Covid19, la suite… et pour quand la fin ?

Publié le 31 May 2022 à 16:04

  Covid19, où en sommes-nous en France et en chiffres ?

Au moment de finaliser cet article le 30 mai 2021, la pression hospitalière liée à l’épidémie COVID confirme sa diminution, avec 2 900 patients hospitalisés de moins que la semaine précédente et 500 de moins pour les seuls lits de soins critiques/réanimation.

Cette diminution confirme la diminution du nombre de cas diagnostiqués par jour et la diminution du taux de positivité des tests réalisés. Ainsi le taux d’incidence exprimé en nombre de cas par semaine se retrouve maintenant à 99/100 000 habitants (le seuil d’alerte étant toujours fixé à 50/100 000), le taux de positivité des tests est à 3,23 % (estimé bas et stable) et le taux de reproduction R de l’épidémie, exprimant le nombre de personnes contaminées par un malade, est à 0,87 (estimé modéré et stable, au-dessus de R=1, l’épidémie progressant). L’indicateur de tension hospitalière, c’est-à-dire le nombre de lits de réanimation occupés par les patients Covid19 par rapport au nombre de lits disponibles fin 2018, est à 58,8 % (modéré et en baisse).

Le site CovidTracker France vous permet de suivre tous les indicateurs de l’épidémie de Coronavirus et la maladie associée, le Covid19, en France et dans ses régions. Les données sont issues de Santé Publique France et de l’INSEE, avec une mise à jour des graphiques automatique tous les jours vers 19h30. https://covidtracker.fr/covidtracker-france/

Le nombre total de morts imputables au SARS-CoV2 en France depuis le début de l’épidémie s’élève, au 30 mai 2021, à 109 387, dont plus de 81 000 sont survenus à l’hôpital.

Sur le graphique des courbes de mortalité journalière comparatives depuis l’année 2017, on peut voir l’impact de l’épidémie sur 2020 et 2021, par rapport aux décès prévisibles en comparaison des années précédentes.

Enfin en ce qui concerne le taux de vaccination, celui-ci poursuit sa progression avec plus de 25 millions de français qui ont reçu au moins une injection, soit 37,8  % de la population totale, et plus de 10,7 millions les deux injections (16 % de la population).

Nombre de décès quotidiens en France, toutes causes confondues à partir de l’année 2017
On peut voir en 2020 les deux premières vagues et en rouge l’impact de la troisième vague de mars à mai 2021
Par Wikistatistik - Travail personnel, CC BY-SA 4.0

A l’issue de cette « troisième vague » quelle est la situation hospitalière ?
Tout d’abord, depuis le deuxième pic hospitalier (« deuxième vague ») de novembre 2020, la France avait l’espoir de se maintenir à un plateau résiduel d’hospitalisations, certes élevé et plus ou moins houleux, avec une nouvelle ascension fin janvier 2021, puis une petite décroissance hormis en réanimation/soins critiques. Malheureusement la re-ascension globale des hospitalisations et la poursuite de l’ascension des cas en réanimation, a légitimé la reprise de mesures de confinement à partir de fin février 2021 et leur durcissement à partir du 20 mars. On peut maintenant considérer que le pic hospitalier de cette « troisième vague » est survenu fin avril-début mai, en fonction des régions.

Mais en fait de « troisième vague », il faut bien comprendre que la pression hospitalière liée au Covid19 a été permanente depuis fin octobre 2020 et qu’elle s’est ajoutée à la pression hospitalière non-Covid qui est redevenue habituelle, et avec certaines situations plus sévères à gérer notamment en cancérologie, en psychiatrie et pour les maladies cardio-vasculaires aiguës. Sans compter que certaines activités hospitalières n’ont pu totalement reprendre depuis la première vague en raison des contraintes de personnel, et que d’autres activités ont été temporairement mises en attente pour permettre aux unités de médecine Covid19, parfois transformées en véritables unités de surveillance continue post-urgences, et surtout aux services de réanimation, de pouvoir fonctionner. La « déprogrammation » ou plutôt une programmation rationalisée voire une reprogrammation ultérieure, ainsi que la réaffectation de personnel ont donc été de mise au moment le plus critique de cette troisième vague. Cependant depuis la constatation et la confirmation de cette « décrue », les différentes activités mises en attente, ont pu reprendre progressivement au gré des réorganisations et surtout de la disponibilité des personnels.

Mais en fait de « troisième vague », il faut bien comprendre que la pression hospitalière liée au Covid19 a été permanente depuis fin octobre 2020 et qu’elle s’est ajoutée à la pression hospitalière « non-covid »

Malgré toutes les difficultés et l’impact humain non négligeable sur des personnels hospitaliers en grande difficulté bien avant l’épidémie, l‘hôpital public a montré avec le Covid19 la quintessence de ce qu’il pouvait et savait faire. Certains secteurs ont même quasi doublé leur capacité, comme les secteurs de réanimation/soins critiques et les secteurs de médecine aiguë non programmée impliqués. D’autres, comme les laboratoires de biologie par exemple ont dû s’adapter à une nouvelle demande. Le pilotage hospitalier a même été souvent plus direct, plus fluide. Qui s’en plaindrait ? L’hôpital a donc été à géométrie variable, mais avec comme maître mot initial le fameux « quoi qu’il en coûte ! ». Le SÉGUR dans cet esprit de géométrie variable a même prévu à l’avenir 4 000 lits sur toute la France, d’unités « saisonnières ».

Nous avons donc été mis à l’épreuve. Il y aura malheureusement d’autres épreuves, mais peut-être différentes d’une épidémie virale. Le risque terroriste est toujours réel. Les risques nucléaire et chimique ne sont pas à négliger. Mais surtout ce qui est le plus prévisible au moins quantitativement par la forme de la pyramide des âges en France, c’est que la véritable « épidémie à venir » est celle liée à l’augmentation des maladies en conséquence directe du vieillissement de la population. Nous devons donc avoir une réflexion collective sur l’évolution des besoins médicaux hospitaliers pour nous adapter aux nécessités épidémiologiques. L’hôpital public avec toutes ses compétences professionnelles a montré qu’il pouvait répondre présent, surtout dans l’urgence, si on ne l’étouffe pas avec une contrainte budgétaire inversement proportionnelle au nombre de missions et à leurs exigences légitimes de qualité, qu’on lui rajoute annuellement.

Dans l’immédiat assurons-nous de bien sortir de cette épidémie, et continuons à nous adapter au choix politique d’un confinement variable et adaptatif, humainement et économiquement acceptable, en misant sur une sortie de crise grâce à une rapide vaccination de masse, à la différence de nombre de pays asiatiques, qui ont certes pu rapidement mettre en œuvre un confinement dur, mais qui semblent être en retard en ce qui concerne la vaccination.

Il existe encore beaucoup de questions et d’inconnues notamment sur l’immunité collective, sur la survenue de nouvelles vagues de contamination par certains variants ou même sur l’impact de ces variants sur l’efficacité vaccinale. La tendance actuelle d’une très nette décrue va-t-elle nous laisser passer un nouvel été tranquille ? La vaccination de masse permettra-t-elle d’éviter une nouvelle vague de contaminations à la rentrée, voire de contrôler durablement l’épidémie ? L’impact sur la santé de certaines populations, des conséquences de la crise économique sanitaire engendrée, va-t-elle retentir sur le système de soins ?

Dr Eric OZIOL
Secrétaire Général du SYNDIF
Représentant suppléant de l’INPH au CSPM
Chef de service de médecine interne
Vice-président de la CME
Centre Hospitalier de Béziers

Article paru dans la revue « Intersyndicat National Des Praticiens D’exercice Hospitalier Et Hospitalo-Universitaire.» / INPH n°21

 

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