Articles d’internes : les CUMP

Publié le 25 May 2022 à 21:01


Cellules d’urgence médico-psychologique

Les Cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP) sont une spécificité française.
Le dispositif d’urgence médico-psychologique a été constitué dans les suites de l’attentat du 25 juillet 1995 de la station RER Saint- Michel, afin d’assurer la prise en charge des victimes confrontées à un événement psychotraumatisant.

Composées de psychiatres, de psychologues et d'infirmiers spécialement formés à l'action d'urgence, elles accueillent les personnes suite à un événement traumatisant, afin de permettre d’éviter l’installation des troubles de stress posttraumatique.

Lors des événements récents d’attentats ces dernières années, ce dispositif a été évoqué de nombreuses fois par les médias. Cependant, les missions ne se limitent pas à ces situations et les interventions sont bien plus diverses.

Nous sommes allés à la rencontre de Marie-Claude FRENISY, coordinatrice CUMP 21 et CUMP Bourgogne afin d’en savoir davantage sur ce dispositif.

Depuis quand participez-vous au dispositif de la CUMP ? Quelle a été votre motivation initiale ?
Je fais partie du dispositif de la CUMP depuis 1999. De 1999 à 2004, j’ai été volontaire à la CUMP 21 (Côte d’Or). Il y a ensuite eu une création de poste pour faire partie de l’équipe permanente régionale Bourgogne, poste que j’occupe depuis 2004.

Avant d’être psychologue, j’ai travaillé pendant une vingtaine d’années en tant qu’infirmière en réanimation chirurgicale, actuellement appelée réa neuro-traumato. Je travaillais également pour le SAMU. J’ai toujours été intéressée par ce qui avait un lien avec les urgences.

Pendant ma formation de psychologue, je continuais à travailler en tant qu’infirmière. Il m’a alors semblé évident de participer à la création de cette cellule d’urgence.

Mon collègue Jean-Baptiste GUIMIER a intégré le dispositif depuis bientôt un an.

Coordinateurs CUMP 21 et CUMP Bourgogne-Franche-Comté :
• Pr Irène FRANCOIS-PURSSELL – Médecin Psychiatre, addictologue, légiste.
• Marie-Claude FRENISY – Psychologue clinicienne, docteur en Psychologie.
• Jean-Baptiste GUIMIER – Psychologue

Quelle est l’organisation des CUMP en France ?
Il y a une cellule par département.
Par région, il y a une cellule permanente.
Il y a ensuite un niveau zonal, les zones étant calquées sur les anciennes zones de défense militaire.
Et finalement, on trouve un niveau national.

Au niveau national on trouve un psychiatre coordonnateur et une adjointe de coordination, qui travaillent en lien avec l’EPRUS. L’EPRUS, c’est la réserve sanitaire du Ministère de la Santé, basée sur Paris, pluridisciplinaire, et pouvant être mobilisée pour renforcer un établissement de santé en situation de crise ou effectuer des missions en international.
A ce moment-là, des personnels de la réserve sont envoyés en renforts. Dans cette réserve sanitaire on peut trouver des chirurgiens, des anesthésistes, des psychiatres, des psychologues, des ambulanciers, des hygiénistes, des laborantins,… En fonction de la situation, l’EPRUS envoie les volontaires qui répondent à la demande. Il y a un lien entre l’EPRUS et le niveau national des CUMP.

L’EPRUS (Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) est une agence française de sécurité sanitaire et un établissement public administratif sous tutelle du ministère de la Santé français créé en Elle devient l’équipe de préparation et de réponse aux urgences sanitaires en mai 2016.
Elle a deux fonctions essentielles : gérer la réserve sanitaire d'une part, gérer les stocks stratégiques de produits de santé d'autre part.

Par exemple, si un événement a lieu à Dijon, c’est la CUMP 21 qui gère.

Si l’événement touche Dijon (21) et la Saône-et-Loire (71), cela est géré par l’équipe permanente régionale, qui va coordonner les cellules des 2 départements concernés.

Si une grande région est touchée, la Zone va coordonner les différents référents régionaux, qui eux-mêmes vont coordonner les différents départements de leur région.
Et s’il s’agit d’un événement de plus grande ampleur, comme lors des événements à Nice par exemple, ou au Bataclan à Paris, c’est depuis le quais d’Orsay à Paris que va s’organiser le renfort des cellules d’urgence médico-psychologique.

L’EPRUS peut aussi gérer l’international. Par exemple si des ressortissants français sont touchés par un attentat, ou un tsunami, ou pour les rapatriements dans les pays en temps de guerre, on peut dans ce cas envoyer des psys des CUMP accompagner les rapatriements.

Il existe également des cellules départementales renforcées. Ceci concerne une dizaine de départements français. Ces départements ont un taux de population très important, comme Paris (75) ou alors comportant des entreprises présentant un risque dangereux, par exemple les entreprises classées SEVESO, chimiques, nucléaires, etc. Comme il y a davantage de risques de catastrophe, ces cellules départementales renforcées sont comme une cellule permanente régionale au niveau du personnel

La directive Seveso regroupe une série de directives européennes qui imposent aux États de l'Union européenne d'identifier les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs, appelés « sites SEVESO », et d'y maintenir un haut niveau de prévention. Cette directive tire son nom de la catastrophe de Seveso qui eut lieu en Italie en 1976. Les établissements industriels sont classés « Seveso » selon leur aléa technologique en fonction des quantités et des types de produits dangereux qu'ils accueillent.

Dans les cellules départementales on trouve un psychiatre référent, qui sera mobilisé s’il y a une intervention, et qui doit créer une liste de volontaires psychiatres, psychologues ou infirmiers. Lorsque la CUMP est déclenchée, le psychiatre référent ou les psychologues coordinateurs sollicitent les volontaires de la liste qui travaillent dans les hôpitaux etc. et ceux-ci se rendent disponibles.

Des conventions sont établies entre le SAMU et les établissements où travaillent habituellement les volontaires, permettant à ces derniers de pouvoir se détacher de leur poste pour les interventions. A la fin de leur intervention, les volontaires repartent dans leurs services respectifs.

A noter, que ce sont des Volontaires et pas des Bénévoles.
Tout ce qui est fait est pris sur le temps de travail.

La cellule permanente est constituée d’un mi-temps de psychiatre, qui est référent régional, un mi-temps psychologue et un mi-temps secrétaire.

Ici à Dijon, le Pr FRANÇOIS-PURSSELL assure 20 %, complété par 2 psychologues à 50 %, ainsi que 10 % de secrétariat.

Comme on est positionnés sur Dijon, on gère la CUMP 21, mais on coordonne également les 3 autres cellules des 3 départements de Bourgogne (58, 89, 71). On va donc les aider à former des volontaires, organiser des journées nationales, des colloques, faire le lien avec le niveau national… On peut également venir en renfort lors d’interventions sur ces autres départements.

En Zonal, il y a un psychiatre en lien avec l’ARS zonale, qui établit plutôt des plans, par exemple pour pallier les grosses catastrophes. Ce sont eux aussi qui chapeautent les régions de leur zone. Dijon fait partie de la zone Grand-Est


Source : social-sante.gouv.fr

Au niveau régional, la question se pose suite aux regroupements de régions. Par exemple, ici on est « Bourgogne-Franche-Comté » maintenant. Il y a actuellement une CUMP régionale à Dijon et une CUMP régionale à Besançon. Ils devront fusionner, mais à l’heure actuelle, on ne sait pas si ce sera Dijon ou Besançon qui prendra le statut de CUMP régional. Celui qui ne sera pas régional deviendra CUMP renforcée. L’équipe permanente sera donc conservée, mais elle devra rendre compte à la région.

Créées à partir de 1956, au nombre de 27 en 2015, les régions françaises sont au nombre de 18 depuis le 1er janvier 2016 : 12 régions de France métropolitaine, auxquelles s'ajoutent la Corse, et 5 régions d'Outre-Mer

Qui sont les volontaires de ce dispositif ? Comment se déroule leur formation ?
Normalement, les personnels volontaires pour rentrer dans la cellule sont soit des psychiatres, des psychologues ou des infirmiers travaillant en milieu psychiatrique. Beaucoup de nouvelles circulaires et arrêtés sont sortis suite aux derniers attentats, dans un but de renforcer le dispositif. Les psychiatres étant peu disponibles, on a suggéré que les internes de psychiatrie entrent dans le dispositif.

C’est la première année que les internes sont intégrés à ce dispositif ici à Dijon. Ceux-ci viennent d’ailleurs de finir la formation, qui a duré 3 jours. Ici la formation est assurée par Jean-Baptiste GUIMIER et moi-même.

Dès le début de la création du dispositif, des formations ont été dispensées à Paris aux référents, qui s’occupent ensuite de former à leur tour les volontaires.

Un nouveau référentiel vient de sortir, abordant davantage les spécificités des risques d’attentats. Il faudra peut-être rajouter 2 jours de formation supplémentaires pour que les volontaires se mettent à jour. Tous les nouveaux volontaires auront d’emblée 5 jours de formation.

Avez-vous remarqué un changement compte tenu du contexte récent (attentats) ?
C’est sûr qu’à partir des attentats récents, on a eu un certain nombre de demandes de personnes qui voulaient rentrer dans la CUMP, parce qu’ils étaient sensibilisés.

Au niveau de la CUMP 21, on n’est pas loin d’une quarantaine de volontaires. D’un autre côté, comme nous sommes un département plutôt tranquille, il n’est pas nécessaire d’avoir 100 volontaires, qui n’interviendront jamais. On a donc mis en stand-by ces nouvelles demandes, qui seront intégrées au départ de certains volontaires actuels. On privilégie un nombre moyen de personnes, mais plutôt bien formées.

Des changements importants ont eu aussi lieu concernant la prise en charge des victimes d’attentats, avec la parution de nouvelles circulaires, de nouvelles directives pour le suivi : on doit se mettre en lien avec les associations d’aide aux victimes, enregistrer les victimes d’attentats sur des applications dédiées, et qui nécessitent donc des formations spécifiques… Des groupes de travail se sont organisés au niveau national pour réfléchir au moment où l’on doit déclencher le dispositif, revoir les missions, les plans d’action, promouvoir les formations, les adapter afin qu’elles abordent également les spécificités des risques d’attentats…

Avec le niveau régional, il faudra qu’on informe les départements, qu’on les aide à mettre en place tout ça. Il va y avoir des comités locaux de suivi des victimes, qui se font avec les préfectures et dans lesquels nous serons impliqués.

Maintenant, on travaille de manière plus étroite avec le SAMU pour participer à l’écriture, sur le plan médico-psychologique des plans blancs, des plans NOVI (nombreuses victimes). On fait partie d’un groupe où l’on se réunit une fois par mois.

Il ne faut pas oublier également que la CUMP est une unité qui appartient au SAMU : on porte les tenues du SAMU, ils assurent notre logistique (on utilise leurs véhicules lors de nos déplacements, on a nos locaux parmi eux à côté de la régulation).

 Le Plan blanc, est un plan spécifique d’urgence sanitaire qui peut être mis en place dans les établissements de santé publics et privés. Il contient des mesures d’organisations destinées à faire face à une situation sanitaire exceptionnelle ou une activité accrue d’un hôpital. Il permet d’organiser l’accueil et la prise en charge d’un afflux massif de victimes d’un accident, d’une catastrophe, d’une épidémie ou d’un événement climatique meurtrier et durable.

Le Plan Novi, autrefois appelé plan Rouge, est un plan d'urgence destiné à secourir un nombre important de victimes dans un même lieu et à organiser les moyens de premiers soins par rapport à cette concentration des victimes. Le terme « Novi » est l'abréviation de « nombreuses victimes » ; on parle aussi de « situation avec de multiples victimes ».

Intervenez-vous beaucoup en Côte d’Or ? Dans quels contextes par exemple ?
On effectue entre 15 et 20 interventions par an en Côted’Or.
Lors des 2 années précédentes, on est également allés en renforts sur Nice et sur Paris

L'attentat de Nice est une attaque terroriste islamiste au camion-bélier, qui s'est déroulée à Nice dans la soirée du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais.
L'attaque a causé la mort de 86 personnes et fait 458 blessé.

Les attentats du 13 novembre 2015 sont une série de fusillades et d'attaques-suicides perpétrées dans la soirée à Paris et dans sa périphérie par 3 commandos distincts. Cette série d’attaque a été revendiquée par l'organisation terroriste État islamique (Daech).
Une première attaque a lieu à Saint-Denis, aux abords du stade de France, où se jouait un match amical de football France-Allemagne.
3 terroristes se sont fait exploser dans un attentat-suicide. D'autres attaques ont ensuite lieu à Paris, dans plusieurs rues des 10e et 11e arrondissements, où 3 individus ont mitraillé des terrasses de cafés et de restaurants.
L'attaque la plus longue et la plus meurtrière a lieu dans la salle de spectacle du Bataclan, où 1500 personnes assistaient au concert du groupe américain de rock Eagles of Death Metal et où 3 autres djihadistes ouvrent le feu sur le public.
Le bilan officiel des victimes fait état de 130 morts et de 413 blessés hospitalisés, dont 99 en situation d’urgence absolue.

Le reste des interventions plus classiques, avec plusieurs victimes ou bien plusieurs témoins :
> Dans le cadre professionnel, devant les collègues de travail : accident du travail grave ou mortel, arrêt cardio-respiratoire, découverte d’un suicide sur le lieu de travail ;
> Dans le milieu scolaire : un accident de la voie publique devant la sortie de l’école, agression grave dans l’enceinte de l’établissement ;
>
Événements à fort retentissement psychique, malgré un nombre moindre de victimes : braquage, agressions graves (coups de couteau par exemple) à la Poste, à la banque, des caissières de grandes surfaces ;
>
Accidents de la voie publique de grande ampleur : carambolage, accident de bus ;
>
Incendie de grande ampleur touchant plusieurs personnes, d’un immeuble par exemple ;
>
Lors d’un décès avec intervention sans succès du SAMU, on peut intervenir après l’incident pour prendre en charge tous les témoins.

Il ne faut pas oublier que l’on prend en charge les proches, les impliqués, les témoins mais également les sauveteurs (équipe SAMU, pompiers, gendarmes,…).
On ne prend pas en charge un incident qui concerne moins de 4 personnes en général.
On intervient en immédiat (jusqu’à 36-48h) et en postimmédiat (jusqu’à un mois). On est joignable 24h/24, 365 jours par an pour les interventions.
Après, on doit préparer les relais ultérieurs, pour orienter les gens s’ils ont encore besoin.
En tant que cellule permanente régionale on effectue également des consultations psycho-traumatiques.

C’est là où on reçoit des personnes en individuel, parfois sans lien avec un déclenchement CUMP antérieur. Par exemple si une personne a eu un accident de voiture, qu’elle a renversé quelqu’un, qui est finalement décédé, qu’elle passe aux urgences et qu’elle va vraiment trop mal, elle peut être orientée vers la psychologue des urgences ou vers nous. Parfois, pour des situations où l’on est intervenu sur le terrain, on peut faire quelques suivis ponctuels, le temps qu’un suivi ambulatoire se mette en place ailleurs.

Avez-vous une anecdote qui vous a particulièrement marqué lors de vos interventions et que vous aimeriez partager à nos lecteurs ?
J’ai été particulièrement marquée par l’incendie du foyer Adoma, qui avait alors déclenché un Plan Novi. C’était un foyer d’accueil de demandeurs d’asile, accueillant des travailleurs migrants ou type Sonacotra. Le bâtiment comportait 8 étages et hébergeait plus d’une centaine de personnes.
Le 14 novembre 2010, vers 1h30 du matin, à Dijon, le foyer Adoma est incendié. Ce foyer accueillait 190 résidents – demandeurs d’asile,
travailleurs immigrés et personnes en situation précaire.Un feu de poubelle criminel a entraîné l’embrasement du mur pignon du bâtiment. 2 coupables ont été condamnés.
Le bilan fait état de 7 morts : 6 personnes sont asphyxiées et 1 autre se défenestre. Les autres occupants avaient été incommodés par les fumées, quelque 70 d’entre eux ont été hospitalisés, dont une dizaine dans un état grave.

Il y a eu un incendie criminel : des jeunes ont mis lefeu à des poubelles jouxtant le bâtiment, sur lequel lesflammes se sont ensuite propagées, montant très rapidement jusqu’au 8e étage, du fait d’un appel d’air ou l’isolant des murs. 7 personnes sont décédées soit par intoxication par les fumées, soit par défenestration. Une centaine de personnes ont été hospitalisées. Certaines ont dues être réorientées vers des centres hospitaliers disposant de caissons hyperbares, avec des séquelles respiratoires.

On est intervenus la nuit même de l’incendie. Les résidents du foyer avaient été accueillis dans une salle de sport proche du bâtiment incendié.

L’ambiance générale était très marquante. Lors de notre intervention, les victimes étaient toutes amassées dans cette pièce. Les gens étaient tous noirs de fumée, équipés de masques à oxygène. Au milieu de la foule, le SAMU et les pompiers poursuivaient des gestes de réanimation sur d’autres victimes. Les brancards passaient avec les personnes décédées. Des bus avaient été réquisitionnés pour emmener les personnes à l’hôpital pour leur procurer des soins. L’hôpital étant proche, c’était plus pratique que de monter un poste médical avancé avec des tentes.

Nous, on les accompagnait dans les bus, on était là au service d’accueil des urgences.

Et ceux qui n’ont pas eu besoin d’être hospitalisés, n’avaient plus de domicile. Le palais des sports de Dijon a dû être réquisitionné pour les loger en urgence, le temps qu’une cellule de crise se mette en place. Étaient présents les services sociaux, la protection civile, la croix rouge, nous… On a donc travaillé pendant 9 jours, dont les 48 premières heures non-stop.

Ce lieu-là était important pendant ces 9 jours, même pour les victimes qui avaient été relogées entre temps, et qui y revenaient. On y faisait nos entretiens.

Il y a eu beaucoup de travail. C’était impressionnant de voir ces personnes sortis au milieu de la nuit, en pyjama. Ils n’avaient pas le droit de revenir chez eux. Ils n’avaient plus de papier, plus de traitement, plus rien. Le secours catholique était également présent pour leur donner des vêtements, des produits de première nécessité. Des médecins étaient présents pour refaire les ordonnances des patients qui avaient des pathologies chroniques.

On avait le rôle de prise en charge psychologique mais aussi d’aide à la gestion de crise : d’apporter notre éclairage psychologique auprès des autorités (Mairie, CCAS...) : par exemple sur comment les orienter, comment ils pouvaient être relogés, s’il était important que ceux qui se connaissaient soient logés au même endroit pour pouvoir se soutenir…

Ce qui m’a particulièrement touchée c’est que c’était déjà des personnes en demande d’asile politique, qui avaient déjà de multiples traumatismes, qui avaient vécu l’exil et tout, socialement en grande difficulté, qui étaient déjà dans une grande souffrance psychologique… Beaucoup de personnes ne parlaient pas français et nécessitaient donc des interprètes. Certains étaient des migrants d’Afrique du Nord, ayant passé leur vie à travailler en France, très âgés et toujours dans des foyers. Ça touche aussi de se dire que c’est encore ces personnes-là qui subissent suite à la bêtise de certaines autres personnes. 

C’était une intervention très importante, probablement l’une des plus grosses que l’on ait eu sur Dijon, donc forcément ça marque.

Nous avons la liste de tous les réferents CUMP de tous les départements et des régions de la France et DOM-TOM.
Pour ceux qui ont été réorientés dans des hôpitaux sur Nancy et sur Lyon (qui disposent de caissons hyperbares) par exemple, les cellules de ces départements-
là ont été déclenchées pour qu’ils puissent être attentifs à ces victimes. Comme ils n’ont pas pu reloger tout le monde sur Dijon, certains sont partis en Saône-et-Loire par exemple, où les réseaux CUMP ont aussi été actionnés, afin qu’ils se préoccupent de ces victimes qui allaient être hébergées quelques mois sur leur département. On a pu de cette manière faire le relais avec les autres CUMP.
Mais sinon localement on a pu gérer.

Pour résumer, si on est intéressé pour intégrer ce dispositif, comment peut-on procéder ?
Pour contacter le CUMP, c’est simple, il s’agit d’appeler le 15. Il faut donc que les internes voient avec la régulation du SAMU du département pour avoir les coordonnées du référent départemental. Au niveau départemental, les formations ne sont pas toujours mises en place mais le référent départemental pourra renvoyer l’interne vers la CUMP régionale, qui pourra intégrer l’interne à la prochaine formation pour entrer dans le dispositif.

Sur Dijon, on peut nous solliciter directement puisque nous sommes sur le CHU. On fait environ une vague de recrutement tous les ans, avec probablement une formation en fin d’année 2017, début 2018. Après la formation, le volontaire peut être inscrit sur la liste de l’ARS de 2018 pour intervenir dès l’année prochaine. (La CUMP représente un budget spécifique de l’ARS pour fonctionner puisqu’il s’agit d’une MIG, mission d’intérêt général).

Les internes de psychiatrie peuvent désormais faire partie du dispositif de la CUMP. Sur Dijon, plusieurs internes ont eu l’occasion de suivre la formation.

Nous sommes allés à leur rencontre

Mélanie Loiseau, interne de 6e semestre DES psychiatrie
"J'ai eu connaissance de la CUMP lors d'un cours de DES de première année, j'ai tout de suite été attirée par l'idée de devenir volontaire. De plus, j'ai été fortement sensibilisée à l'importance de cette cellule et à ses modalités de fonctionnement au cours de mon semestre en Médecine Légale dont le chef de service est le médecin référent de la CUMP 21.

C'est également à ce moment que j'ai rencontré de nombreuses personnes ayant vécu des événements traumatiques m'amenant à me questionner sur les modalités de leur prise en charge. C'est ainsi que j'ai choisi de me porter volontaire.

La formation m'a permis d'enrichir mes connaissances et d'élargir mes pratiques. De plus, cela s'intègre dans mon projet professionnel, de DESC et également de thèse, c'est donc un point essentiel à mes yeux de participer à la CUMP.

La formation consiste en trois séances d'une journée au cours desquelles nous avons pu explorer le fonctionnement et l'historique des CUMP ainsi que les éléments de sémiologie du traumatisme psychique et les particularités de sa prise en charge. L'ensemble des cours est illustré par des retours d'expérience et, la dernière journée est consacrée à des jeux de rôle où nous nous mettons dans la peau de volontaires CUMP afin d'organiser une intervention, ou, dans la peau de victimes afin de créer un groupe de défusing.

Suite aux trois jours de formation, nous devenons volontaire opérationnel. Chaque volontaire participe ensuite à la ligne d'astreinte de la CUMP selon ses disponibilités, ce qui permet de participer aux interventions s'il y a lieu.

A Dijon, une réunion est organisée chaque trimestre afin de se tenir informé de l'actualité des CUMP, de répartir les astreintes et de réaliser des retours d'expérience des différentes interventions au cours des mois écoulés."

Sarah Arnoud, interne de 2e semestre DES psychiatrie
"Je savais que la CUMP existait depuis l’externat, on nous en parlait pendant certains cours, mais je ne savais pas qui pouvait intégrer ce dispositif.

En cours de DES de psychiatrie, il y a eu l’intervention de professionnels volontaires à la CUMP. A la fin de ce cours, on nous a proposé la formation qui nous permettait de devenir membre volontaire de cette cellule.

La formation initiale est composée de 3 séances d’une journée chacune. On nous y explique le côté théorique du traumatisme psychique et les méthodes actuelles nous permettant d’aider les victimes d’événements potentiellement traumatiques.

La formation ne s’arrête jamais ensuite. On continue à avoir des interventions très régulièrement tant que l’on est volontaire.

La formation en elle-même est très intéressante et enrichissante, tant sur le point de vue personnel que professionnel.

J’espère être plus à l’aise avec les victimes d’événements potentiellement traumatiques, que ce soit des patients ou bien mes proches.

Je pense qu’être volontaire à la CUMP s’intègre parfaitement avec le DES de psychiatrie. Le thème du psychotrauma est présent dans notre profession. Il me semble indispensable d’être formé.

La CUMP est une très bonne expérience. On reçoit une formation théorique par des professionnels qualifiés à propos de notion essentielle en tant que future psychiatre. Et puis, la pratique, rien n’est plus formateur que la pratique !"

Mélanie TRICHANH
Interne de psychiatrie Dijon

 Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°19

L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

Publié le 1653505263000