Communiqués de presse : Les Présidentielles

Publié le 20 Jun 2022 à 14:45


Le Syndicat des Jeunes Médecins Généralistes appelle les candidat-es de gauche à la présidentielle de 2022 à se positionner en faveur de l'accès aux soins pour toutes et tous, pour un système de santé accessible pour toutes et tous, avec moins d'inégalités et de discriminations, pour un hôpital public en meilleure santé et de meilleures conditions d'études et de travail pour les professionnelles de santé, pour un véritable service public de santé.

Nous avons sélectionné dix propositions que vous trouverez ci-dessous qui nous paraissent prioritaires pour relever les défis conséquents auxquels fait face notre système de soin, déjà avant la pandémie et encore plus aujourd'hui.

Les sujets de santé, fondamentaux dans nos sociétés, impactent tous les aspects de nos vies et d'autant plus depuis la pandémie et devraient être au cœur du débat public. Force est de constater qu'ils ne le sont pas. Que nos hôpitaux délaissés et dégradés par les différentes politiques gouvernementales de restriction budgétaire depuis des décennies, continuent de sombrer, les professionnel-les de santé de sombrer avec, burn out mais aussi violences sexuelles et sexistes dans un milieu très sexiste comme nous le denoncions dans une précédente tribune. Pour que les patient-es ne soient plus traité-es comme iels le sont aujourd'hui, mais puissent bénéficier de prise en charge de qualité, sans inégalités ni discriminations, en étant au cœur de leur parcours de soin, co-décisionnaires et non plus dans un rapport de domination, et sans retard de soin.

Nous avons donc sélectionné comme dit plus haut dix mesures prioritaires dont voici le résumé rapide. Vous trouverez le détail de chaque proposition sur notre site internet.

Concernant le système de santé
1. Fin de la politique d'austérité à l'hôpital : abolition de la tarification à l'acte et reprise de la dette hospitalière par l'État, revalorisation salariale des paramédicaux.
2. Extension du corps des PH (praticien-nes hospitalier-es) à l'exercice à temps complet en ville et création de centres de santé publics pour un vrai service public de santé sur tout le territoire.

Concernant les conditions de travail des soignant-e-s
3. Limitation du temps de travail à 12h consécutives y compris pendant les gardes.
4. Réduction des risques psycho-sociaux des étudiant-e-s en médecine : Décompte des horaires des étudiant-e-s, retrait d'agrément des stages en cas de harcèlement.

Concernant l'accès aux soins et la qualité des soins 
5. Investir dans l'accessibilité aux soins : gratuité des soins urgents, accessibilité PMR aux lieux de soins, élargissement des actes de l'AME, interprétariat amélioré, interdiction des dépassements d'honoraires.
6. Lutte contre les discriminations en santé : intégration au cursus des étudiant-e-s, intervention de patient-e-s dans la formation aux professionnel-le-s.
7. Abandon des mesures de contention et d'isolement en psychiatrie, suspension voire interdiction d'exercer des soignant-e-s reconnu-es coupables de violence envers les patient-e-s.

Concernant les conditions de vie des malades et handicapé-e-s
8. Améliorer les conditions de vie des malades chroniques et handicapé-e-s : Désindexation AAH des revenus du conjoint, augmentation de toutes les allocations et pensions, exonération complète des ALD 31, suppression du délai de carence des arrêts maladies.

Concernant l'industrie pharmaceutique et la recherche 
9. Réinvestissement dans l'industrie pharmaceutique du secteur public : Filières françaises de production, indexation des prix des médicaments sur le coût de fabrication.
10. Reprise en main de la recherchée médicale par le secteur public : Financement de la recherche pour toutes les maladies, indépendament du coût rapporté par les traitements, assurer la recherche sur les maladies rares

Nous appelons les candidat-es à faire de la santé une priorité dans les débats et prises de positions publiques. Nous souhaitons que ce thème soit enfin mis au centre de la campagne et appelons par ce communiqué de presse les candidat-es de gauche à s'engager concrètement sur des mesures en faveur de la santé pour toutes et tous, pour des politiques ambitieuses pour le système de soins et les malades.

Déserts médicaux et accès aux soins

Un constat en aggravation
Le 31 mars 2022, l'ARS a communiqué la nouvelle carte de zonage des déserts médicaux.

On y observe que 96,3 % de la population francilienne vie dans un territoire sous-dense et seule 3,7 % de cette population a accès à un médecin dans des bonnes conditions.

Parmi ces zones, on distingue 3 rangs :
• ZAC : zone d'action complémentaire qui représente 33,9 % de la population francilienne (contre 39,5 en 2018 lors de la cartographie précédente). Ces zones sont des "pré" déserts médicaux, où des actions doivent être menées pour éviter leur basculement complet.
• ZIP : Zone d'intervention prioritaire, les déserts médicaux, qui représente 62.4 % de la population francilienne (contre 37.6 % en 2018).

On y constate aussi le basculement de nombreuses ZAC en ZIP entre 2018 et 2022.

À titre de comparaison, la cartographie en région Bretagne en 2020 retrouvait :
• 10.9 % de la population en ZIP.
• 32.2 % de la population en ZAC.

Concernant l'Îl-de-France, il a cette année été créé une catégorie ZIP +, où la situation et l'accès aux soins sont considérés encore plus difficiles.

Là où les ZIP bénéficient d'aides financières à l'installation et au maintien, les ZIP + sont aidées pour accueillir les étudiants en médecine et créer des structures d'exercices en commun.

La désertification médicale représente un danger pour les soignant-es comme les patient-es. D'un côté, un important risque de surmenage professionnel et une patientèle trop conséquente. De l'autre, une grande difficulté à trouver de nouveau médecin-e traitant-e lorsque le besoin se présente.

La prise en charge morcelée nuit au bon diagnostic comme au suivi des pathologies chroniques et à la coordination entre professionnel-les ; la surcharge des praticien-nes entrave leur capacité à réaliser des consultations d'urgence, avec les conséquences que l'on connaît sur les structures hospitalières.

Les pistes que nous soutenons pour améliorer l'accès aux soins 
Nous proposons :
• Le développement des dispositifs "infimier-es de pratique avancée" ou "infirmier-es Asalée", qui accroissent le champ d'action de ces professionnel-les notamment dans l'accompagnement aux modifications thérapeutiques du mode de vie et par la réalisation d'éléments médicaux ne nécessitant pas le recours à un médecin.
• La meilleure répartition des tâches entre professionnel-les de soin, incluant les professionnel-les de santé médicaux et paramédicaux, en réévaluant quels actes doivent rester sous la seule responsabilité du médecin.
• La constitution d'un service public de soins primaires reposant sur la création de centres de santé avec des professionnel·les salarié·es, pour lesquels l'ouverture de nouveaux postes serait basée sur les besoins estimés pour le territoire.
• L'augmentation des capacités d'accueil des facultés formant ces professionnel-les, suppression du numerus apertus, ainsi que la création de la licence santé tant promise. De même, l'ouverture de plus nombreux stages en ambulatoire afin d'offrir une formation pratique diverse et sans surnombre sur les lieux de stage.
• Réduire les inégalités d'accès aux études de médecine en s'attaquant aux déterminants connus de l'abandon avant et pendant les études, ici (mais évidemment pour d'autres raisons aussi) car 60 % des jeunes médecins considèrent la proximité familiale comme un élément majeur de leur choix d'installation. (source : https://cutt.ly/kJKSONE).
• La création d'instances incluant soignant-es et soigné-es pour que les concerné-es soient au cœur des prises de décision qui les concernent notamment concernant la réflexion sur que faire vis-à-vis des déserts médicaux.
• Réduire la charge adminstrative des médecin-es, notamment par la suppression de tâches dont l'objectif principal est celui du contrôle a priori du bien-fondé des dépenses : bons de transport, certificats enfant malade... Et simplification des démarches administratives les plus coûteuses en temps.
• Proposer, comme sur le modèle du CESP proposé aux étudiant-es en médecine, d'assurer une rémunération aux étudiant-es en santé de toutes les filières, aussi bien médicales que paramédicales s'ils s'engagent à assurer une période en zone de désert médical de leur choix.

Nous ne proposons pas :
De forcer l'installation en zone sous-dotée. Les internes sont en formation et doivent être considérés dans leur qualité d'étudiants avant d'être des employés du service public. L'obligation d'installation sur un temps court précarise les projets de vie de ces soignant-es, et n'offrirait pas une meilleure continuité des soins pour les patient-es qui en bénéficieraient puisqu'il entraînerait un changement de médecins tous les 6 mois. Nous ne voyons, enfin, aucune raison qui justifierait qu'on oblige le déplacement des médecins sur le seul critère d'âge.
• De mesures incitatives sur le modèle existant, qui ne semble pas améliorer la répartition des médecins sur le territoire.

Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°33

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