Déroulement d’une consultation en libéral : On démystifie tout ça ?

Publié le 16 Jun 2023 à 13:48

 

J’ai souvent le plaisir d’accueillir des stagiaires, la plupart en 3e année, qui sont heureux de venir en libéral pour « voir comment ça se passe ». Globalement, le strabisme accommodatif sera pourtant évalué de la même façon qu’en milieu hospitalier, la réfraction se déroulera de la même manière qu’en centre ophtalmologique, mais souvent ce n’est pas l’orthoptie pure et dure qui vient vous interroger, c’est tout ce qui gravite autour.

La relation soignant – soigné qui se tisse, la danse de la carte vitale ou encore l’organisation du planning. L’idée, c’est de vous présenter les grandes lignes d’une consultation en libéral pour mieux l’appréhender, et surtout la démystifier.

Avant l’examen

On commence par accueillir le patient, et récupérer :

Son ordonnance ;

  • Sa carte vitale ;
  • La carte mutuelle, notamment si on souhaite pratiquer le tiers payant intégral.

On prend alors le temps de tout rentrer dans le logiciel de télétransmission :

Date de l’ordonnance ;

  • Praticien ;
  • Mutuelle.

Pour la plupart de nos actes, une ordonnance reste obligatoire, c’est pour ça qu’il faut toujours vérifier le fait que le patient en ait bien une, dès le début, histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise à la fi n du bilan ! Il est d’ailleurs intéressant de faire attention à qui nous envoie le patient : un ORL (peut référer un problème postural / vestibulaire), un pédiatre, un ophtalmologiste, ou encore un généraliste sensibilisé au dépistage visuel (chouette, on note bien son nom !).

Traitement

On n’oublie pas de demander s’il y a déjà eu des séances de rééducation et bien sûr l’historique ophtalmologique : à quand remonte le dernier contrôle, est-ce qu’il y a (déjà eu) un port de lunettes, etc.

Le bilan orthoptique

Voici une liste non exhaustive du déroulé d’un bilan orthoptique, qui est à adapter en fonction de la problématique de son patient et de ses propres préférences de pratique :

  • Pour le versant sensoriel :
  • Acuité visuelle
  • Vision stéréoscopique
  • Pour le versant sensori-moteur :
  • Refl ets cornéens :
    - RAS
    - Phorie
    - Phorie-tropie
    - Tropie
  • Punctum Proximum de Convergence PPC / Réflexe De Convergence RDC
  • Amplitude fusionnelle
  • Pour le versant fonctionnel lors de bilan neurovisuel :
  • Oculomotricité : NSUCO / DEM, temps de fixation
  • Exploration visuelle : barrage (BMT-I, cloches, H)
  • Perception (MVPT, KOPV, TVPS)
  • Coordination oeil-main (MABC, DTVP, NEPSY)
  • Empan visuel (EVADYS)
  • Le visuo-constructif (BMT-I, KOPV, NEPSY, DTVP)

Pour un bilan neurovisuel de qualité, et reproductible, il est nécessaire d’utiliser au maximum des tests normés. Cependant, tout cela est à ajuster en fonction des difficultés à cibler chez l’enfant et de ses capacités. Par exemple, pour un enfant présentant une déficience intellectuelle, il faudra parfois sortir des tests normés pour évaluer au mieux les capacités visuelles de l’enfant.

Après l’examen

On explique au patient les conclusions de son bilan, les objectifs d’une prise en soin si une rééducation est nécessaire. On répond à ses questions avec bienveillance, même à celle qu’on adore, du style : « du coup je n’aurai plus besoin de lunettes après les séances ? ».

Ce temps d’échange est très important, pour que le patient (et sa famille) devienne un vrai acteur de la prise en soin et qu’il ne reste pas passif ! Et oui, on aura beau rééduquer, si le port de lunettes n’est pas pris au sérieux au quotidien, le résultat ne sera pas forcément là !

Il faudra ensuite planifier les séances si besoin. Je vous conseille de toutes les programmer à l’avance afin que le patient s’organise au mieux et qu’en tant que praticien, nous ayons un maximum de visibilité sur l’agenda. N’hésitez pas à faire part au patient de votre tolérance au retard ou absences non excusées à ce moment-là.

Pour terminer, il faudra coter l’acte sur le logiciel, passer la carte vitale et demander un règlement au patient. Une fois le patient sorti de votre cabinet, ce n’est pas totalement terminé. Selon votre organisation (toute suite après le bilan, en fi n de journée, ou le week-end MISÈRE !), il faudra rédiger le compte rendu du bilan.

Je vous conseille également de planifier vos séances, spécialement en ce qui concerne la rééducation neurovision. C’est une charge mentale en moins lors de la séance, les exercices ayant déjà été choisis et planifiés en fonction des aptitudes visuelles à travailler chez le patient. D’ailleurs, pour varier vos séances, je vous conseille ces 3 sites internet :

  • eyecanlearn.com
  • pepit.be
  • tipirate.net

Le petit mot de la fi n

Allez, pas de panique, au début vous prendrez peut-être plus de temps que ce que vous souhaiteriez, surtout pour gérer la partie administrative, mais ne vous en faites pas, ça deviendra vite routinier !

N’hésitez pas à vous prévoir des plages de rendez-vous plus importantes au début, ou à faire revenir votre patient au besoin. La clé en libéral c’est vraiment de savoir organiser son temps et personnellement, j’apprends encore à le faire !

Pour terminer, l’évaluation de la vision du patient est au cœur de notre pratique et il est nécessaire de s’imposer une certaine rigueur dans son examen, d’autant plus en libéral. Cependant, il y a un autre point clé : c’est la relation soignant-soigné qui impacte grandement la qualité de soin. Il ne faut pas sous-estimer son importance. Prenez le temps d’écouter, de créer un lien de confiance, croyez-moi, votre pratique n’en sera que plus riche.

Camille FAURE
IG @camcamfaure pour me suivre au quotidien
Site web : Lesyeuxdecamille.com

Article paru dans la revue « Le magazine de la Fédération Française des Étudiants en Orthoptie » / FFEO N°01

 

 

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