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Publié le 05 Mar 2024 à 10:30
Article paru dans la revue « AJMER / AJMERAMA » / AJMERAMA N°4


Evénements parasportifs de 2023

Pour la préparation des jeux olympiques et paralympiques de 2024, nous vous proposons un retour sur les événements para-sportifs auxquels l’AJMER a pu participer durant l’année 2023.

Maxime BROHAN, responsable du pôle para-sport de l’AJMER, nous a fait un retour sur la création de ce pôle et sur le travail mené par l’AJMER depuis novembre 2022.

«  Le sport, la MPR et l’AJMER, ou devrais-je dire le parasport, la MPR et l’AJMER, est une idée née autour d’une bière (comme toutes les bonnes idées) et une réflexion commune avec Guillaume CHAMBINAUD. Nos services de réadaptation sont capables, pour nos patients, d’adapter leur domicile, d’effectuer une réinsertion professionnelle, d’améliorer leur quotidien mais nous avons plus de difficultés à les mettre à l’activité physique.

Les jeux paralympiques de PARIS 2024, les mondiaux de Para-athlétisme et autres manifestations sportives représentaient alors une formidable vitrine, une mise en lumière inespérée et une occasion de rencontre, de découverte mais également de sensibilisation des acteurs de la rééducation qui prendront en charge et accompagneront ces personnes en situation de handicap.

Fallait-il alors créer un engouement…

Le pôle PARA-SPORT de l’AJMER s’est donc dévoué à cette tâche ardue.

Notre aventure a commencé avec les mondiaux de para-athlétisme au stade CHARLETY. En effet, présents pour certains dans l’équipe médicale de cet événement, nous avons pu approcher de plus près les métiers présents sur le terrain (médecins du sport, kinésithérapeutes) et leur relations avec les para-athlètes. Nous avons également pu échanger avec Alexandra NOUCHET, para-athlète française, sur son parcours et son quotidien de sportive de haut niveau.

L’aventure a continué avec la participation de l’AJMER aux T(R)OUSS’AU SPORT nés de l’initiative du service de pédiatrie de l’hôpital Armand Trousseau afin de faire découvrir de manière ludique aux enfants en situation de handicap ou aux enfants valides le sport adapté. L’AJMER avait donc, pour l’occasion, créé un stand  proposant une mise en situation au handicap avec essai de prothèses et de fauteuils roulants. Activité qui a plu aux plus petits comme aux plus grands. Cet événement a permis la mise en avant de la MPR pédiatrique, indispensable dans l’accompagnement des enfants voulant commencer ou effectuer le poursuite du sport qui représente un facteur d’intégration sociale.

Les T(R)OUSS’AU SPORT ont été précédés d’une journée à l’ISPC de Garches de découverte  pour les internes.

Ces évènements para-sportifs ont été des occasions uniques de sensibilisation des médecins MPR, des personnes en situation de handicap et du grand public aux para-sports.

Le para-sport est un vecteur de rassemblement transgénérationnel au sein de notre spécialité. Alors participons, osons nous investir, et offrons un nouveau futur sportif à nos patients  !  ».

Retour sur les mondiaux de para-athlétisme au stade CHARLETY

Les championnats du monde de paraathlétisme se sont déroulés du 8 au 17 juillet 2023 au stade CHARLETY, à Paris. Cet événement sportif majeur a réuni de nombreux athlètes du monde entier dans le but d’être sélectionnés pour les Jeux Paralympiques.

L’AJMER s’y est donc rendu et nous avons eu la chance de pouvoir interviewer Alexandra NOUCHET, jeune para-athlète de 25 ans, qui représentait la France pour les 100 mètres et le lancer de poids. Lors de la finale du 100 mètres catégorie déficiences auditives et athlètes appareillés des membres inférieurs T63, Alexandra NOUCHET est arrivée 5ème et 8ème de sa catégorie en lancer de poids. Elle représentera la France aux Jeux paralympiques de 2024 dans ces deux catégories.

Merci à Thomas POUJOL, interne de MPR et membre de l’AJMER, pour cette interview que nous vous avons retranscrite.

Mondiaux de para-athlétisme, juillet 2023 Paris

Interview d’Alexandra NOUCHET

Alexandra, peux-tu te présenter ainsi que ta discipline  ?

Je m’appelle Alexandra NOUCHET et je pratique du para-sport car je suis née avec une agénésie congénitale du membre inférieur droit pour laquelle je suis appareillée. Je pratique actuellement du para-athlétisme et mes disciplines au stade CHARLETY étaient le 100 mètres et le lancer de poids.

Comment en es-tu arrivée à pratiquer du handisport et du para-athlétisme  ?

J’ai tout d’abord débuté très jeune la natation pour mon loisir puis j’ai été remarquée par un club de handisport de natation et j’ai alors intensifié ma pratique sportive. J’ai découvert par la suite le para-athlétisme en octobre 2020 et ce sport ne m’a plus quittée.

Comment se passe ton quotidien  ? As-tu une profession en parallèle de ton activité sportive de haut niveau  ?

Pour pouvoir pratiquer le sport à haut niveau, j’ai un contrat d’insertion professionnelle (CIP) auprès d’EDF qui me permet de réaliser mon double projet à savoir continuer ma pratique sportive à haut niveau mais aussi avoir un travail stable et une sécurité financière. Ma journée s’articule donc en deux parties : le matin je travaille et le reste de mon temps est consacré au sport et aux soins de kinésithérapie et d’adaptation de ma prothèse et de son emboiture.

Quelle est ta vision du handisport  ?

Quand j’ai débuté la natation, le handisport était peu connu et je ne savais pas par exemple quels étaient les clubs dédiés au handisport alors que ces derniers étaient déjà bien implantés mais manquaient de visibilité du fait d’une absence de communication. À présent, de nombreuses actions de sensibilisation au handisport sont mises en place ce qui permet au grand public de mieux comprendre ce qu’est le handisport. Cela peut permettre aussi aux personnes en situation de handicap ne connaissant pas le handisport de le découvrir et pourquoi pas, par la suite, de le pratiquer. Différents médias comme l’Equipe et France Télévision ainsi que les réseaux sociaux participent beaucoup à la mise en avant du handisport notamment pour les championnats du monde. Cette évolution me fait extrêmement plaisir.

Quel a été l’apport du handisport dans ta vie ?

Dans le handisport, mon handicap est perçu comme une force contrairement à la vie quotidienne. J’avais du mal à accepter mon handicap plus jeune et je me sentais différente du fait parfois de certains regards insistants. Aujourd’hui mon handicap est une fierté et je ne me soucie plus du regard des autres ce qui me permet de courir avec ma lame et en short.

Alexandra NOUCHET avec l’AJMER (de gauche à droite Thomas POUJOL,
Maxime BROHAN, Camille NOËL et Thomas PERRIN)

Retour sur les T(R)OUSS’AU SPORT

Le Dr Valentine GILQUIN, chef de clinique à POITIERS et membre de l’AJMER, vous propose un retour sur les T(R)OUSS’AU SPORT auxquels elle a pu participer.

« Les 29 et 30 septembre derniers, au sein de l’hôpital Armand-Trousseau à Paris, a eu lieu la 2e édition de l’évènement T(R)OUSS’AU SPORT. Impulsée par le service de MPR pédiatrique, et notamment par le Dr Pauline LALLEMANT-DUDEK, cette fête inclusive et sportive a permis à de nombreux enfants, valides ou en situation de handicap, de s’initier à différents sports et de rencontrer des athlètes de haut niveau.

Un partenariat avec les écoles primaires du quartier était organisé la journée du vendredi 29 septembre. Par groupe de 15 à 20, ils ont pu découvrir une douzaine de sports, comme le basket fauteuil, la boxe adaptée, le judo ou encore le volley assis. La journée du samedi était ouverte au grand public et aux enfants hospitalisés ou suivis dans l’hôpital.

L’édition était cette année parrainée par Sofyane MEHIAOUI, meneur de l’équipe de France de basket-fauteuil, et Thaïs LARCHÉ, membre de l’équipe de France de boxe anglaise. Avec une dizaine d’autres sportifs de haut niveau, issus de différentes disciplines, ils ont proposé des animations tout au long de ces deux jours.

L’AJMER était aussi présente pour cette édition, et a remporté un franc succès avec un stand proposant aux enfants d’essayer des prothèses de membres inférieurs et des parcours en fauteuil roulant.

À un an des Jeux Paralympiques, ces journées ont permis aux enfants de se familiariser avec le handicap et de découvrir, de façon ludique et dans la bonne humeur, d’autres façons de pratiquer du sport  !  »

Pour bien finir cet article, voici quelques mots du Dr Pauline LALLEMANT-DUDEK, chef de service de MPR pédiatrique à l’hôpital Armand Trousseau  :

«  Les T(r)ouss’au Sport sont nés de la volonté de tout le service de MPR pédiatrique de l’hôpital Armand Trousseau de faire découvrir les sports adaptés à nos patients. À travers ces sports, nous avons fait en sorte que des enfants valides et en situation de handicap puissent pratiquer des activités ensemble. Fort du succès de la 1ère édition, il s’agit maintenant d’un événement annuel. De nombreux bénévoles et partenaires sont nécessaires pour réussir à accueillir plus de 400 enfants sur 2 jours au sein de l’hôpital. L’édition 2024 est déjà en cours de préparation…  ».

Nous vous attendons nombreux pour les jeux paralympiques qui se dérouleront du 28 août au 8 septembre 2024  !

Je remercie le Dr Pauline LALLEMENT-DUDEK, le Dr Valentine GILQUIN, Alexandra NOUCHET, le Dr Benoit LADRETTE,  Maxime BROHAN, Thomas POUJOL et Thomas PERRIN pour leur participation à cet article.

Dr Camille NOËL

Stimulation électrique épidurale et interface cerveau-moelle épinière

En mai 2023, l’équipe du Pr Grégoire Courtine, neuroscientifique, et du Pr Jocelyne Bloch, neurochirurgien, ont franchi une nouvelle étape dans leur projet de faire marcher de nouveau les blessés médullaires. Vous avez très certainement entendu parler de cette équipe suisse de Lausanne, Neurorestore, travaillant depuis maintenant une quinzaine d'années sur cette thématique.

Nous les avions contactés pour leur poser quelques questions pour l’AJMERAMA mais malheureusement… ils n’ont pu se rendre disponibles. Par conséquent, nous nous limiterons à une approche sommaire de cette avancée qui paraît ouvrir des perspectives non négligeables.

Cette équipe suisse a tout d’abord effectué ses études précliniques sur le rat et le primate1. En 2016 au Centre Hospitalo-Universitaire (CHUV) de Lausanne, a eu lieu la première implantation d’un stimulateur par le Pr Bloch et son équipe au niveau de la moelle épinière. Ce stimulateur permet un contrôle volontaire de la marche à l’aide d'un générateur d'impulsions doté de capacités de déclenchement en temps réel et délivrant des trains de stimulations sélectives au niveau de la moelle lombo-sacrée avec un timing qui coïncide avec le mouvement voulu2. Cette stimulation électrique épidurale (SEE) nécessite en effet que le patient appuie sur un bouton pour envoyer un signal électrique et alors permettre le mouvement. En l'espace d'une semaine, cette stimulation spatio-temporelle aurait permis de rétablir le contrôle adaptatif des muscles paralysés pendant la marche et les performances locomotrices se seraient améliorées au cours de la rééducation. Après quelques mois, les participants auraient retrouvé le contrôle volontaire des muscles précédemment paralysés sans stimulation électrique. Par la suite, huit autres patients ont pu être implantés. Apparemment, plus l’implantation serait précoce, plus la reprise d’une motricité serait importante. Cependant il resterait difficile de faire la part des choses entre les effets du stimulateur et la récupération naturelle du patient. Par conséquent, les patients implantés ont tous des lésions fixées.

Une avancé a eu lieu cette année  : la création et l’implantation d’une «  interface cerveau-moelle épinière  » ou «  brain–spine interface (BSI)  »3. Cette interface est constituée de systèmes d’enregistrement et de stimulation entièrement implantés qui établissent un lien direct entre les signaux corticaux et la modulation analogique de la stimulation électrique épidurale ciblant les régions de la moelle épinière impliquées dans la production de la marche. Gert-Jan Oskam est le premier patient implanté avec ce stimulateur cérébral mesurant 5 cm de diamètre et créant un pont numérique avec la moelle et le stimulateur déjà présent au niveau de la moelle. Cette interface permet de gagner en fluidité du mouvement de la marche et permet au patient de se déplacer lentement avec des béquilles. Ce pont numérique a donc pour but de restaurer le contrôle naturel du mouvement de la marche après une lésion médullaire.

Ce dispositif semble prometteur et nécessite de nombreuses adaptations pour rendre la marche des patients blessés médullaires de plus en plus fluide sans aide technique et permettre aux patients de réaliser les mêmes mouvements qu’en fauteuil roulant. Il reste cependant important que les patients blessés médullaires puissent faire le deuil de la marche pour mieux se concentrer sur leur réadaptation et projet de vie future. Pour cela, ils ne doivent pas placer trop d’espoir en ce protocole de recherche qui n’est, pour le moment, pas accessible au plus grand public. Affaire à suivre...

Références

  • Capogrosso M, Milekovic T, Borton D, Wagner F, Moraud EM, Mignardot JB, et al. A brain-spine interface alleviating gait defi cits after spinal cord injury in primates. Nature. 10 nov 2016;539(7628):284-8.
  • Wagner FB, Mignardot JB, Le Goff-Mignardot CG, Demesmaeker R, Komi S, Capogrosso M, et al. Targeted neurotechnology restores walking in humans with spinal cord injury. Nature. nov 2018;563(7729):65-71.
  • Lorach H, Galvez A, Spagnolo V, Martel F, Karakas S, Intering N, et al. Walking naturally after spinal cord injury using a brain–spine interface. Nature. 2023;618(7963):126-33.
  • Dr Camille NOËL

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    Publié le 1709631004000