Ministère de la santé : de la relativité des priorités…
Publié le mardi, 18 février 2020, dans la catégorie Communiqués de Presse
Invitée vendredi matin, 14 février 2020, sur France Inter, à l’occasion d’une nouvelle journée de mobilisation des personnels hospitaliers et des internes de médecine et de pharmacie, Mme Agnès Buzyn, a été interrogée sur les rumeurs concernant son engagement dans la campagne municipale de Paris. C’est avec un évident bon sens qu’elle a répondu : « Je ne pourrai pas être candidate aux municipales. J'avais un agenda très chargé, j'ai beaucoup de réformes dans le ministère, et s'est rajouté un surcroît de travail avec la crise du coronavirus, qui, aujourd'hui, m'occupe énormément. ».
Mais finalement, dimanche 16 février 2020, Mme Buzyn annonçait son départ du ministère de la Santé et sa candidature à la mairie de Paris…
A l’occasion de son départ du ministère de la Santé, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) porte à son crédit le déremboursement de médicaments n’ayant jamais donné de preuve scientifique d’une réelle efficacité thérapeutique, comme les anti-Alzheimer et les produits homéopathiques. Pour autant, cette même ministre a accepté le quasi doublement du prix de la vaccination anti-grippale en l’absence de toute justification scientifique.
Cet écart de comportement n’est pas sans évoquer le problème de la gestion des liens d’intérêts pour cette ancienne chef de service qui, avant d’être ministre, avait fait une déclaration singulière pendant l’affaire du Mediator : « L’industrie pharmaceutique joue son rôle, et je n’ai jamais crié avec les loups sur cette industrie. Il faut expliquer que vouloir des experts sans aucun lien avec l’industrie pharmaceutique pose la question de la compétence des experts. ».
Il est ainsi possible d'évoquer pendant son passage au ministère de la Santé, la nomination de personnes passées par l’industrie pharmaceutique, le recours à des conseillers ou à des chargés de mission faisant l’aller-retour avec des responsabilités dans des syndicats médicaux (parfois les cumulant), sans oublier la défense de son haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean Paul Delevoye, avant qu’il ne fut contraint à la démission.
Sur les questions sociétales et de santé publique, le SNJMG a apprécié son engagement dans l’accès à la PMA pour toutes et dans une politique incisive contre le tabagisme. Malheureusement, elle a été plus discrète sur l’alcoolisme.
Elle a été également la ministre de la Santé qui a validé le fichier Hopsyweb et son rapprochement avec le fichier sur les signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Et elle est aussi la ministre de la Santé qui a restreint l’accès aux soins des étranger-es vulnérables.
Enfin, Mme Buzyn quitte le ministère de la Santé en laissant en chantier le projet présidentiel MaSanté2022 et sans dire un mot sur le très sévère rapport de la Cour des Comptes consacré à l’Ordre des médecins ni même sur l’acte de censure exercée par ce même Conseil de l’Ordre sur un syndicat médical (en l’occurrence, le SNJMG) qui osait manifester ses critiques sur la base de ce rapport.
Mme Buzyn partie pour une aventure électorale, il revient désormais à un autre médecin hospitalo- universitaire, le Dr Olivier Veran, de prendre en charge les responsabilités de ce grand ministère.
Au ministère de la Santé, les personnes changent mais les problèmes demeurent et le SNJMG est disponible pour participer à toute concertation que le nouveau ministre entend mener… à commencer, bien entendu, par tout ce qui concerne l’hôpital et les internes de médecine et de pharmacie.
Le SNJMG
Article paru dans la revue “Le Bulletin des Jeunes Médecins Généralistes” / SNJMG N°27