Avenir de la chirurgie robotique - Ce n’est pas facile de sortir de la culture Da Vinci

Publié le 24 May 2023 à 12:52

Point de vue du Pr Pascal Alexandre Thomas,
chef de service de chirurgie thoracique à l’AP-HM

 

Comment avez-vous vu évoluer la chirurgie assistée par robot ?

P-A. Thomas.- Le premier robot est arrivé dans mon établissement en 2013 à l’initiative des chirurgiens urologues. Le modèle de fonctionnement était celui d’une utilisation mutualisée. Ce qui semblait un bon choix au départ est aujourd’hui une contrainte car le robot n’est pas disponible tous les jours selon sa spé. Il faut donc faire des choix stratégiques.

Les industriels sont-ils trop présents selon vous ?

P-A T.- Oui, et j’irai même plus loin, il y a une politique commerciale extrêmement agressive des industriels avec une saturation de l’offre. Car finalement, tous les établissements qui pouvaient se doter d’un robot l’ont fait et doivent aujourd’hui le « rentabiliser ».

À l’AP-HM par exemple, nous avons 3 robots et je ne verrai pas le quatrième, pouvant offrir une option technologique différente du système Da Vinci, arriver avant ma retraite.

Qu’aimeriez-vous changer dans votre manière d’exercer la chirurgie robotique ?

P-A T.- J’aimerais que l’on démystifie l’outil robotique. Le robot est actuellement « sanctuarisé » dans une salle à part, avec une équipe spécialement formée.

Même l’atmosphère y est à part ! J’aimerais plus de souplesse dans la disponibilité de l’outil, car la mutualisation excessive est une contrainte. Dans ma discipline, les pratiques chirurgicales sont en pleine évolution, avec en particulier la diffusion des résections infralobaires (segmentectomies pulmonaires) complexes pour le traitement de certaines formes limitées de cancer du poumon. Elles seront probablement le champ de développement dominant de la robotique en chirurgie thoracique.

Article paru dans la revue « Revue du jeune chirurgien thoracique, cardiaque et vasculaire » / AJCTCV N°1

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