Anectodes : une anecdote par comme les autres…

Publié le 17 May 2022 à 01:52


Je me présente, je m’appelle Xavier AH-KIT, interne de gynécologie obstétrique à Bordeaux et anciennement sage-femme diplômé d’Etat. L’internat de gynécologie obstétrique étant long et fastidieux, j’ai trouvé intéressant de vous raconter une histoire, la mienne.

Mes études à l’école de sage-femme (ESF) ont débuté en 2005 jusqu’en 2010 après une première inscription en PCEM1. Loin de vouloir faire des accouchements et suivre des femmes enceintes, je suis arrivé dans cette formation un peu par hasard car non classé en médecine à une vingtaine de place du dernier pris. Un peu par hasard oui… mais non pas sans réflexion car lors des résultats du concours, j’ai rencontré une sage-femme enseignante qui a su me décrire une vision pragmatique de la profession. Impatient d’être dans le monde hospitalier, j’ai décidé de signer pour ces études atypiques avec l’apprentissage des règles d’hygiènes de bases, de l’empathie, de l’accompagnement de fin de vie, de la vie hospitalière avec ses roulements et son personnel entièrement dévoué aux patients.

Pour moi le métier de sage-femme se rapportait plus à un coaching pour l’accouchement qu’à une discipline médicale. J’étais très loin du compte… dès la 1ère année d’ESF je réalisais mes premières poses de VVP, bilan sanguin, pansements complexes, participais aux prises en charge des hémorragies de la délivrance et des réanimations maternelles et du nouveau-né.

En 2ème année à l’ESF, j’ai appris la physiologie de la grossesse et de l’accouchement eutocique, commencé mes premiers accouchements à quatre mains puis seul. J’ai côtoyé le versant obstétricale et anesthésique avec les péridurales, les rachis anesthésies, les anesthésies générales.

La 3ème année a été l’élément déclencheur dans mon parcours actuel. L’apprentissage de la physiopathologie de différentes pathologies comme celle de la MAP, du HELLP, de la Pré-éclampsie… m’a tout de suite séduit et a ébranlé ma curiosité. Au fils des mois, je me suis rendu compte que je n’étais pas sur le bon chemin et que pour « flirter » avec ces pathologies de manière plus intime il me fallait faire autre chose

Dès lors l’idée de reprendre mes études de médecine pour devenir gynécologue obstétricien à commencer à germer dans mon esprit. Au fils du temps, les stages se sont succédés avec la pratique des accouchements physiologiques, la participation aux accouchements dystociques et césariennes avec toujours cette frustration de ne pas pouvoir aller au bout de la prise en charge. J’avais ce sentiment de dépossession avec le devoir passer la main au moment le plus intéressant (là où je me sentais le plus utile).

Comme le disait Albert Einstein « Les Dieux ne joue pas aux dés ». En effet, certaines personnes que vous rencontrez au cours de votre vie vont perturber votre destin. Grâce à cette rencontre avec un certain Dr AG l’idée de tout plaquer et recommencer se précisait de semaine en semaine.

La 4ème année de formation a été de loin la plus intéressante car tout comme la dernière année de l’externat de médecine, tous les liens se mettaient en place. Cette 4ème année de l’ESF m’a permis de me situer en tant que professionnel de santé avec son versant législatif.

Examens réussis et mémoire soutenu et validé me voici sage-femme diplômé d’Etat.

Je fais mes premiers pas dans une maternité de niveau III en salle de naissance puis en grossesse à risque avec un salaire… un vrai… pas comme celui qu’on reçoit lorsqu’on est externe mais un qui vous permet de vous prendre un appartement et acheter une voiture. Je décide de me laisser porter par cette vague avec une implication hospitalière importante durant une année entière.

Arrive le temps des nouvelles inscriptions universitaires, se pose la question concrète de recommencer médecine… vivre sans salaire… repartir dans un logement étudiant… bref retourner dans la précarité d’un étudiant de base.

Après de longs jours et semaines de réflexion, de discussion, de questionnement, je décide de tout plaquer pour tout recommencer.

Une fois l’inscription universitaire en PACES en 2011 réalisée, me voilà reparti pour un tour. Gros retour en arrière avec des nouveaux modules (qui n’étaient pas présents lors de ma 1ère PCEM), j’en bave énormément durant cette année rythmée de nouveau par les cours et les QCM mais cette fois-ci avec un recul professionnel qui me permet de réussir ce concours. Youpi ! me voici dans l’aventure de la médecine. Je gravis comme vous une à une les années dans le cursus avec les ECG, les recopiages de biologies, les prises de rendez-vous, bref un rôle que je n’avais jamais imaginé tenir en tant qu’étudiant en médecine car non présent durant mes études à l’ESF. Je prends sur moi et me résigne à accomplir les différentes « tâche de l’externe en médecine ». Tout au long de mon parcours, la réanimation médicale avec son approche multi-organes me séduit avec un doute sur le but de ma reprise d’étude médicale. Gynécologie obstétrique ou réanimation médicale ? Cela a été le dilemme jusqu’à la fin…

La gynécologie obstétrique et la réanimation médicale sont, à mon sens, très proche car demande une approche transversale. Il suffit de prendre l’exemple de la Pré-éclampsie (atteinte rénale, hépatique, cérébrale, fœtale…).

Au final, lorsqu’il fallait choisir la spécialité à l’issu de l’ECN, la raison et la passion m’ont fait choisir ce fabuleux et beau métier qu’est la gynécologie-obstétrique. En choisissant cette branche, j’ai choisi de poursuivre le chemin dans lequel je m’étais engagé avec une petite expérience professionnelle.

Loin d’être un cas isolé, j’ai trouvé bon de partager cette expérience avec vous car peut-être que certain(e)s d’entre vous se reconnaitront dans cette histoire, l’histoire d’un cursus pas comme les autres…

Xavier AH-KIT
Article paru dans la revue “Association des Gynécologues Obstétriciens en Formation” / AGOF n°15

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