Nous partons maintenant à la découverte de la MPR humanitaire à travers le témoignage de Shadi Armande, interne de MPR à Caen, qui a participé à une mission humanitaire avec l’association Majhandi, à Madagascar.
Bienvenue dans l'AJMERAMA Shadi !
Peux-tu te présenter en quelques phrases ?
Je m’appelle Shadi, interne de MPR en sixième semestre à Caen. Originaire de la région parisienne, j’ai migré en Normandie pour me rapprocher de la mer. Je suis passionnée de MPR neurologique et particulièrement des blessés médullaires et de la neuro-urologie.
Qu'est-ce qui t'a amené à t’intéresser à la branche humanitaire de la médecine ?
Mon rêve d’enfant était de faire de l’humanitaire, afin de partir aider des populations qui en ont besoin et voyager. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce métier et que j’ai commencé le projet humanitaire que je vais vous présenter ici.
Peux-tu nous expliquer ta mission et l’association qui la coordonne ?
L’association Majhandi permet de mettre en place un suivi médical et rééducatif des enfants de Madagascar atteints d’handicap moteur ou cognitif. Les enfants sont âgés de quelques mois à 16 ans environ. Concernant les pathologies rencontrées, ils présentent pour la plupart une paralysie cérébrale, et certains sont atteints de trisomie ou d’anomalies chromosomiques ou mitochondriales.
L’association propose trois missions par an et chacune dure une semaine. Elles sont réalisées aux mois de janvier, mai et septembre. Chaque nouvel enfant est rencontré initialement par Dr METTE, médecin MPR spécialisé en pédiatrie, afin de réaliser un bilan médical, rééducatif, et ainsi fixer des objectifs.
Au cours d’une mission, l’objectif sera de :
- Poursuivre le projet de rééducation et réadaptation avec le kinésithérapeute, l’ergothérapeute et l’orthophoniste, guider les parents au domicile, donner des informations sur les troubles de la déglutition et sur leur prévention (positionnement, adaptation des textures, etc.) ;
- Revoir les appareillages de l’enfant avec l’ergothérapeute et l’appareilleur : les sièges en bois, pirouettes, fauteuils roulants, orthèses, chaussures thérapeutiques, afin de les modifier ou de les refaire au besoin dans l’atelier ;
- Réaliser une consultation de médecine générale pour tous les enfants avec rappel des vaccins et fourniture de médicaments si nécessaire ;
- Réaliser des actions de prévention avec l’infirmière, à l’exemple d’atelier sur l’hygiène dentaire et des mains ;
- Proposer des ateliers parents-enfants avec la psychomotricienne.
Durant les autres mois de l’année, l’association a créé une école appelée « l’école Majhandi ». Elle permet, tout au long de l’année, d’accueillir les enfants en situation de handicap ne pouvant pas aller à l’école élémentaire classique, afin de les stimuler, continuer la rééducation à travers des techniques ludiques et également soulager la charge parentale. L’objectif est de mettre en place un suivi régulier de ces enfants dans la ville de Majunga à Madagascar.
Quels sont les différents acteurs qui participent aux missions ?
Le bureau de l’association Majhandi comprend principalement le Dr François METTE, médecin référent et créateur de l’association, Pierre LE GRAND, président de l’association qui gère l’administratif et le secrétariat, ainsi que Mireille MASINERA, qui est présente toute l’année dans l’école Majhandi et qui s'occupe de la logistique des missions.
L’équipe est pluridisciplinaire et composée de médecins MPR de tout horizon (sans être forcément spécialisés en pédiatrie), un médecin généraliste, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des orthophonistes, des orthoprothésistes, des psychomotri-ciens, des infirmières. Des bénévoles sans formation médicale réalisent également des ateliers et participent à l’organisation des missions.
Il existe aussi des éducateurs malgaches sur place lors des missions. Ils sont également présents le reste de l’année et encadrent les enfants dans l’école Majhandi avec les professeurs. Des kinésithérapeutes malgaches y participent et nous avons pour rôle de les former au cours de chaque mission. Enfin, les parents ne parlant pas souvent français, des traducteurs (étudiants en médecine malgache), sont également présents pour nous aider.
En quoi la formation de MPR a-t-elle pu contribuer à ta mission ? Peux-tu nous parler d’une action que tu as réalisée sur place ?
Le principe de cette mission est de travailler en équipe avec tous les rééducateurs présents afin de proposer la meilleure prise en charge possible aux parents, dans les limites de nos moyens. La formation de MPR m’a beaucoup aidée, car en tant que médecin rééducateur, nous nous occupons de la coordination des différentes spécialités présentes sur place.
Concernant les actions que nous pouvons réaliser, nous avons par exemple pris en charge un enfant de 13 ans, atteint de paralysie cérébrale, non marchant, qui allait à l’église chaque dimanche avec ses parents. Les transferts voiture et le déplacement de la voiture vers l’église étaient réalisés par son père et son oncle avec beaucoup de difficultés. Nous avons donc confectionné un siège en bois (type corset-siège) que l’on a fixé sur un fauteuil roulant manuel de petite taille (adapté aux passages des portes) afin de lui permettre d’effectuer ses sorties hebdomadaires.
Quels sont les difficultés rencontrées dans la préparation d'une mission ?
On peut en rencontrer de différentes sortes, je pense surtout au manque de temps, car la durée d’une mission est très courte. Le manque de moyen est également présent. Afin de se préparer au mieux, des dossiers sont préparés en amont afin de se répartir les différentes tâches prévues.
Comment diriger les médecins qui seraient intéressés pour faire de la MPR humanitaire dans cette association ? Penses-tu qu'une mission puisse être réalisable durant l'internat ?
Comme ces missions ne durent qu’une semaine, il est tout à fait possible de les réaliser pendant l’internat. Si vous êtes intéressés par ces missions, ou si vous souhaitez suivre l’association, vous pouvez nous retrouver sur le site majhandi.com.
On y retrouve des rapports de mission détaillés que vous pouvez lire afin d’avoir des informations sur ce qui est fait sur place au cours de chaque mission. Pour candidater pour réaliser une mission, vous pouvez envoyer un mail à [email protected].
Il s’agit d’une bonne alternative aux missions humanitaires existantes. Il faut rappeler que pour réaliser des missions, la plupart des organismes (en particulier les grandes ONG) demandent maintenant des médecins thèsés et ayant de l’expérience dans l’humanitaire pour pouvoir partir.
Vous pouvez également parrainer un enfant en faisant un don à l’association ! Cela servira à la fourniture du matériel nécessaire pour les futures missions, ainsi que le financement de certains soins pour des enfants qui en auraient besoin.
Quels sont tes projets futurs ? As-tu des missions en préparation ?
Je souhaiterais travailler dans un centre de MPR neurologique et partir de temps en temps faire des missions humanitaires en parallèle. Pour le moment, je suis encore interne et je compte repartir avec Majhandi pour une mission prévue en septembre.
Un grand merci Shadi pour ce témoignage sur ce parcours humanitaire ! Si tu souhaites toi aussi nous faire partager ton expérience, n’hésite pas à nous contacter à [email protected] afin de participer aux prochains numéros !
Justine TREBUCQ
Article paru dans la revue « Association des Jeunes en Médecine Physique et de Réadaptation » /AJMERAMA N°05