Actualités bibliographiques : newsletter SFRO – SFJRO

Publié le 10 May 2022 à 00:12

En 2021, la SFjRO en partenariat avec la SFRO a innové en mettant en place une veille bibliographique commune. L’objectif est de diffuser les résultats des études et recommandations impactant notre pratique.

Lors de sa publication, le lien vous sera transmis par les canaux habituels (mail, facebook, twitter). Restez donc attentifs !

On vous présente ici une sélection de quelques articles parus entre septembre 2021 et janvier 2022 : `
> Quelle durée d’hormonothérapie adjuvante pour les cancers du sein de stades précoces, hormono sensibles, chez la femme mé- nopausée ? `
Boost intra-prostatique intégré : résultats de survie de l’essai FLAME `
> Bénéfice de l’acétate d’abiratérone en association a  la castration chimique pour les cancer de prostate de haut risque non métastatiques
>
Pas de bénéfice de la radiothérapie adjuvante pour les CBNPC de stade IIIAN2
>
Traitement de maintenance par durvalumab des CBNPC de stade III : résultats a  long terme de l’essai PACIFIC
>
Non infériorité de la radiothérapie stéréotaxique par rapport a  la chirurgie pour les CBNPC de petite taille `
> Toxicité tardive de la radiothérapie adjuvante pour cancer du colutérin : 3DCRT vs IMRT

Quelle durée d’hormonothérapie adjuvante pour les cancers du sein de stades précoces, hormono sensibles, chez la femme ménopausée ?
Duration of Adjuvant Aromatase-Inhibitor Therapy in Postmenopausal Breast Cancer https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34320285/
Cet essai, dont les résultats ont été publiés en juillet, a recruté 3484 patientes ayant un cancer du sein avec récepteurs hormonaux positifs et ayant reçu 5 ans d’hormonothérapie (tamoxifene ou anti-aromatase). Le suivi médian est de 118 mois et a débuté a  2 ans apre s randomisation. Comparativement a  un prolongement de l’hormonothérapie de 2 ans, un prolongement de 5 ans :
• N’améliore pas la survie sans récidive ni la survie globale (Hazard ratio 0,99, p=0,9).
• Est associé un une incidence plus élevée de fractures osseuses (Hazard ratio 1,35 ; IC95% [1,0 – 1,84].

Boost intra-prostatique intégré : résultats de survie de l’essai FLAME :
Patterns of Failure Following External Beam Radiotherapy With or Without an Additional Focal Boost in the Randomized Controlled FLAME Trial for Localized Prostate Cancer
https://doi-org.proxy.scd.univ-tours.fr/10.1016/j.eururo.2021.12.012
Cet essai évaluait l’ajout a  une radiothérapie standard (77Gy) d’un boost simultané (95Gy) sur la lésion intra-prostatique, chez des patients traités pour cancer de la prostate localisé de risque intermédiaire et élevé. Les patients du groupe boost ont présenté un moindre taux de récidive biochimique a  5 ans, sans majoration significative des toxicités.

571 patients ont été inclus dans l’essai avec un suivi médian de 72 mois.

Le boost local est associé a  une diminution significative des rechutes locales ; hazard ratio de 0,33 (IC95% [0,14-078]), ainsi que de la survie sans métastases régionales ou a  distance ; hazard ratio de 0,58 (IC95% [0,35-0,93]).

Il y a donc une corrélation dose-effet entre la dose et la réduction des rechutes locales et des métastases régionales et a  distance, soulignant l’intérêt de l’escalade de dose focale pour éviter un sous-traitement tumoral.

Bénéfice de l’acétate d’abiratérone en association a  la castration chimique pour les cancer de prostate de haut risque non métastatiques :
Abiraterone acetate and prednisolone with or without enzalutamide for high-risk nonmetastatic prostate cancer: a meta-analysis of primary results from two randomised controlled phase 3 trials of the STAMPEDE platform protocol
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02437-5/fulltext
Ces essais ont été réalisés dans le cadre de la plateforme STAMPEDE, qui évalue les associations thérapeutiques a  la radiothérapie avec hormonothérapie longue, pour des cancers de prostate avancés ou métastatique.

La randomisation s’est faite en fonction du traitement associé a  la radiothérapie. Les patients ayant été assignés soit a  l’un des deux groupes expérimentaux :
• Castration + abiratérone et prednisone pendant 2 ans.
• Castration + abiratérone + enzalutamide et prednisone pendant 2 ans.

Le crite re de jugement principal est la survie sans métastase.

Les crite res de jugements secondaires sont la survie globale, la survie sans progression, la survie sans cancer, la survie sans rechute biochimique et l’évaluation des toxicités.

1974 ont été randomisés entre les bras de l’étude. Le suivi médian a été de 72 mois.

La survie sans métastase était de 82 % a  6 ans dans les bras expérimentaux contre 69 % dans les bras contrôle (hazard ratio HR: 0,53, IC95% [0,44–0,64], p<0,0001).

Il y a également une amélioration de la survie sans progression (HR: 0,44, IC95% [0,36-0,54], p<0,0001), sans rechute biochimique (HR: 0,39, IC95% [0,33-0,47], p<0,0001), et de la survie globale (HR: 0,60, IC95% [0,48-0,73], p<0,0001).

Par ailleurs, en comparaison avec le bras “abiratérone seul”, l’association avec l’enzalutamide n’améliore pas ces crite res de jugement.

Ces résultats encourageraient l’ajout de l’acétate d’abiraterone en tant que standard dans le cadre des cancers de prostate de haut risque non métastatique.

Pas de bénéfice de la radiothérapie adjuvante pour les CBNPC de stade IIIAN2 :
Postoperative radiotherapy versus no postoperative radiotherapy in patients with completely resected non-small-cell lung cancer and proven mediastinal N2 involvement (Lung ART): an open-label, randomised, phase 3 trial
https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(21)00606-9/fulltext
L’essai Lung ART, cherche a  évaluer l’intérêt de la radiothérapie adjuvante chez les patients ayant un cancer bronchique non a  petite cellules (CBNPC), avec atteinte ganglionnaire pN2 (stade IIIAN2), apre s chirurgie de résection comple te et avec ou sans chimiothérapie neoadjuvante ou adjuvante.

Les patients ont été randomisés en :
• Bras avec radiothérapie post-opératoire (PORT), a  la dose de 54 Gy en 27 fractions, en 3DRT ou IMRT.
• Bras contrôle, sans radiothérapie.

Le crite re de jugement principal est la survie sans maladie a  3 ans.

Randomisation de 501 patients, 252 dans le groupe radiothérapie et 242 dans le groupe contrôle.

Avec un suivi médian de 4,8 années, la survie sans maladie a  3 ans est de 47 % (IC95 40-54) dans le groupe PORT, contre 44 % (IC95 24-49) dans le groupe contrôle.

La radiothérapie adjuvante apre s chirurgie comple te ne peut donc pas être recommandée comme un standard pour les patients avec CBNPC de stade IIIAN2.

Traitement de maintenance par durvalumab des CBNPC de stade III : résultats a  long terme de l’essai PACIFIC :
Four-Year Survival With Durvalumab After Chemoradiotherapy in Stage III NSCLC-an Update From the PACIFIC Trial https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33476803/

L’essai PACIFIC visait a  évaluer le durvalumab en traitement de maintenance, apre s radio-chimiothérapie, des carcinomes bronchiques non a  petites cellules de stade.
II n’ayant pas présenté de progression après deux cures. Il a été comparé a un placebo. Parmi les 713 patients randomisés 709, ont reçu du durvalumab ou un placebo. Les ré- sultats a  4 ans sont :
• Maintien du bénéfice en survie globale : 46,6 % contre 36,3 % pour le placebo.
• Maintien du bénéfice en survie sans progression : 35,3 % contre 19,5 % pour le placebo.
• Médiane de survie de 47,5 mois versus 29,1 mois dans le groupe placebo.

Le durvalumab en entretien est donc bien le standard de traitement pour ces cancers bronchiques non a petites cellules localement avancés

Non infériorité de la radiothérapie stéréotaxique par rapport a  la chirurgie pour les CBNPC de petite taille :
Stereotactic ablative radiotherapy for operable stage I non-small-cell lung cancer (revised STARS): long-term results of a single-arm, prospective trial with prespecified comparison to surgery
https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(21)00401-0/fulltext

L’essai STARS (NCT00840749) avait pour objectif de comparer le traitement chirurgical et par radiothérapie stéréotaxique (SBRT) des cancers bronchiques non a  petites cellules de stade précoce : T≤3cm, cN0. Il n’avait cependant réussi a  recruter que 36 patients. Une analyse poolée des patients des essais STARS et ROSEL a été réalisés, mais comportait de nombreuses limites. (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25981812/)

Cet article présente les données d’un nouvel essai « STARS révisé », avec un seul bras d’étude : traitement par radiothérapie stéréotaxique SBRT, et calcul d’un score de propension pour comparaison au traitement chirurgical. 80 nouveaux patients ont été recrutés.

Le traitement consistait en une dose de 54Gy en 3 fractions pour les tumeurs périphériques ou 50Gy en 4 fractions et un boost jusqu’a  60Gy pour tumeurs centrales.
• Survie globale a  3 ans : 91 % pour la SBRT contre 91 % pour la chirurgie.
• Survie globale a  5 ans : 87 % pour la SBRT contre 84 % pour la chirurgie.
• Survie sans récidive a  5 ans : 18 % pour la SBRT contre 8 % pour la chirurgie, p = 0.051.

A noter : Une étude mono-bras avec calcul de score de propension n’apporte pas le niveau de preuve d’un essai randomisé avec analyse comparative des groupes. L’essai randomisé « VALOR », actuellement ouvert, prévoit d’apporter des données dans ce sens et d’inclure 670 patients ; NCT02984761.

Toxicité tardive de la radiothérapie adjuvante pour cancer du col utérin : 3DCRT vs IMRT :
Late Toxicity After Adjuvant Conventional Radiation Versus Image-Guided Intensity- Modulated Radiotherapy for Cervical Cancer (PARCER): A Randomized Controlled Trial
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34506246/

Essai ayant randomisé 300 patientes opérée pour cancer du col utérin, ayant une indication de radiothérapie adjuvante, en : Radiothérapie conformationnelle 3D et Radiothérapie par modulation d’intensité.

La dose était la même dans les deux groupes avec 50Gy en 35 fractions et un boost par curiethérapie HDR par 12 GY en 2 fractions. Le crite re de jugement principal était l’incidence a  3 ans des toxicités gastro-intestinales de grade 2 ou plus (CTCAE 3.0).

Toutes toxicités tardives confondues : 49 % (3D) vs 28 % (IMRT).

Toxicités rapportées par les patientes : meilleurs résultats dans le groupe IMRT sur les diarrhées, l’appétit et les signes fonctionnels gastro-intestinaux. Pas de différences significatives sur la survie sans récidive pelvienne ou a  distance, avec un meilleur profil de toxicité tardives avec l’IMRT.


Yacine GOUNANE
Interne en 7ème semestre CHU de Tours Pas de liens d’intérêt


Vincent BOURBONNE
CCA-AHU Service de Radiothérapie, CHU Brest

Article paru dans la revue “Société Française des Jeunes Radiothérapeutes Oncologues” / SFJRO n°01

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Publié le 1652134339000