Apprentissage du travail interprofessionnel

Publié le 30 May 2022 à 07:59

A l’heure où de nombreuses recommandations incitent au travail interprofessionnel dans le secteur sanitaire et entre le secteur sanitaire et social, les IFMK n’ont-ils pas un rôle à jouer pour préparer les étudiants à ces futures collaborations ? Des expériences originales ont vu le jour à Lilles, à Rennes et à Besançon et ont fait l’objet d’un atelier autour de ce partage d’expériences.

8ème édition des sessions interdisciplinaires de LILLE
Servir les personnes et familles confrontées aux problématiques du Handicap et de la Dépendance suppose une coopération active sanitaire et sociale. Ceci est précisément l’objet des sessions interdisciplinaires annuelles des filières Santé-Social du pôle HDC « Handicaps, Dépendance, Citoyenneté » de l’Université Catholique de Lille.

Ces journées réunissent ainsi une promotion de chaque filière Santé-Social telles que Infimièr(e)s, Aides-Soignant(e)s, Cadres de Santé, Assistants de Service Social, Masseurs Kinésithérapeutes, Pédicures Podologues, Psychologue, Ergothérapeutes et Psychomotriciens, soit au total plus de 600 étudiants par session.

La session est organisée par un groupe pilote composé d’un formateur de chaque filière, du responsable du pôle HDC et d’une chargée de mission qui coordonne l’ensemble. Pour la bonne organisation et la pérennité d’un tel événement, il est indispensable que ce groupe de pilotage soit motivé, impliqué et possède des marges de manœuvres suffisantes.

La 8ème session s’est organisée sur deux temps différents dans l’année :

Le 9 décembre 2014, 23 groupes de 27 étudiants se sont répartis sur les différents instituts du campus pour une découverte mutuelle interprofessionnelle animée par les étudiants cadres de santé.

Puis dans un second temps, tous les étudiants se sont réunis le jeudi 5 février 2015 matin pour une séance plénière animée par le médecin à l’initiative de ce projet Dr Bruno Pollez, et ont écouté le témoignage d’une éducatrice spécialisée de l’EHPAD Saint François de Sales.

Dès le début de l’après-midi, les 600 étudiants ont retrouvé leur groupe pour travailler ensemble une situation d’étude commune et élaborer un Plan d’Intervention Interdisciplinaire Individualisé (P3i).

Ce type de rencontre répond pleinement à la Réingénierie des études de massokinésithérapie ainsi qu’à celles des infirmières, podologues, ergothérapeutes, etc. qui l’ont déjà intégré dans leur cursus, avec une évaluation et validation d’Unité d’Enseignement.

Par cet enseignement commun, le Pôle HDC vise que tous ces futurs professionnels perçoivent bien que « si chacun est nécessaire, il n’est pas suffisant », et qu’il faut travailler ensemble pour servir et prendre soin au mieux.

3ème séminaire interdisciplinaire à l’attention des étudiants des secteurs sanitaire et social – BESANÇON
Initié à Rennes par l’AFDET (Association Française pour le Développement de l’Education Thérapeutique) et repris à Besançon, ce séminaire coordonné par Françoise Annezo, regroupe à Besançon des étudiants en médecine, soins infirmiers, pharmacie, orthophonie, maïeutique, assistant des services sociaux, et massokinésithérapie.

Ces étudiants, volontaires, généralement en fin de cursus, sont entre 10 et 15 par filière et passent 3 fois 2 journées de formation ensemble pour apprendre à connaitre le champ de compétences de chacun et envisager les possibles futures collaborations professionnelles.

La construction et l’animation du séminaire sont réalisées par des formateurs de chaque filière concernée, souvent en binôme, afin de renforcer cette dynamique interprofessionnelle. Des activités ludiques, des mises en situation, des rencontres avec des patients et des professionnels multiplient les occasions de réfléchir ensemble à l’interprofessionnalité et à son intérêt : pour le patient, le professionnel, le système de santé, mais aussi à ses freins et ses difficultés. L’effet de surprise, l’humour, la convivialité créent un climat propice pour stimuler la créativité des étudiants et ouvrir des champs de « possibles ».

Une journée supplémentaire de rencontre sur un territoire de santé a été proposée afin de confronter les projets développés par les étudiants avec les attentes des différents acteurs locaux : professionnels, élus, représentants des différentes institutions. Ce rendez-vous a permis de modifier le regard des étudiants sur la réalité d’un territoire.

Cette expérimentation rencontre un fort niveau de satisfaction de la part des étudiants et des professionnels engagés. Trois ans après le premier séminaire, les premiers étudiants formés assurent que ce vécu facilite leurs interactions interprofessionnelles. Cependant, rien n’est organisé dans nos systèmes de formations en silos, avec de fortes contraintes réglementaires et institutionnelles, pour faciliter cet échange, et seul un engagement très important des filières concernées rend ce projet possible.

Un constat partagé a été établi suite à cette table ronde. Les conditions de réussite pour ces expérimentations développées à Lille et à Besançon sont multiples. Le facteur humain en est le socle. Ces projets innovants demandent une très forte motivation des formateurs, de bonnes capacités de communication afin de promouvoir le projet auprès des différents partenaires, une organisation transversale sans hégémonie d’une filière par rapport à d’autres, une ouverture à la diversité et une reconnaissance de la complémentarité. La présence d’un coordinateur doté d’un certain leadership est un atout précieux.

La réingénierie de la formation de masseur-kinésithérapeute peut être l’occasion de faciliter ces projets qui développent la compétence 10 « Organiser les activités et coopérer avec les différents acteurs contribuant à la prise en charge de la personne ou du groupe ». Les unités d’enseignement optionnelles peuvent également être un support pour de telles actions car elles procurent du temps à cet effet et en permettent la valorisation par l’obtention d’ECTS.

Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, mais parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles. (Sénèque)

Bénédicte DENGREMONT, Patrick ANDRE IKPO LILLE
Agnès GUILLAUME, UFMK BESANCON

            Article paru dans la revue “Syndicat National de Formation en Masso-Kinésithérapie” / SNIFMK n°7

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