Des étudiants de l’IFMK porteurs de projets

Publié le 30 May 2022 à 08:30

 

A l’heure où de nombreuses recommandations incitent au travail interprofessionnel dans le secteur sanitaire et entre le secteur sanitaire et social, les IFMK n’ont-ils pas un rôle à jouer pour préparer les étudiants à ces futures collaborations ?

Des expériences originales ont vu le jour à Lilles, à Rennes et à Besançon et ont fait l’objet d’un atelier autour de ce partage d’expériences.

Objectifs généraux
Par anticipation et pertinence, avant l'application même des nouveaux programmes, l'équipe pédagogique de l'Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie du C.H. de Dax avait souhaité mettre en œuvre une formation à la méthodologie de projet. Il s'agissait d'engager les étudiants de 1ère année sur un projet d’intervention ouvert sur la cité et correspondant à une forme d'utilité sociale. Les 3 domaines choisis ont été le cadre associatif du sport, celui des enjeux socio-professionnels du handicap et enfin celui du contexte de vieillissement présent en EHPAD. Ces 3 contextes traduisent parfaitement les objectifs visés : mener avec constance du début à son terme un projet d'action, en périphérie mais aussi en continuité du monde scolaire de la formation, développer des compétences d'organisation, de gestion et de communication avec des institutions et les associations extérieures, être acteur et responsable de cette action en s'appuyant sur une méthodologie mieux maîtrisée et auto évaluée.

Au-delà de cette ambition, nous voulions apporter un éclairage positif sur l'existence même de l’IFMK bien présent dans son environnement social, et mettre à mal certains clichés, qui condamnent, presque avec tradition, les étudiants à la jeunesse passive et à l'inexpérience.

La nature des projets
Trois projets ont été réalisés sur le thème du handicap : « Y voir clair sans lumière », « In Dependance Day » et les « Paralympiades ». Ces projets ont consisté à faire vivre des situations de handicap à des personnes valides.

Dans le projet « Y voir clair sans lumière », les étudiants étaient mis en situation de handicap visuel. Ces derniers devaient effectuer un parcours les yeux bandés, seuls ou avec un accompagnateur. Ceci a permis aux étudiants de découvrir les difficultés de ce handicap ainsi que les adaptations qu’ils font automatiquement grâce aux autres sens. En effet, lorsque nous sommes privés de notre vision, nous sommes beaucoup plus attentifs à ce que nous entendons et ce que nous sentons afin de nous aider à nous orienter dans l’espace.

Dans le projet « In Dependance Day », des étudiants en kinésithérapie ont pu vivre temporairement de multiples situations de handicap. Sur une journée, les étudiants se retrouvaient donc, dans l’enceinte de l’IFMK, en situation de handicap (mal voyant, paraplégique, mal entendant…) mais également en tant qu’accompagnateur. Grâce à cela, ils ont eu un premier aperçu de ce que l’on peut ressentir en situation de handicap dans un lieu public et aussi du rôle d’accompagnateur-médiateur qui sera utile dans le métier de kinésithérapeute. Ces étudiants se sont rendu compte de l’importance de disposer de lieux publics adaptés à toute personne quel que soit leur handicap.

Enfin, durant les « Paralympiades », en partenariat avec l’association URT 64, les étudiants ont pu tester des sports adaptés aux personnes handicapées et ainsi se rendre compte des multiples activités sportives accessibles aux personnes en situation de handicap. Ceci leur permettra d’informer les personnes en situation de handicap des possibilités d’activités sportives existantes et de les orienter en fonction de leur aptitude physique.

Le handicap étant très présent dans le milieu de la kinésithérapie, ces projets permettent d’avoir une idée des situations de handicap en les mettant en scène temporairement ainsi que de découvrir les adaptations disponibles pour ces personnes, afin de ne plus être dans une impossibilité de participation. Les étudiants ont aussi appris à mesurer la complexité de la relation d’aide avec ses attentes, ses nécessités et ses limites.

Deux projets ont également été effectués dans le domaine sportif. Les étudiants ont pris en charge des joueuses de rugby aux Pachys d’Herm (évoluant en élite) durant 2 mois en effectuant des échauffements musculaires spécifiques et des exercices de renforcement musculaire entre chaque séquence proposée par l’entraineur. Des étirements complets étaient proposés en fin de séance d’entrainement. Cela a permis de sensibiliser ces joueuses à la rigueur dans la pratique des échauffements, du renforcement musculaire, des étirements ; de proposer une complémentarité de prise en charge des sportives entraineur-soignant ; d’enrichir la culture du club en matière de préparation physique et de prévention.

Pendant ce temps, et dans le cadre très officiel d’une finale nationale de football organisée pour les U 13 à Capbreton par la fédération française, d’autres étudiants ont suivi deux équipes de clubs de la région Aquitaine (l’une composée de garçons, l’autre de filles). Ils ont aussi partagé durant deux jours la vie de ces deux équipes. Après avoir également traité les thèmes des étirements et des échauffements sous la forme de séances dirigées, ils se sont attardés sur la présentation des blessures spécifiques liées à ce sport, notamment avec des conseils pour les prévenir (hygiène de vie, alimentation) ou favoriser leur guérison (protocole « RICE »).

Enfin, trois projets ont été réalisés en EPHAD* en rapport avec les activités pour renforcer l’équilibre debout de la personne âgée, le relevé de chutes et le massage bien-être.

Leurs projets d’intervention ont été discutés avec les responsables de chaque Institution et les responsables de Pôle et validés par eux. Des étudiants ont ainsi réalisé des ateliers de relevés de chute ayant pour but de rassurer les personnes âgées, alors que d’autres ont proposé des séances de massage à des fins de détente et de relaxation à des personnes plurihandicapées.

L’ensemble des projets a reçu des avis très favorables de la part de tous les participants.

Les résidents des EPHAD ont ressenti un véritable bien-être et un soulagement de pouvoir se sortir de situations angoissantes telles que les chutes. Les jeunes sportifs ont modifié leurs pratiques à la suite des interventions afin de préserver leur corps sur le long terme. Enfin l’ensemble des étudiants masseurs-kinésithérapeutes de Dax a apprécié de pouvoir se mettre dans le rôle d’un patient. Chaque étudiant a ainsi pu modifier sa vision de la pratique de sa future profession.

Bilan pédagogique
Le bilan peut être observé à plusieurs niveaux. Tout d'abord, en mesure parfaite de l'implication, tous les projets ont abouti. Aucun échec, aucune déception. La restitution finale des 8 documents d'évaluation devant l'ensemble des étudiants a suscité des échanges et des débats toujours positifs, qui ont largement éclairé les compétences mobilisées par tous dans la réalisation et dans la communication. Les relations complexes avec les institutions (hôpital, EHPAD, Club sportif) ont parfaitement été appréhendées et assimilées. Quant aux compétences de communication, souvent fragiles (tant à l'oral qu'à l'écrit), malgré un déjà long parcours scolaire et universitaire, elles ont trouvé un terrain d’expression et d'apprentissage privilégié et bien concret.

Deux domaines ont encore été particulièrement valorisés :
• Le transfert ajusté des savoirs et savoir-faire et des savoir-être abordés en formation (pratiques de prévention de blessure, prise en compte de démarches éducatives vis-à-vis de personnes handicapées ; appréhension de pathologies spécifiques incontournables dans l’exercice du futur métier : Alzheimer, Parkinson…)
• La prise en compte de nouvelles représentations (à propos du handicap, à propos de la notion même de performances sportives et à propos de la prise en charge des personnes âgées).

Et pour finir, pour la petite histoire, cet enseignement qui semblait initialement marginal voire touristique au regard du cœur de métier, a judicieusement connu un rebond d’application lors de la journée d’intégration des actuels étudiants de première année. Les nouveaux arrivants à l’IFMK de Dax se sont vus proposer d’expérimenter certaines situations de handicap (visuel, physique…) pour se mettre à la place de patients dont ils auront vocation à prendre en soins durant leur cursus universitaire. Une forme de tutorat proposée par les étudiants de deuxième année !

Article rédigé par :
Noémie AGOR, Coralie BOISSIERE, Pauline CLOS-VERSAILLE, Arnaud CORDIER,
Charlène LACAZETTE, Théry MARTIN, Alizée NEIGEL, Yann NICARD, Eva ROBQUIN,
Étudiants kiné promotion 2014-2017

Avec le concours d’Eric LECERF,
Cadre de santé, formateur en charge de ce projet
et de Christian PHILIPPE,
Sociologue, formateur en charge de ce projet

            Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°8

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