis le début de nos internats respectifs et nous avions déjà travaillé ensemble, ce qui a favorisé le dialogue, le partage des idées et des tâches.

L’idée est apparue au cours d’une réflexion et s’est peu à peu imposée comme l’idée la plus innovante, et à même de fédérer les internes. Elle est inspirée du concours de « Ma thèse en 180 secondes » qui existe depuis 2008 dans les pays anglo-saxons pour les doctorants en sciences ou lettre. Le but initial de ce concours est de permettre aux thésards d’intégrer le monde du travail en les aidant à synthétiser et valoriser leur projet de recherche.

AF : Pourriez nous faire un petit historique de sa mise en place ?
YQ  : La mise en place a été un travail de longue haleine. Cela a sollicité plusieurs réunions de préparation et d’ajustement tout au long de l’année écoulée. Il a fallu affiner le concept, préciser le déroulé des sélections et de la finale, sélectionner les villes, mobiliser les PUPH, les acteurs locaux et les internes. Dans un second temps, nous nous sommes déplacés en binômes de ville en ville pour organiser les sélections régionales.
Dans l’ensemble, le projet a été très bien accueilli et nous avons pu bénéficier du soutien sans faille de Nathalie ISABELLE au sein de l’organisation du CFP.

Nous avons rencontré deux difficultés principales pour cette initiative. La première a été les délais qui ont été assez courts pour mettre en place les sélections régionales, ce qui a joué sur le nombre de candidatures aux sélections régionales. La deuxième a été d’arriver à faire comprendre le concept aux acteurs locaux afin de mobiliser les gens à venir candidater mais aussi y assister. Maintenant qu’il y a eu cette première édition, nous espérons pouvoir mobiliser plus d’internes comme candidats ou spectateurs en faisant un événement à part entière dans chaque ville où auront lieu les sélections.

AF : Concernant l’organisation globale, comment les internes se sont-ils inscrits ?  
YQ  : Nous avons sollicité pour les inscriptions deux acteurs locaux d’importance. En premier l’AFFEP qui nous a tout de suite soutenus et nous la remercions pour cela. Ensuite nous avons souhaité que les PUPH mobilisent leurs équipes. Dans chaque ville, les PUPH se sont impliqués, certains même se prenant au jeu en coachant leurs équipes.

AF : Comment se sont déroulées les sélections ?
YQ : Les sélections régionales ont eu lieu dans 5 villes « interrégionales ». Nous avions sélectionné Paris, Lille, Bordeaux, Lyon et Montpellier. Seuls les trois premiers étaient sélectionnés pour la finale nationale. Un maximum de 15 candidats a été défini, car au-delà l’intérêt du public diminue comme l’attention du jury.

Nous avons été très bien accueillis sur place même si notre regret a été de ne pas mobiliser plus de candidats et de public.
Les candidats ont été d’une qualité surprenante et nous avons rapidement senti qu’il se passait quelque chose et que la finale serait de haute volée.

AF : Comment se sont constitués les jurys ? 
YQ : Les jurys auxquels nous avons participé ont été constitués d’un PUPH (celui qui a bien voulu soutenir notre démarche localement), d’un PH, d’un CCA, d’un membre de l’AFFEP et de l’un de nous. Nous avions élaboré une grille de lecture et de notation évaluant la qualité du projet, les qualités oratoires et de vulgarisation mais laissant la part belle au coup de cœur. Néanmoins, bien que les notes soient serrées, trois à quatre candidats se démarquaient à chaque sélection.

AF : Avez-vous sollicité des partenaires ? Si oui, lesquels ?
YQ : Notre démarche était bénévole mais nous souhaitions faire de ce concours un emblème du CFP, et qu’il soit un moment de partage entre internes et jeunes psychiatres sur les projets de recherches. Pour cette raison, et afin de pouvoir offrir un prix aux 3 gagnants de la finale nous avons sollicité la Médicale, MACSF, GPM et Actelion. Nous les remercions d’ailleurs pour leur soutien.

AF : Quels étaient vos objectifs ?
YQ : Les objectifs étaient multiples. Le premier était de pouvoir mobiliser les internes et les jeunes psychiatres pour le CFP de Montpellier et de les faire venir découvrir cette belle ville estudiantine.  C’était aussi une occasion d’introduire le prochain CNIPSY qui aura lieu à Montpellier et où nous espérons vous retrouver nombreux.

Le second objectif était de trouver un nouveau format pour les internes : les posters n’étant souvent pas assez valorisant au vue de la quantité, tandis que les communications orales peuvent être inaccessibles au vue de la qualité. Ce format court et sans prétention peut permettre à chacun de s’exprimer. Le concept novateur est qu’il ne s’agit pas de montrer des résultats comme on le voit souvent mais surtout des projets même si c’est à l’état embryonnaire. Le but est aussi de pouvoir communiquer sur un projet et de fédérer au niveau local ou national pour pouvoir créer des projets plus ambitieux.

Enfin, notre souhait était de mobiliser le public avec ce concept, au même titre qu’il existe des journées du CFP. Pour la finale, notre objectif était d’avoir un maximum de présence pour pérenniser ce projet en lequel nous croyons. Pour cela on peut dire que l’objectif a été atteint puisque la salle prévue débordait de monde ! 

AF : Quel bilan tirez-vous de cette première édition ?
YQ :
C’est à vous de le dire mais nous avons l’impression que ça a été un succès !
L’objectif a été atteint, la salle de 200 places était comble, nous avons dû ouvrir une autre salle et refuser des gens, nous nous en excusons d’ailleurs auprès d’eux, la sécurité nous ayant bloqué le nombre.
Les candidats étaient brillants, drôles et clairs. Comment penser que pour une première session, les candidats se soient aussi bien approprié le concept  ? Que ce soit en sélection régionale ou nationale, les candidats n’ont cessés de nous étonner  ! Nous les remercions aussi car c’est grâce à eux que cette première édition à été un succès.
Lors de la soirée qui a suivi, les échos des internes ont été très positifs. Ils se sont ajoutés à ceux du public, plus ou moins jeune, qui était présent. Lors de la finale, assis au fond de la salle, je me souviens d’un couple de psychiatres cinquantenaires qui s’émerveillait des présentations des candidats, empilant les superlatifs à chaque passage. Dès lors, nous avons pensé que le contrat était rempli.

Les PUPH présents et le comité d’organisation national se sont eux aussi pris au jeu, et nous avons eu vent qu’ils souhaiteraient renouveler l’aventure. Il faut aussi souligner la prestation de Robin Recour le compteur et de ses musiciens. C’était un parti pris risqué et nous ne savions quel accueil lui serait réservé. Heureusement les psychiatres sont un public éclectique et ouvert. Ces interludes ont apporté une touche de détente de bonne humeur à cette finale. 

AF  : Ce projet va-t-il continuer en 2017 ? Avez- vous déjà les dates de présélection ? Des modifications sont elles prévues ?
YQ :
C’est officiel, « 180 secondes pour innover » sera bien présent au prochain CFP de Lyon, pour notre plus grand bonheur ! L’organisation du CFP a souhaité nous faire à nouveau confiance, nous avons d’ailleurs déjà eu contact avec les internes du CLO Lyonnais pour leur faire bénéficier de notre expérience, et conduire avec eux cette belle aventure.

Nous avons décidé de rempiler tous les quatre pour une année supplémentaire afin de préparer au mieux cette nouvelle session avec le comité local d’organisation.

L’objectif est de faire de chaque sélection régionale un événement local qui rassemble les internes et les jeunes psychiatres. Il pourrait y avoir cette année 8 villes sélectionnées. Cela va dépendre beaucoup du souhait et de la motivation des acteurs locaux à nous accueillir et à nous aider.

Les villes ne sont pas déterminées mais on peut imaginer que Paris, Lyon, Bordeaux et Lille renouvelleront l’expérience. A Montpellier, nous sommes aussi motivés pour accueillir à nouveau les sélections.

Les présélections seront annoncées dans un second temps mais elles se dérouleront principalement en juin et en septembre. Les candidats peuvent déjà se préparer ! 

Au chapitre des modifications, nous souhaiterions que ce soit un événement local. Ensuite la grille d’évaluation sera bien évidement revue. Les jurys seront recomposés et éviterons encore tous conflits d’intérêts. Enfin, la notation sera revue sur les conseils de notre jury national afin de refléter au mieux la qualité des candidats.

AF  : Auriez-vous quelques conseils pour motiver les internes à participer aux prochaines éditions ?
YQ  : Je crois qu’il faut foncer sans hésiter ! Il y a plusieurs raisons pour se jeter dans le grand bain.
La première est l’ambiance. Bien qu’il y ait un classement à la fin, tous les candidats s’entendent bien, se conseillent, se soutiennent et apprécient le travail de chacun. Le public est aussi bienveillant et soutenant. C’est un bon exercice pour les plus anxieux d’entre nous.

Ensuite, il ne faut pas avoir peur de la qualité de son projet. 180 SPI permet de rêver. Pas besoin de grand laboratoire de recherche ou de résultats significatif pour participer.

C’est aussi un moyen de se préparer à sa thèse et à son futur métier. Il faut apprendre à parler en public, 180 SPI en est le lieu idéal. Il faut aussi savoir se dépasser, se mettre en danger, comme parfois dans notre pratique.

Nous espérons que les sélections régionales à venir seront encore plus un moment convivial qui nous donnera l’envie de partager

AF : Envisagez-vous de l’étendre à l’international comme « ma thèse en 180 secondes » ?
YQ  : C’est une idée à laquelle nous n’avions pas osé penser, mais l’engouement que suscite 180 SPI nous permet de rêver plus grand.

Il faudrait d’abord vérifier si cela n’existe pas déjà ! Les anglo-saxons ont quand même inventé ce type de format.

Sinon pour le mettre en place à l’international, une première idée serait de s’appuyer sur les universités d’été proposée par l’AFFEP.

Une première session pourrait être organisée à cette occasion afin d’éprouver le concept et permettre à chacun de la mettre en place dans son pays

Dans un second temps l’EPA semble le lieu idéal pour une finale européenne. L’occasion aussi lors de ce congrès de rencontrer les jeunes psychiatres à l’international pour le mettre en place à plus grande échelle.

Nous pensons que c’est à l’AFFEP de se saisir de se projet et de réussir à fédérer autour sur le plan international. Ce serait un plaisir et un accomplissement que nous puissions vous y aider afin de pérenniser et faire grandir ce projet qui nous tient tous à cœur

Nous vous disons donc à bientôt lors d’une sélection de 180 SPI et encore merci d’avoir fait de cette première édition un succès.

Yann QUINTILLA, Charly CRESPE,
Chloé GIROD et Ismaël CONOJERO

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°19

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