Actualités associatives assemblée générale des référents 2016

Publié le 25 May 2022 à 16:01


Si l’on doit décrire l’AFFEP en quelques mots, on pourrait dire que c’est une grande famille, la famille des internes de psychiatrie. C’est en ces termes que mon prédécesseur, Benjamin Lavigne, que je salue au passage, m’avait présenté l’association, et il avait tout à fait raison. L’AFFEP défend des valeurs de fédération, comme l’indique son nom, de soutien mutuel, de par la représentation au niveau national, la transmission des informations sur la mailing list nationale, l’aide à la diffusion des questionnaires de mémoire, le soutien aux associations localeas, et de partage, par sa présence aux principaux congrès sur des stands, qui sont de véritables poaints de ralliement des internes autour de bonbons, cafés, et bonne humeur.

Mais que serait une famille sans repas de famille, sans journée où l’on se retrouve en toute convivialité pour échanger ? Voici ce que représente l’Assemblée Générale des référents, évènement semestriel, qui regroupe l’ensemble des membres du bureau de l’AFFEP et les 28 référents locaux. L’AG de printemps 2016 s’est déroulée à Paris, le samedi 4 avril, sous un temps tout à fait propice à la réflexion.

La journée a commencé par un petit déjeuner, et un tour de table de présentation. Le taux de participation a été important avec seulement 4 régions qui n’avaient pu être représentées. L’occasion pour chacun de mettre un visage sur un nom, une image sur des échanges de mails.

Ensuite un point a été fait sur les groupes de travail en cours : site internet, santé mentale des internes, e-psychiatrie, enquête nationale 2016 sur la psychiatrie médico-légale, enquête référents 2016 sur l’applicabilité de la réforme, et partenariats.

Puis nous avons abordé un sujet au cœur de l’actualité : la réforme du 3ème cycle, dont les maquettes pédagogiques avaient été remises à la Commission Nationale des Etudes de Médecine, Maïeutique, Odontologie et Pharmacie (CNEMMOP) le 15 mars 2016. Les discussions avec les autorités de tutelle étant encore en cours, je ne vous ferai pas ici de point détaillé. L’application de cette réforme est prévue pour la rentrée universitaire de novembre 2017, et fera l’objet d’un article complet dans un prochain numéro.

Après une matinée très studieuse, et riche en informations, nous avons profité d’une pause déjeuner, superbement organisée par notre trésorière Aida.

L’après-midi a été consacré aux groupes de travail interrégionaux. Le principe  ? 4 groupes ont été constitués (G1 = Rennes + Saint Etienne + Nice + Toulouse + Nancy, G2 = Clermont-Ferrand + Lille + Poitiers + Paris, G3  = Marseille + Brest + Nantes + Reims + Angers, G4 = Tours + Strasbourg + Montpellier + Rouen + Lyon + Grenoble) afin d’évoquer les spécificités régionales de formation pratique et théorique, le post-internat, la recherche, le fonctionnement des associations locales, la question du respect du temps de travail, celle du taux d’inadéquation… Un temps de restitution des informations recueillies a occupé la deuxième partie de l’après-midi.

La journée s’est achevée sur la présentation des projets participant au concours du projet associatif local, concours national lancé à l’initiative de l’AFFEP proposant à chaque association locale de présenter une initiative de formation particulièrement riche ou originale. 3 projets se disputent cette année le prix de 500 € attribué par l’AFFEP pour la mise en place de l’événement : Amiens, Lille et Saint-Etienne. Nous remercions ces 3 villes pour leur dynamisme et ne doutons pas que l’édition 2017 de ce concours verra de plus nombreuses candidatures, les initiatives locales foisonnant sur notre territoire, comme le démontre ce numéro du psy déchaîné.

Je tiens à remercier tous ceux qui ont fait le déplacement jusqu’à Paris pour participer à cette journée, et faire vivre les valeurs de l’AFFEP, si chères à nos cœurs. L’association ne pourrait exister sans cette motivation et le travail effectué par les référents, véritable pierre angulaire de notre fonctionnement.
Nous vous retrouverons avec plaisir à la prochaine AG des référents, lors du CNIPSY de Rennes le 27/28 octobre 2016. A cette occasion, le bureau de l’association se renouvellera. Aussi, si vous souhaitez prendre une part active à l’aventure Affepienne, n’hésitez pas à vous manifester.

Audrey FONTAINE
Coordination Nationale AFFEP

1ERE JOURNEE DE RENCONTRES INTERDISCIPLINAIRES EN PSYCHIATRIE

Les internes en médecine générale et en psychiatrie de la région Rhône-Alpes échangent autour des « générations »

Le 27 avril 2016, l’ASIPSY (Association Stéphanoise des Internes en Psychiatrie) organisait à la faculté de médecine de Saint-Etienne une première journée scientifique à destination des internes. Les organisateurs avaient à cœur d’inviter à cette journée leurs confrères internes en médecine générale, afin d’échanger autour de thématiques transversales et intéressant les deux spécialités. Le thème des « générations » avait été choisi et décliné en trois sessions

Dans une première session matinale, les liens entre sciences humaines, avancées scientifiques et technologiques en médecine, et psychiatrie ont été abordés. Il s’agissait d’évoquer par des communications variées l’étendue du champ psychiatrique, qui ne se limite pas à une seule spécialité d’organe, tout en s’inscrivant aussi pleinement dans le champ de la médecine. Du développement de la génétique et de l’imagerie dans la recherche et la clinique, à l’articulation de la psychiatrie avec les soins somatiques par les activités de liaison et de psychiatrie de la personne âgée, nous avons pu envisager la psychiatrie comme une spécialité qui, au même titre que les autres disciplines médicales, s’interroge sur le développement et l’étiologie des maladies qu’elle décrit, et s’intéresse aux questions de diagnostics différentiels. Ensuite, Edouard Leaune, psychiatre et également doctorant en philosophie, nous a apporté un éclairage différent pour conclure cette session en questionnant les apports des sciences humaines à la psychiatrie, ces disciplines entretenant un lien historique et indispensable. En rapport avec l’Histoire de la philosophie, nous avons réfléchi aux différentes «  crises  » traversées par notre jeune discipline, qui gagnerait à avoir une approche plus intégrative des différents paradigmes développés au cours des dernières décennies pour décrire et expliquer la maladie mentale. C’est la nouvelle génération de psychiatres que nous interrogions dans cette session, qui nous l’espérons a aussi pu aider nos confrères médecins généralistes à mieux situer la psychiatrie dans le domaine médical, et à en découvrir ses multiples interactions.

Ensuite, nous nous sommes intéressés l’après-midi au parcours de soins du patient en psychiatrie, avec d’une part le développement des dispositifs communautaires à partir de la politique du secteur, et d’autre part la place accordée au médecin généraliste et son expérience dans la rencontre avec l’usager de la psychiatrie. Les échanges ont été riches sur ce thème avec les internes en médecine générale. Les praticiens en médecine générale invités à communiquer ont choisi d’aborder d’un côté la question de l’exercice de la médecine générale dans un service hospitalier de psychiatrie, et de l’autre l’expérience du généraliste en ville confronté à une problématique psychiatrique. Ils nous ont présenté des exemples cliniques concrets et réalistes, soulignant à chaque fois la singularité de l’expérience et l’adaptation nécessaire aux situations rencontrées, souvent en marge des prises en charge protocolaires auxquelles sont habitués les jeunes médecins.

Enfin, les évolutions et influences de la société contemporaine dans l’émergence de problématiques générationnelles de santé mentale ont pu être étudiées, grâce à trois communications aux abords différents. Les spécificités psychopathologiques des populations de demandeurs d’asile originaires de pays en guerre développant des troubles psychiatriques ont été décrites, avec une présentation des réseaux de soins et associatifs accessibles pour ces personnes. La question de l’impuissance ressentie et vécue par les praticiens face à ces patients aux problématiques sociales et de santé multiples, avec souvent en première ligne les médecins généralistes, a suscité d’intéressants échanges d’expériences. Puis les jeux en ligne et les addictions qu’ils génèrent, notamment chez les jeunes générations, nous ont occupés, avant d’aborder les questions d’alimentation au XXIème siècle dans nos sociétés occidentales, en lien avec les addictions comportementales et les troubles du comportement alimentaire.

Finalement, environ 80 internes ont participé à cette journée, avec une représentation égale d’internes en médecine générale et d’internes en psychiatrie. Cette journée scientifique était soutenue par l’AFFEP en tant qu’initiative locale, et devrait être reconduite l’année prochaine, avec un thème déjà évoqué du « diagnostic différentiel  ». L’objectif de cette journée reste celui de favoriser les échanges avec nos confrères d’autres spécialités et de médecine générale. Nous espérons pouvoir l’an prochain inviter tous les internes qui souhaiteraient assister à une deuxième journée de ces rencontres interdisciplinaires.

Sincères remerciements, pour leur participation ou leur implication dans l’organisation de la 1ère journée de rencontres interdisciplinaires en psychiatrie :
Dr Juliette BONNET, Léa BOURSEAU, Stéphane BOUXOM, Dr Aida CANCEL, Dr Rodolphe CHARLES, Samy DALLEL, Pr Éric FAKRA, Dr Aurélia GAY, Morgan HANY, Yazid LAKHDARCHAOUCHE, Pr François LANG, Dr Edouard LEAUNE, Dr Alexis LEPETIT, Pr Catherine MASSOUBRE, Dr Cyrille ORSET, Pr Jacques PELLET, Mircea RADU, Dr Halima ZEROUG-VIAL

Sophie CERVELLO
Interne en psychiatrie à Saint-Etienne
Présidente de l’ASIPSY en 2015-2016
Coordination syndicale AFFEP

LA FACE CACHEE DE LA PSYCHIATRIE

Projet de destigmatisation de la psychiatrie auprès des étudiants en médecine

Dès qu’on met les pieds dans les couloirs de la faculté de médecine, on est souvent amené à entendre divers clichés sur chaque spécialité médicale. La psychiatrie en fait partie, et détient un vaste folklore de préjugés qui est soigneusement transmis d’une génération à l’autre, parfois même en version « re-masterisée ».

Après une P1 compliquée, les jeunes étudiants en médecine, fébriles d’apprendre à sauver des vies, s’engagent souvent dans le cursus avec l’idée que la « psychiatrie n’est pas une spécialité prestigieuse », qu’elle est « prise par défaut par les derniers à l’ECN », ou même qu’elle «  n’est pas une spécialité médicale  », les psychiatres étant «  des psychologues à 80 € la consultation » qui « t’analysent ». Concernant les patients, l’idée classique est qu’ils sont « tous fous, violents et dangereux » et que pour vouloir traiter ce « type de patients » les psychiatres ont forcément des antécédents psychiatriques.

Le projet décrit dans les prochains paragraphes a vu le jour grâce à Dylan, jeune patient de 25 ans souffrant d’une schizophrénie paranoïde, et que j’ai été amenée à prendre en charge l’été dernier durant un stage de psychiatrie générale de secteur. En plus de sa pathologie psychiatrique, Dylan souffrait également d’une obésité importante et d’un probable syndrome d’apnée du sommeil pour lequel se posait la question d’un éventuel appareillage. «  Probable  », «  éventuel appareillage  »... en effet nous ne savons toujours pas puisque que le patient n’a pas pu bénéficier de la prescription de polysomnographie qui lui a été faite à cause de la peur de s’occuper d’un «  patient  psy’  » qui a envahi les soignants du laboratoire du sommeil où il a été transféré

Pourquoi est-ce que le fait de souffrir d’une pathologie psychiatrique ou d’avoir de simples antécédents de prise en charge dans un hôpital psychiatrique voudrait dire qu’on ne puisse pas bénéficier de soins au même titre que les patients «  non psy  »  ? Cette question nous a beaucoup préoccupés et la réponse que nous avons trouvée a été que les soignants n’avaient pas peur du patient «  psy  », mais de l’inconnu.

Si nous revenons aux jeunes étudiants en médecine fébriles d’apprendre à sauver des vies et suivons leur parcours, nous constatons que la plus grande majorité de ceux qui rentrent en P2 finit par devenir médecin clinicien. Etre médecin, notamment à l’hôpital, veut dire coordonner ou travailler en lien avec une équipe. Si la « tête de l’équipe » (dans ce système de soins pyramidal) connaît le patient « psy » et est à l’aise avec lui, le reste de son équipe sera rassurée et plus à l’aise pour le prendre en charge.

Malheureusement, malgré le fait que la psychiatrie soit une spécialité médicale transversale, tous les externes n’ont pas forcément accès à un stage en psychiatrie durant leur cursus. Or, apprendre la psychiatrie exclusivement dans les bouquins n’est pas suffisant, cette spécialité étant une spécialité médicale dans laquelle l’abord des patients est différent.

C’est à partir de cette réflexion qu’est née l’idée d’organiser une conférence non conventionnelle, ouverte à tous les étudiants en médecine et en pharmacie, pour parler de la « face cachée de la psychiatrie », celle que nous ne voyons pas dans les films ou dans les médias. Le point de départ pour cette année a été la discussion autour des clichés les plus véhiculés sur la psychiatrie.

Pour l’organisation de la soirée de destigmatisation auprès de nos collègues étudiants, nous avons monté un groupe de travail avec des internes en psychiatrie grenoblois. Grace à cette collaboration, nous avons pu illustrer en vidéo les clichés le plus répandus dans le monde médical autour de la psychiatrie, afin de s’en servir comme piste de réflexion et de débat durant la conférence qui a eu lieu le 20 mai 2016 à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Grenoble.

Plusieurs sujets ont pu être abordés  : différence entre les psychiatres et les psychologues, formation à la psychothérapie, modalités diverses de la pratique de la psychiatrie et surtout « les patients sont-ils dangereux » ? Notre présentation a ouvert la boite de Pandore, pleine de questions, des étudiants présents. Nous avons continué la discussion autour d’un buffet dinatoire, qui a permis, outre le fait de répondre à des questions supplémentaires et de parler de notre passion pour la psychiatrie, d’obtenir un feedback sur la conférence. Les retours positifs nous ont confortés dans notre hypothèse concernant la peur de « l’inconnu » planant autour de notre spécialité et nous ont encouragés à réitérer l’expérience l’année prochaine. Cela pourrait permettre à nos collègues d’être mieux informés concernant la pratique psychiatrique actuelle, d’éveiller en eux la curiosité et les déterminer à réaliser au moins un stage d’externe en psychiatrie, et surtout de moins appréhender «  les patients psy  ».

Nous ne pouvons que vous encourager, suite à notre expérience, à vous mettre en relation avec votre association locale et éventuellement avec l’AFFEP pour monter des journées similaires dans vos subdivisions respectives !

Les vidéos diffusées lors de cette conférence seront diffusées lors du forum AFFEP dans le cadre du Congrès CNIPSY à Rennes le 28 et le 29 octobre 2016.

Merci à l’AIPG et à l’AFFEP pour leur soutien dans ce projet de destigmatisation de la psychiatrie  !

Aida RADU SOVA, Mircea RADU
Internes à Grenoble

La soupe aux fous, une histoire de prévention

Chaque 1er Mai, Lille fête la soupe à Wazemmes, quartier multiculturel et populaire bien connu par chez nous ! C’est une journée conviviale où chacun peut venir profiter d’une ambiance festive, autour de concerts, de food-trucks, mais surtout de stands où l’on vient déguster gratuitement des soupes préparées par des habitants ou des associations, pour peut-être remporter la louche d’or !

L’ALI2P a décidé d’y tenir un stand pour la 1ère fois lors de cette 16e édition
Notre objectif était de sensibiliser à la santé mentale et de créer un espace d’échange autour des idées reçues afin de lutter contre la stigmatisation.
En effet, cette dernière restant un frein important à l’accès et à la qualité de nos prises en charge, la possibilité d’en discuter en amont pourrait permettre d’endiguer le développement de certains troubles, ou au moins leur gravité. En effet, cette dernière restant un frein important à l’accès et à la qualité de nos prises en charge, la possibilité d’en discuter en amont pourrait permettre d’endiguer le développement de certains troubles, ou au moins leur gravité.

C’est l’exemple de ce patient dépressif suite à une rupture, qui vient pour une crise suicidaire, dans un contexte d’éthylisme chronique, d’isolement social et de problèmes judiciaires. Quelle aurait été sa prise en charge et quels risques aurait-il pu éviter en ayant eu une meilleure connaissance de la santé mentale et du système de soins ?

Les rencontres entre les internes et le grand public étant des évènements relativement rares, l’ALI2P a eu à cœur de proposer aux internes cet exercice, qui, différent de notre pratique habituelle, pouvait contribuer à notre échelle à élargir notre formation et améliorer la qualité globale des soins.

Pour cela nous avons créé la « soupe aux fous » (recette tenue secrète par l’ALI2P, mais sans aucun psychotrope, promis), ainsi qu’une soupe de questions sous forme de « info ou intox ».

Par exemple : « Il suffit de se bouger pour sortir d’une dépression », « Les schizophrènes sont dangereux », « Parler du suicide à une personne perturbée lui donnera l’idée de passer à l’acte », « Les problèmes de santé mentale ne risquent pas de me concerner », « Je bois 2 pintes par jour, est-ce que c’est trop ? »…

Les thèmes abordés allaient donc du suicide aux addictions, en passant par les traitements et toutes les maladies mentales.

Enfin, nous avions installé une guirlande sur laquelle les passants proposaient sur un post-it une suite à la phrase : « Un fou c’est… ».

« Un penseur », « être différent des standards », « méchant », « mon ex », « celui qui se dit normal », « toi », … sont quelques-unes des réponses que nous avons eues !

 La journée et la soupe ont été un succès, couronné de soleil ! Le Nord c’est vraiment trop cool, pour ceux qui en doutaient encore !

Difficile de vous rapporter les nombreuses conversations qui se sont tenues entre les intervenants et le public. Ce qu’on peut vous dire c’est qu’il y avait la queue, que parfois 5 discussions se tenaient en parallèle, que les questions en cachaient d’autres, et que chacun a apprécié cette expérience.

Nous espérons que d’autres projets similaires pourront voir le jour, étant relativement faciles à organiser et riches du contact du grand public.

La prévention et la promotion de la santé mentale sont des axes encore trop peu développés, et faisant pleinement partie de notre spécialité

Merci et bravo à Bettina, Hélène, Marion, Caroline, Inès, Alice et Guillaume d’avoir fait vivre ce projet

N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations, pour récupérer notre support, et pour échanger afin d’enrichir nos actions mutuelles.
Un grand merci pour votre attention

Antoine COLLIEZ
pour l’ALI2P

DE L’AFFEP A L’AJPJA : Dans la continuité de 18 ans de travail associatif

La fin de l’internat était proche pour nous tous, anciens ou actuels membres du bureau de l’association nationale des internes de Psychiatrie, et se terminait avec lui l’aventure associative qui nous rassemblait tous, l’AFFEP (Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie). «  Et si nous inventions l’AFFEP pour les jeunes praticiens  ? » : c’est de cette réflexion qu’est née l’AJPJA, l’Association des Jeunes Psychiatres et des Jeunes Addictologues.

Un réseau de pairs pour enrichir nos pratiques
Nous sommes d’une génération d’internes qui a grandi au sein d’un réseau associatif puissant, construit et enrichi progressivement depuis 1998 grâce à la volonté des internes de psychiatrie et le soutien de nombreux partenaires. Au travers d’un maillage fédératif s’appuyant sur les associations locales d’internes et fort d’une représentativité nationale, l’AFFEP a notamment pour mission de promouvoir la qualité de la formation et le partage d’informations durant toute la durée de l’internat et dans toutes les villes universitaires de France. Passée la thèse, nous ne pouvions que constater l’absence de structure fédérative nationale comparable, coupant court à nos possibilités d’échanges et de partages d’expériences. La fin de l’internat est pourtant un moment charnière, où chacun s’inscrit dans un projet professionnel comprenant de nouveaux aspects de la pratique médicale. Le maintien d’un lien fort entre pairs nous semblait donc à tous primordial.

Quelques belles initiatives ont vu le jour ces dernières années, témoignant d’une demande forte des jeunes praticiens de se rassembler et/ou de questionner leur pratique : le Comité Jeunes Psychiatres (CJP) du Congrès Français de Psychiatrie (CFP), la Commission Jeunes du Congrès de Psychiatrie et de Neurologie en Langue Française (CPNLF), le groupe de travail de l’Association pour l’Enseignement de la Sémiologie Psychiatrique (AESP). Des initiatives locales également, dans le Nord et en Rhône-Alpes, où quelques jeunes praticiens se sont réunis pour poursuivre une aventure associative locale, faute de continuité nationale.

Il nous est donc apparu à la fois évident, nécessaire et surtout incroyablement stimulant de reproduire, sur le modèle de l’AFFEP, une association nationale de jeunes praticiens issus de tous les horizons (universitaires, libéraux, hospitaliers, médico-sociaux…) et appartenant à tous les courants de pensée.

Intégrer l’addictologie : pour décloisonner nos pratiques
Notre volonté de rassemblement et de décloisonnement nous a naturellement amené à nous poser la question de l’intégration de nos confrères addictologues, pour certains psychiatres, d’autres étant issus de spécialités aussi variées que la médecine générale, l’hépato-gastroentérologie, la pneumologie, la médecine du travail ou la santé publique. L’addictologie, jeune discipline, est reconnue comme une pratique transversale à laquelle chacune des spécialités qui y accède apporte un champ de compétences propre et indispensable. Elle comporte de nombreux points communs avec la psychiatrie, notamment par la fréquence de ses comorbidités mais aussi par son approche thérapeutique.

Il nous est alors apparu évident d’intégrer l’ensemble des jeunes praticiens addictologues à l’AJPJA et de le traduire explicitement dans le nom même de l’association. Cette union a été pensée la plus large possible, permettant à tout jeune médecin issu de toute spécialité et ayant obtenu le DESC (Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaires) ou la capacité d’addictologie, de participer activement à l’association. Nous croyons que ce rassemblement permettra un enrichissement mutuel de nos connaissances, aussi bien en termes de réseaux de soins, que de pratiques ou de thérapeutiques originales.

Un réseau associatif national pour fédérer
Dans la continuité du modèle associatif et fédérateur de l’association des internes, nous avons voulu reproduire le concept de référence régionale et de coordination nationale, afin de faciliter la communication à tous les niveaux  : inter-individuelle, inter-régionale et nationale. Dans cette perspective, les membres élus du Conseil d’Administration (CA) de l’association sont de jeunes praticiens psychiatres et/ou addictologues issus des grandes régions de métropole et d’Outre-Mer, et représentent les relais locaux de l’AJPJA.

L’intérêt de cette organisation réside principalement dans la fluidité et le dynamisme des échanges réciproques entre les adhérents et les membres du CA, ainsi qu’entre les adhérents eux-mêmes et les référents locaux qui ont une connaissance fine du réseau de leur région. Nous espérons que l’AJPJA favorisera les rencontres entre les jeunes praticiens d’une même région et stimulera ainsi la création d’associations locales de jeunes psychiatres et addictologues.

Une plateforme d’échanges de données  : une plus-value pédagogique
Tenant compte du développement exponentiel des nouvelles technologies, de la dynamique du libre accès à l’information et aux ressources informatisées partagées via les réseaux sociaux, nous avons le projet de créer, via le site internet de l’AJPJA, une plateforme nationale d’échange de données. Loin du principe d’information descendante, nous souhaitons que les membres de l’AJPJA puissent partager entre eux leurs travaux, leurs connaissances et leurs initiatives locales, quels que soient leurs domaines de compétence. Dans le but de changer de paradigme d’apprentissage, cette plateforme constituera un support d’auto-formation alimenté par les pairs, dans une perspective d’amélioration et d’enrichissement des ressources par les membres du réseau. Le contrôle de la validité de ce contenu représentera un travail colossal et régulier d’actualisation des données dont la supervision est aujourd’hui soutenue par les instances universitaires de psychiatrie et d’addictologie. Aussi, la découverte de travaux et/ou d’intérêts communs auprès de confrères sur un sujet donné, peut être le point de départ de la constitution de groupes de travail nationaux qui peuvent s’avérer particulièrement enrichissants pour la thématique traitée

L’AJPJA  : et maintenant ?
L’AJPJA est officiellement née le 28 janvier 2016 au cours de la première Assemblée Générale constitutive qui s’est tenue à Paris.

L’annonce de la création de l’AJPJA a suscité de nombreuses réactions bienveillantes de la part des jeunes praticiens et de nos ainés que nous remercions pour leurs encouragements, et est très chaleureusement accueillie par les différents partenaires que nous sollicitons.

De notre expérience associative commune, nous savons que les échanges seront d’autant plus riches et fluides, et le réseau d’autant plus efficient, que le maillage national sera étendu. Contrairement à l’AFFEP qui atteint cette année sa majorité, l’AJPJA fait actuellement ses premiers pas, et nous comptons sur tous les jeunes praticiens psychiatres et/ou addictologues pour permettre l’envol de l’association et de son réseau. Une fois suffisamment développé, il nous permettra de partager, d’échanger, de discuter de nos pratiques et de nos prises en charge, de construire des projets communs ou encore de partager nos interrogations sur notre métier.

Rendez-vous sur le site de l’association (www.ajpja.fr) pour adhérer et faire partie du réseau ! Vous y trouverez les dernières actualités, ainsi que les noms des chargés de mission dans chacune des régions. N’hésitez pas à vous manifester si vous souhaitez vous investir dans ce projet associatif tout juste naissant, toutes les bonnes volontés seront chaleureusement accueillies !

Pour toute question, suggestion ou bonne idée  : [email protected]
Pour le bureau de l’AJPJA,
Présidente  : Marine LARDINOIS
Vice-présidente : Déborah SEBBANE
Secrétaire  : Alexis LEPETIT
Trésorier  : Emanuel LOEB
Coordinateur addictologie : Aurélie BERGER-VERGIAT
Coordinateur national : Benjamin LAVIGNE
Responsable partenariat  : Sabine CHOPPIN
Responsable communication  : Gabrièle MUGNIER

Article paru dans la revue “Association Française Fédérative des Etudiants en Psychiatrie ” / AFFEP n°16

L'accès à cet article est GRATUIT, mais il est restreint aux membres RESEAU PRO SANTE

Publié le 1653487290000