Billet d'humeur

Publié le 27 May 2022 à 13:53

A la réflexion, la déprofessionnalisation de notre métier se poursuit rapidement depuis plus de 50 ans. C’est un processus au cours duquel les frontières du champ dans lequel un groupe professionnel exerce son activité, sont réduites, ouvertes ou abolies, rappelons nous la médecine physique en 1965, la psychomotricité et l’ergothérapie en 1974, les Apa en 1991 et récemment l’ostéopathie en 2004.

Une question reste toujours sans réponse.Quel est l’objet de la kinésithérapie? Il est urgent de consolider, si celaest encore possible, les frontières pourque la clientèle cesse d’être sous l’emprised’autres groupes.

La profession est à la recherche d’un savoir spécialisé qui lui est propre. Lemonopole de 1946 a totalement disparu.Massage et gymnastique médicale ontété accaparés par d’autres métiers.La déclaration de l’autonomie reste encoreune injonction sans résultat en sonabsence, le choix est cornélien. Quelledomination choisir ? Celle du médecinspécialiste ou celle de l’infirmière ?

L’universitarisation, qui est une voie nouvelle,est loin d’être mise en place. Denombreux problèmes qui n’ont pas étéabordés vont se poser notamment celuidu financement. Offrira-t-elle le développementde ce savoir théorique et spécialiséqui sous-tendrait la profession ?Quelle est la discipline scientifique sur laquelles’appuie le métier ? Des exemplesexistent dans d’autres activités, la linguistiquepour l’orthophonie ou encore lapsychologie pour la psychomotricité. Lacinésiologie pourrait être celle qui soustendraitle notre mais hélas partagée pard’autres.Ces remarques conditionnent l’organisationde la formation qui devrait s’appuyersur une sélection qui lui est propre, laPAES ou la 1ère année de STAPS sontellesla voie d’excellence pour notre formation? La réingénierie de la formation,si elle a été productive, ne devrait-ellepas être revisitée pour qu’elle soit véritablementefficiente ? La formation possèdeun rôle légitimateur de la production,de la diffusion et de l’utilisation dessavoirs, elle est surtout la source de laconstitution d’une identité commune.Or, elle est loin d’être partagée par lesgroupes professionnels présents. Leurscompositions sont d’une hétérogénéitéinénarrable, certains représentants sont« multicartes » ce qui peut expliquer lesatermoiements et reculades des ministèresde tutelle.

Jacques MONET
Directeur de l’Ecole de kinésithérapie de Paris

                 Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°3

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